Deux nouvelles études viennent semer le doute sur l'impact du dépistage du cancer du sein et de la prostate. Dans le cas du cancer de la prostate, il pourrait être inutile alors que pour le cancer du sein, le nombre de vies sauvées pourrait être moins important que prévu.

Ces études s'ajoutent à plusieurs années de controverse qui ont vu l'apparition d'un nouveau concept: la «surveillance active» des cancers. Surtout utilisée pour le cancer de la prostate, cette approche impose des contrôles rapprochés pour éviter de faire des opérations inutiles. Le dépistage précoce des cancers du sein et de la prostate multiplie en effet le nombre de cancers très peu avancés qui sont détectés, mais a beaucoup moins d'impact sur la mortalité.

Le site Medical News a récemment décrit un projet pilote de surveillance active pour un type de cancer du sein appelé carcinome intraductal, à l'Université de Californie à San Francisco. Les chercheurs cités ont expliqué que la surveillance active était moins avancée pour le cancer du sein que pour celui de la prostate parce qu'il n'existait pas encore de bonne molécule à surveiller pour quantifier l'évolution d'un cancer du sein, mais aussi parce que les conséquences pour les hommes d'une opération pour le cancer de la prostate -impuissance et incontinence- sont plus graves que celles pour les femmes d'une intervention pour le cancer du sein - ablation d'une portion d'un sein ou mastectomie complète.

«Pour le cancer du sein, on ne parle presque pas de surveillance active», explique Sarkis Meterissian, oncologue au Centre universitaire de santé McGill, après avoir consulté l'article de Medical News et la récente étude sur la mammographie. «Je pense que c'est trop tôt pour essayer ça.»

Pour ce qui est du cancer de la prostate, la nouvelle méta-analyse, publiée dans le British Medical Journal, a regroupé les résultats de six études et conclu que les tests sanguins mesurant l'antigène spécifique de la prostate (ASP) augmentaient le nombre de diagnostics précoces, mais ne diminuaient pas la mortalité. «Une foule de facteurs peuvent augmenter le taux d'ASP», explique en entrevue l'auteur de la méta-analyse, Philipp Dahm de l'Université de Floride. «Je pense qu'à moins d'un historique familial de cancer de la prostate, il vaut mieux faire une surveillance active avec des vérifications trimestrielles de l'ASP et des biopsies régulières pour voir si le taux continue à augmenter.»

Qu'en est-il du toucher rectal? L'an dernier, le créateur du test d'ASP, Richard Ablin de l'Université de l'Arizona, a publié un essai dans The New York Times pour décrier l'utilisation diagnostique du test. Interrogé par La Presse, le Dr Ablin a indiqué que le toucher rectal crée moins de faux résultats positifs que le test d'ASP, mais toujours trop.