La lutte contre le cancer du sein, deuxième plus fréquent au monde après celui du poumon et numéro un chez la femme, continue à progresser mais connaît aussi quelques revers, selon des recherches présentées ce week-end à la plus grande conférence sur le cancer.

L'avancée la plus intéressante a porté sur les formes avancées du cancer du sein contre lesquelles les patientes n'ont pas à ce jour d'option de traitement une fois les thérapies standard épuisées.

Un agent dérivé d'une éponge de mer permet désormais de prolonger la vie de ces malades.

Ce composant synthétique, appelé Eribulin mesylate, imite celui trouvé naturellement dans les éponges et empêche la division cellulaire conduisant à l'autodestruction des cellules cancéreuses.

Cet essai clinique est le premier à comparer les effets de l'Eribulin aux thérapies classiques pour combattre ce type de tumeur.

La moitié des 762 participantes ayant pris de l'Eribulin a eu un gain de survie de 2,5 mois ou plus de 20% comparativement à celles soumises à une chimiothérapie standard.

«Ces résultats sont prometteurs car jusqu'à maintenant il n'existait aucun traitement pour les patientes atteintes d'un cancer du sein aussi avancé et celles ayant épuisés les thérapies connues», a expliqué le Dr Christopher Twelves, de l'Institut de médecine moléculaire de l'Université de Leeds au Royaume-Uni. Il a présenté ces travaux dimanche à la 46è conférence annuelle de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO) réunie à Chicago.

«Ces données pourraient établir l'Eribulin comme une nouvelle possibilité de traitement efficace pour ces malades», a-t-il plaidé.

Eisai, le laboratoire japonais qui a développé l'Eribulin, a déjà déposé une demande d'autorisation de mise sur le marché aux États-Unis, au Japon et en Europe. Le groupe mise sur des recettes de l'ordre du milliard de dollars par an.

Il y a eu 1,38 million de nouveaux cas de cancer du sein en 2008 dans le monde selon l'ONU et près d'un demi-million de femmes en sont mortes.

Environ 50% de celles qui sont diagnostiquées vont développer une tumeur récurrente ou métastasique dans les quinze années suivant le premier pronostic.

Enfin seule une femme sur cinq atteinte d'un cancer métastasé du sein survit au-delà de cinq ans.

Un étude clinique présentée samedi à l'ASCO représente aussi une nouvelle encourageante. Il s'agit d'une technique de radiothérapie peropératoire ciblée du sein.

Cet essai clinique international, qui a duré dix ans, baptisé TARGIT, a montré l'efficacité d'une irradiation partielle du sein. Les séances de radiologie de trois à six semaines actuellement pourraient être remplacées par un seul traitement de 30 minutes.

«Les résultats de TARGIT devraient bouleverser le traitement du cancer du sein», a jugé le Dr Michael Baum, professeur émérite de chirurgie à l'Université College London, principal auteur de l'étude.

D'autres recherches sur le cancer du sein présentées à l'ASCO dimanche ont en revanche été décevantes.

La première a montré que l'ablation des ganglions lymphatiques sous l'aisselle --une procédure standard-- n'augmentait pas la survie des femmes atteinte d'un cancer du sein à la propagation limitée.

Une autre étude observationnelle sur plus de 5.500 femmes a révélé l'inutilité de tests visant à identifier des micro-métastases dans les ganglions sentinelles et dans moelle osseuse pour prédire l'évolution d'un cancer du sein précoce.

Enfin, une recherche comparative a révélé que plus de 12% des femmes dont le cancer du sein a fait des métastases dans le foie subissaient un changement des caractéristiques biologiques de leur tumeur initiale requérant une modification du traitement.