Le Ritalin et d'autres médicaments similaires prescrits à des millions d'enfants et adolescents américains pour réduire l'hyperactivité et renforcer l'attention n'augmentent pas le risque de graves problèmes cardiaques, selon l'étude la plus vaste jamais menée sur le sujet, publiée mardi sur le site Web du New England Journal of Medicine. Les résultats d'observations sur les adultes devraient être bientôt connus également.

L'étude a montré que les crises cardiaques, accidents vasculaires cérébraux (AVC) et morts subites étaient très rares et pas plus fréquents chez les enfants sous traitement que chez les autres. C'est valable même pour les enfants et jeunes adultes présentant un risque plus élevé de souffrir de problèmes cardiaques, une catégorie pour laquelle les médecins s'inquiètent depuis longtemps des effets des médicaments contre les troubles déficitaires de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).

«Cette étude suggère que le risque est remarquablement faible. C'est une bonne nouvelle», commente son principal auteur, le docteur William Cooper, professeur en pédiatrie et médecine préventive à l'université Vanderbilt de Nashville (Tennessee).

«Les parents devraient être vraiment rassurés», estime la docteur Laurel Leslie, pédiatre au centre médical Tufts de Boston, qui n'a pas participé à ces travaux, mais a siégé à la commission consultative d'examen des traitements contre les TDAH de l'Agence fédérale de l'alimentation et du médicament (Food and Drug Administration, FDA).

L'étude a été financée par l'Agence fédérale pour la recherche et la qualité des soins de santé (Agency for Healthcare Research and Quality) et la FDA.

Plus de cinq millions d'enfants américains se sont vu diagnostiquer un TDAH qui se traduit par des problèmes de concentration et d'impulsivité. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, des stimulants comme le Ritalin peuvent les aider et environ 2,7 millions d'entre eux en prennent chaque année aux États-Unis. Le traitement coûte entre 40 et 100 $ US par mois.

Cependant, des signalements isolés de crises cardiaques et AVC chez des enfants sous traitement ont suscité des inquiétudes, amenant notamment le gouvernement canadien à réduire l'usage de l'un de ces psychotropes en 2006. La FDA a pour sa part ajouté un avertissement sur certains médicaments anti-TDAH et, en 2008, l'Association américaine de cardiologie avait jugé raisonnable, dans un avis controversé, de faire passer un électrocardiogramme aux enfants avant de leur prescrire ces médicaments.

«Ces médicaments déclenchent tellement de passions», concernant notamment leur surutilisation chez des enfants à qui une thérapie comportementale pourrait suffire, «que les questions de sûreté potentielle ont ajouté un nouveau sujet d'inquiétude», constate le docteur Cooper, dont les travaux devaient répondre au moins à cet aspect du débat.

Les chercheurs ont utilisé les données médicales tirées de quatre grands programmes de santé portant sur plus de 1,2 million de personnes âgées de 2 à 24 ans et ont trouvé 81 cas de graves problèmes cardiaques de 1998 à 2005. Plus de la moitié des enfants et jeunes adultes traités pour un TDAH prenaient du Ritalin - nom générique: méthylphénidate, MPH - et là non plus le risque n'était pas accru.

«Apparemment il n'y a pas de risque accru d'événement cardiovasculaire chez les enfants traités contre le TDAH», constate le docteur Gordon Tomaselli, cardiologue et président de l'Association américaine de cardiologie. Pour lui, «la question que les parents devraient se poser est: mon enfant a-t-il vraiment besoin de cela?».

Les docteurs Cooper et Leslie cités plus haut défendent quant à eux les traitements antihyperactivité, en particulier couplés à une surveillance médicale sérieuse et une thérapie comportementale. «Je m'occupe tout le temps d'enfants qui sont aidés par ces médicaments», souligne le docteur Cooper.

La porte-parole de la FDA, Sandy Walsh, a déclaré que les stimulants «ne devraient en général pas être prescrits à des patients présentant de graves problèmes cardiaques ou pour qui une augmentation de la pression sanguine ou du rythme cardiaque serait problématique». Elle conseille aussi de surveiller tout changement du rythme cardiaque ou de la pression artérielle chez les patients sous traitement anti-TDAH.