Certains fumeurs n'attrapent jamais le cancer du poumon, d'autres l'ont jeune même s'ils n'ont jamais fumé. Ces deux cas de figure sont au coeur des efforts pour déterminer les autres influences sur cette maladie.

Depuis quelques années, des progrès immenses ont été faits pour identifier les gènes de susceptibilité au cancer du poumon. Mais les avancées cliniques sont modestes: un test taïwanais permet depuis 2007 de prédire les personnes plus à risque de rechute - 40% des personnes qui ont les caractéristiques génétiques identifiées en font une dans les cinq ans suivant une chimiothérapie ou une oncochirurgie couronnée de succès.

 

Un débat entoure de plus la pertinence des tests génétiques, puisqu'ils pourraient en théorie diminuer pour certains fumeurs la motivation pour écraser.

«Depuis deux mois, on a un test génétique commercial qui est vraiment fiable», explique Robert Young, un psychologue de l'Université d'Auckland, en Nouvelle-Zélande, qui se spécialise dans les motivations des fumeurs qui cessent de fumer.

«Pour le moment, il est utilisé en recherche, pour qu'on puisse déterminer exactement qui devrait y avoir accès. À mon avis, il deviendra aussi utile pour le cancer du poumon que les tests sur les gènes BRCA le sont pour le cancer du sein.»

Facteurs de risque

Le psychologue néo-zélandais pense que ce test sera toujours limité aux patients présentant d'autres facteurs de risque que le simple tabagisme.

«Par exemple, des fumeurs qui font de l'asthme ou des difficultés respiratoires, sont cardiaques, ont un cancer lié à la cigarette, ou encore qui fument depuis longtemps, disons 20 à 25 ans. Il n'est pas question de faire passer un test génétique à un adolescent pour voir s'il peut sans trop de danger commencer à fumer. L'objectif est d'augmenter la motivation des fumeurs à arrêter de fumer.»

Justement, certains chercheurs ont avancé que les fumeurs dont le test génétique montre qu'ils sont moins à risque de cancer du poumon pourraient être tentés de continuer.

«Nous n'avons tout simplement pas de données permettant de croire cette thèse, dit M.Young. Nous faisons notre propre étude sur la question et des données préliminaires nous portent à croire que ce n'est pas le cas, qu'un test génétique négatif n'empêche pas les fumeurs d'arrêter de fumer. Une personne qui va passer un test est déjà inquiète, et toutes les études montrent que l'inquiétude est un motivateur puissant pour arrêter de fumer.»

Les nouvelles lois interdisant de fumer dans la plupart des endroits publics ont d'ailleurs fait des miracles, selon M.Young.

«C'est beaucoup plus facile maintenant pour un ex-fumeur de rester abstinent, parce qu'il n'est pas exposé sans cesse à la tentation, dit-il. Ça encourage les fumeurs à écraser, ils savent qu'ils ne verront pas sans cesse des gens fumer autour d'eux. C'est d'ailleurs le principal atout des lois antitabac, au niveau de la santé publique. Les ex-fumeurs qui demeurent abstinents ont beaucoup plus d'impact sur l'état de santé général de la population que les non-fumeurs qui ne sont plus exposés à la fumée secondaire. Ceci dit, il est très agréable pour les non-fumeurs de ne plus avoir à endurer cette odeur désagréable.»

Les tests génétiques sur le cancer du poumon permettront également de déterminer quels patients sont plus à risque de rechute et ont besoin d'une chimiothérapie plus agressive.

L'étude taïwanaise avait calculé que le temps médian de survie des patients ayant un risque génétique élevé était deux fois moins élevé, 20 mois plutôt que 40 mois, que les patients ayant un risque génétique faible.

Les gènes identifiés pourraient aussi se révéler des cibles pour la prochaine génération de chimiothérapie. Les patients ayant certains gènes de susceptibilité pourraient bénéficier de certains médicaments, un peu comme l'herceptin ne profite qu'aux femmes ayant un profil génétique déterminé de cancer du sein.

 

Pourquoi les fumeurs écrasent-ils?

62% Cancer du poumon

50% Crise cardiaque

45% Cancer du cerveau ou cervical

40% Nodule aux poumons détecté par imagerie médicale

25% Maladie pulmonaire obstructive chronique

25% Traitement d'aide à la cessation avec la varenidine

20% Traitement d'aide à la cessation avec le bupropion

15% Traitement d'aide à la cessation avec timbre de nicotine

5% Thérapie d'aide à la cessation

2% Sans aide

Proportion des fumeurs qui cessent de fumer dans l'année suivant un problème de santé ou un traitement d'aide à la cessation. Par exemple, 62% des fumeurs cessent de fumer dans l'année suivant un diagnostic de cancer du poumon et seulement 2% cessent de fumer sans aide et sans avoir eu de problème de santé lié à la cigarette.

SOURCE: Université d'Auckland