En ce mois de la sensibilisation aux troubles d'apprentissage qui s'achève, nous avons rencontré l'Association québécoise des troubles d'apprentissage. L'AQETA existe sur le terrain depuis près de 45 ans, apportant du soutien aux parents et enfants ainsi qu'aux divers intervenants du milieu de la santé, de l'éducation et du travail.

L'Association québécoise des troubles d'apprentissage (AQETA) a été fondée il y a 45 ans par des parents soucieux de se réunir pour mieux comprendre comment aider leurs enfants aux prises avec des troubles d'apprentissage et pour leur donner «le droit d'apprendre». Parmi les réalisations de l'association, elle organise un congrès qui réunit chaque année près de 2000 participants à travers le Québec, mais aussi au pays et à l'étranger, qui viennent partager leurs expertises.

«En trois jours, nous offrons plus de 80 conférences, uniquement sur le sujet des troubles d'apprentissage (TA), auxquelles assistent autant des enseignants réguliers, orthopédagogues, orthophonistes, membres de directions d'école, psychologues... Ces gens peuvent ensuite rapporter ces savoirs dans leur milieu et être des agents multiplicateurs», explique Lise Bibaud, la directrice générale de l'Association.

En plus de ce congrès, l'AQETA est aussi présente à la grandeur du territoire, avec 16 bureaux régionaux qui donnent des services directs à la clientèle. L'Association va même plus loin en offrant un numéro sans frais (1 877 847-1324) où parents et autres intervenants peuvent obtenir des informations, en plus d'organiser des conférences, des ateliers et des groupes d'entraide.

Un exemple inspirant

Les statistiques montrent que 35% des élèves en TA abandonnent leurs études secondaires. Dans ce contexte, l'exemple d'Alexandre Lambert est inspirant. Le jeune homme de 30 ans est une preuve vivante qu'avec beaucoup d'efforts et des mesures d'adaptation, des études supérieures sont possibles pour les jeunes ayant un TA. Alexandre termine présentement son doctorat en aménagement et en géographie, et ce, même s'il vit avec la dyslexie et la dysorthographie. Il a réussi, graduellement et avec l'aide d'une orthopédagogue qu'il voyait une fois par semaine en dehors du réseau scolaire, à combler ses lacunes en lecture. «Je ne lis pas très rapidement, mais j'ai un niveau de lecture moyen. C'est plutôt en orthographe que c'est plus difficile. De façon générale, j'écris au son, plus qu'en fonction de ma mémoire qui est déficiente à ce chapitre-là.» Pour s'aider, il utilise les outils informatiques de correction automatique et s'est construit un bon réseau de correcteurs qui vérifient ses textes.

Pour l'étudiant, le plus gros défi lorsqu'il était plus jeune a été de «rester avec ses amis, avec les autres». La négociation de mesures spéciales pour ses examens de passage a causé aussi beaucoup de maux de tête à ses parents à l'époque: «Tout est très normé au primaire et au secondaire; mes parents ont dû à l'époque se rendre jusqu'au sous-ministre pour discuter de mes évaluations de fin de secondaire!»

Cependant, les choses ont changé dernièrement. «Il y a désormais une ouverture du ministère de l'Éducation pour accepter des adaptations particulières aux examens pour les enfants avec de TA, affirme Mme Bibaud. Elles sont déterminées à l'aide d'un plan d'intervention qui reconnaît le trouble d'apprentissage et qui spécifie quels sont les outils spécifiques que l'enfant utilise pour s'adapter. Le Ministère reconnaît donc que la réussite peut s'exprimer de façons différentes.»

Les travailleurs de demain

En définitive, même si tout n'est pas parfait, les choses ont beaucoup changé depuis 45 ans, constate Mme Bibaud, qui croit qu'aujourd'hui, avoir un TA «n'est plus une sentence». «Plusieurs adultes apprennent à vivre avec leur TA et sont fonctionnels à l'intérieur de la société», ajoute Mme Lafrance.

Dans le contexte où le manque de main-d'oeuvre est un fait avéré de par le départ à la retraite des baby-boomers, il est d'autant plus primordial de donner les moyens aux individus aux prises avec un TA de s'intégrer à la société de demain. «C'est une problématique de société; si on arrive à mieux intervenir auprès des jeunes, on les rend non seulement fonctionnels à l'école, mais aussi dans la société. Ce sont eux qui vont faire rouler l'économie. Si on n'arrive pas à les former, qui prendra la relève?», conclut Mme Bibaud.

Description des troubles

 

Dysphasie

 

> Une atteinte neurologique qui empêche l'enfant de communiquer verbalement

 

> Des limitations au niveau de la compréhension et l'expression du langage

 

> Il ne peut exprimer une idée clairement et de façon complète ou bien comprendre le message qu'on lui dit

 

> Il a de la difficulté à trouver le mot de vocabulaire précis, comprendre le sens figuré des mots

 

Dyslexie et dysorthographie

 

> Un trouble du langage écrit affectant l'identification des mots dans la lecture et ayant des répercussions sur l'orthographe

 

> Des limitations aussi sur l'attention, la mémoire, la notion de temps et de séquence

 

> Il a de la difficulté à reconnaître le son des lettres qu'il voit et à dissocier les lettres qui se ressemblent

 

> Il a de la difficulté à reconnaître instantanément des mots qu'il a vus très souvent, comme "papa", et à maîtriser les règles d'orthographe

 

Dyscalculie

 

> Un trouble d'apprentissage et de compréhension des mathématiques et une confusion dans la compréhension des symboles mathématiques

 

> Ce trouble est rarement isolé et accompagne d'autres troubles

 

> Il a de la difficulté à comprendre la valeur de 30 et faire la différence ente 30, 300 et 3000

 

> Il a de la difficulté à résoudre un problème écrit et à effectuer des opérations arithmétiques

 

Dyspraxie

 

> Un trouble de la coordination et de la motricité

 

> Des limitations à exécuter des mouvements de manière automatique et à contrôler volontairement chacun de ses gestes

 

> Il peut sembler maladroit, très lent et brouillon

 

> Il a de la difficulté à s'habiller seul, à attraper un ballon, à utiliser la motricité fine dans le bricolage ou se tenir sur un vélo

 

TDA/H (Trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité)

 

> Un trouble neurologique qui rend très difficile de se concentrer, d'être attentif sur une période prolongée et de compléter les tâches à faire

 

> Des limitations parfois seulement à sélectionner un sujet et à maintenir son attention à ce sujet ou parfois aussi à rester en place

 

> Il a de la difficulté à ne pas être ailleurs dans ses pensées, à ne pas se laisser distraire par autre chose

 

> Il a de la difficulté à être calme et non constamment agité et à contrôler son impulsivité