Une plante hallucinogène en vente libre dans plusieurs commerces de Montréal risque bientôt d'être déclarée illégale. Santé Canada vient de proposer d'ajouter la Salvia divinorum - également connue sous les noms de «menthe magique» et «sauge divinatoire» - à la liste des substances contrôlées en vertu de la Loi sur les drogues et autres substances.

La Salvia est une espèce de sauge qui pousse au Mexique. Ses feuilles sont généralement fumées pour provoquer un effet psychotrope qui dure de 5 à 10 minutes. Selon Santé Canada, ses effets psychoactifs s'apparenteraient à ceux du LSD.

Même si cette drogue est importée au Québec depuis un peu moins de 10 ans, le gouvernement n'a jamais légiféré son usage. Hier, le ministre Christian Paradis a annoncé, au nom de la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, que le gouvernement avait l'intention de rendre illégaux la possession, le trafic et la culture de la Salvia dans le but de «protéger les familles» canadiennes.

«Alors qu'une incertitude subsiste quant aux risques pour la santé découlant de la consommation de la Salvia divinorum, les effets de cette consommation sont connus pour être brefs et comprennent des hallucinations, une dysphorie, des expériences extracorporelles, l'inconscience et une perte de mémoire à court terme», peut-on lire dans l'avis officiel publié par le gouvernement. «Les effets, qui varient d'une personne à l'autre, sont également souvent décrits comme déplaisants», ajoute la note.

Selon l'Enquête de surveillance canadienne de la consommation d'alcool et de drogues, 7,3% des Canadiens de 15 à 24 ans auraient consommé de la Salvia au moins une fois dans leur vie.

À la boutique Utopia, située rue Duluth à Montréal et qui vend de la Salvia depuis plusieurs années, on s'interrogeait hier sur les motivations derrière cette décision gouvernementale. «Le premier ministre Harper se cherche des votes auprès des groupes de mamans de droite, a affirmé Alexandre Turmel, responsable de la boutique. Je ne suis pas en faveur de rendre la Salvia criminelle, mais je ne crois pas pour autant que l'on devrait demeurer dans cette zone grise. Si le gouvernement veut réellement protéger les enfants, il doit imposer des normes de qualité et imposer une limite d'âge de 18 ans et plus.»

Ce dernier appuie ses propos en affirmant que, contrairement à d'autres drogues, aucun cas de psychose n'a été documenté à la suite de la consommation de Salvia. «Tout ce que l'on fait avec ce règlement, c'est donner une source de revenus supplémentaire au crime organisé.»

Selon le gouvernement du Canada, le processus visant à réglementer l'usage de la Salvia devrait prendre de 18 à 24 mois. Les citoyens qui souhaitent partager leur point de vue avant le processus de rédaction règlementaire ont un peu plus de trois semaines pour le faire auprès de la Division de la politique réglementaire du Bureau des substances contrôlées du Canada.