Loin d'être sans solution, la situation dans les urgences du Québec s'améliore lentement. De nouvelles stratégies ont permis d'augmenter l'efficacité des interventions aux urgences et de mieux diriger les patients vers les ressources les plus adaptées à leurs problèmes de santé spécifiques.

Grâce à des mesures ciblées, une poignée d'hôpitaux sont parvenus à améliorer leur performance en diminuant considérablement les séjours de 48 heures et plus aux urgences au cours de la dernière année. Les administrateurs de ces établissements partagent leurs recettes qui fonctionnent.

Les urgences qui se sont le plus améliorées sont celles de l'hôpital de La Malbaie, qui a vu sa note passer de D à A-. La durée moyenne des séjours aux urgences a chuté de 10 heures au cours de la dernière année, pour se fixer légèrement sous la cible ministérielle de 12 heures.

L'une des stratégies préconisées par le ministre de la Santé pour désengorger les urgences est de rediriger plus rapidement les patients qui occupent les civières des urgences durant des périodes de 48 heures et plus. Il s'agit souvent de personnes âgées qui devraient être hébergées dans d'autres types de ressources, comme des CHSLD ou des ressources intermédiaires (RI). Il s'agit d'un indicateur très suivi par les gestionnaires des urgences.

Des mesures efficaces

À l'hôpital de La Malbaie, le pourcentage de patients qui attend deux jours et plus est passé de 11,1% à un maigre 0,7%. Le petit hôpital qui compte neuf civières aux urgences a réussi cet exploit en implantant trois mesures au cours de la dernière année, explique Robin Roy, directeur des soins et services clientèle. «Les infirmières préparent la sortie des patients dès le début de leur hospitalisation et organisent en avance les soins à domicile, ce qui permet au médecin de signer le congé plus rapidement et de libérer les lits à l'étage pour accélérer l'arrivée des patients des urgences», explique-t-il. Il ajoute qu'un comité se réunit chaque semaine pour discuter des places en hébergement à long terme qui se libèrent et que les horaires des laboratoires et de la radiologie ont été modifiés pour leur permettre de fonctionner quatre heures de plus. Cela permet au patient de ne pas rester «bloqué» aux urgences dans l'attente de résultats.

Un effort collectif

Malgré une hausse de 3000 visites aux urgences, l'hôpital du Haut-Richelieu est parvenu à améliorer sa note de D" à B. Avec 12h48 d'attente moyenne sur une civière aux urgences, l'hôpital atteint presque la cible ministérielle, et ce, même si ces urgences sont au deuxième rang des plus fréquentées de la Montérégie. Le nombre de séjours de 48heures ou plus sur une civière des urgences a aussi chuté, de 11,7% à 5%.

Afin d'augmenter le roulement, un comité se réunit six jours sur sept, deux fois par jour. Même le personnel d'entretien y participe afin de permettre de nettoyer les chambres plus rapidement pour permettre le transfert rapide de patients des urgences vers les chambres. Les infirmières au triage redirigent également les cas qui ne devraient pas être traités aux urgences vers des cliniques affiliées à l'hôpital. Davantage de places en CHSLD et en RI ont par ailleurs été ouvertes. Nicole Collette, directrice générale adjointe aux affaires cliniques, explique que les urgences ne fonctionnent pas en vase clos et qu'il est primordial d'assurer les soins du patient en continuum, de son entrée à la sortie de l'hôpital.

L'hôpital de Saint-Eustache est parvenu à améliorer sa note de D- à D. Dans les faits, les urgences ont reçu 4000 visites de plus l'an dernier et deux à trois ambulances de plus par jour. Malgré cela, la durée moyenne d'attente a diminué d'un peu plus de 27 heures, à 21h54. Le pourcentage des séjours de 48 heures et plus a chuté de 20,6% à 10,5%. Cette amélioration a été engendrée par l'arrivée de 30 nouveaux médecins l'an dernier. Neuf civières ont par ailleurs été ajoutées.

Le centre hospitalier Pierre-Le Gardeur, dans Lanaudière, a obtenu la note globale de D au palmarès, la même que l'an dernier. Il est toutefois parvenu à faire passer la durée moyenne des séjours aux urgences d'un peu plus de 30 heures à 24h54. Le pourcentage de la clientèle qui séjourne 48 heures ou plus est passé de 23% à 12,5%. Le directeur des progrès de santé physique explique que le fait que le nombre de médecins est passé de 12 à 28 a beaucoup aidé la situation. Une unité d'évaluation rapide a aussi été mise sur pied. Il ajoute toutefois que l'ajout de 155 lits de courte durée est un incontournable pour atteindre la cible ministérielle, vu la croissance démographique importante dans la région.