Une molécule susceptible d'agir contre les métastases, par le biais d'un nouveau mécanisme, vient d'être identifiée par des chercheurs, mais il faudra encore plusieurs années avant d'espérer passer aux premiers tests cliniques, précisent-ils.

D'après ces chercheurs, dont les travaux sur des souris viennent d'être mis en ligne par la revue spécialisée américaine, Cancer Research, le mécanisme d'action de cette molécule, qui est nouveau, permettrait de cibler non seulement la multiplication des cellules tumorales, mais également leur mobilité et pourrait ainsi empêcher la formation de métastases.

Cette nouvelle molécule, appelée «Liminib (ou Pyr1)» est un inhibiteur d'une enzyme, la «LIM Kinase (LIMK)» que l'on trouve en excès dans certaines tumeurs cancéreuses (des «carcinomes») envahissantes.

«Si tout va bien, il faudra encore quatre ou cinq ans avant de pouvoir démarrer les premières études clinique chez l'Homme», précise à l'AFP Laurence Lafanechère (CNRS), co-auteur de ces travaux.

Un brevet couvrant cette recherche a été pris par les trois partenaires CEA, CNRS et Institut Curie, indique-t-elle.

L'enzyme coordonne à la fois le système de multiplication des cellules et leur mobilité par le biais de certaines structures (respectivement des microtubules et des filaments d'actine), résume la chercheuse.

Ce résultat est issu d'une dizaine d'années de travail pour le groupe de biologistes et de chimistes du CNRS, du CEA, de l'Institut Curie et de l'Inserm, en collaboration avec des scientifiques australiens et anglais, selon la chercheuse .

Pour y parvenir, les chercheurs ont utilisé une plate-forme de «criblage à haut débit robotisée» qui a permis de repérer cette molécule, provenant à l'origine de Curie, parmi les quelque 30 000 molécules de la chimiothèque nationale française.

Des tests on été réalisés avec succès sur des rongeurs atteints de leucémie.

Mais les études pré-cliniques sur l'animal doivent être poursuivies avant de pouvoir envisager des applications sur l'humain, en particulier pour s'assurer que cette molécule n'a pas des effets nocifs outrepassant l'efficacité observée lors des premières expériences animales, ajoute la chercheuse.

Selon ces travaux, Liminib est toxique pour plusieurs lignées de cellules cancéreuses in vitro, y compris sur des lignées résistantes aux chimiothérapies.