Votre coiffeur connaît vos états d'âme et vos mèches rebelles. Il manie les ciseaux et le peigne comme pas un. Mais saviez-vous qu'il pourrait aussi dépister des cancers? Selon un rapport publié cette semaine dans la revue Archives of Dermatology, les coiffeurs sont déjà nombreux à scruter la peau du visage, du cou et du cuir chevelu de leurs clients à la recherche d'anomalies.

Des chercheurs de la Harvard School of Public Health ont réalisé un sondage auprès de 200 coiffeurs de la région de Houston. Selon leurs résultats, 37% des coiffeurs interrogés ont déjà inspecté le crâne de plus de la moitié de leurs clients à la recherche de grains de beauté ou de lésions. Plus du quart (28,8%) des coiffeurs ont inspecté le cou de plus de 50% de leurs clients et 15,3% ont fait de même pour le visage de plus 50% de leurs clients.

Lorsqu'ils détectent un grain de beauté suspect, plus de la moitié (58%) des coiffeurs suggèrent de consulter un professionnel de la santé. Les coiffeurs prodiguent des conseils au meilleur de leurs connaissances, sans formation particulière sur le cancer de la peau.

«L'étude montre que les coiffeurs sont couramment appelés à jouer les conseillers médicaux amateurs et qu'ils sont ouverts à participer davantage à l'éducation sur le cancer de la peau dans les salons de coiffure», écrivent les auteurs. Ces derniers suggèrent d'étudier l'impact d'une formation poussée et la mise en place de supports de communication qui feraient des coiffeurs des conseillers assurés.

«Les cas de mélanome, le cancer le plus meurtrier, ont plus que doublé au Canada depuis 1990», indique-t-on à la Société canadienne du cancer. Le cancer de la peau est le cancer le plus courant au Canada. En 2011, on signale 80 000 nouveaux cas, dont plus de 20 000 au Québec. Toutes les sept minutes, un Canadien reçoit un diagnostic du cancer de la peau. Toutes les sept heures, un Canadien en meurt.

«La formation de coiffeurs pourrait être bénéfique, indique André Beaulieu, porte-parole de la Société canadienne du cancer, mais nous misons davantage sur la réglementation des salons de bronzage et l'encadrement de la formation de gens qui travaillent dans ces salons.» Selon M. Beaulieu, la priorité demeure la formation des médecins généralistes, dont certains ont peu de connaissances sur le cancer de la peau, et des infirmières. «Avant de former des coiffeurs, il y a beaucoup de travail à faire. Il faut éduquer la population et convaincre des dangers des rayons ultraviolets.»