«Ça s'appelle le destin. Je suis une miraculée du hasard. Si je n'avais pas changé d'hôpital, personne ne sait si je serais encore en vie.»

Traitée pour un cancer du sein dans un hôpital de la région montréalaise il y a quelques années, Julie (qui a demandé à ce qu'on taise sa véritable identité) incarne exactement le type de cas que redoutent les pathologistes et le ministre de la Santé. Peu après le retrait par chirurgie de la tumeur qui habitait son sein, la dame, âgée aujourd'hui de plus de 60 ans, a reçu les résultats des tests d'hormones pour la suite de son traitement.

 

Le rapport du laboratoire, qui devait déterminer si son médecin lui administrerait un traitement hormonal ou, au contraire, un bloqueur d'hormones pour assurer de meilleures chances de rémission, s'est révélé peu concluant (oestrogène négatif, progestérone faiblement positif).

«Le médecin pensait que je devais suivre le traitement anti-hormonal, mais le chirurgien et moi n'en étions pas sûrs», explique Julie. Peu importe le traitement, la patiente devait néanmoins suivre des séances de radiothérapie pour assurer la réussite de l'opération. «Pour des raisons pratiques, j'ai demandé de suivre ce traitement dans un autre hôpital plus près de chez moi. Les médecins ont accepté», explique Julie. Le transfert d'hôpital s'est donc fait, et une fois la radiothérapie terminée, c'est un oncologue du nouvel hôpital qui a pris Julie en charge. Ce dernier, tout comme le premier médecin, a lu le rapport du laboratoire de pathologie et a lui aussi suggéré un traitement anti-hormonal.

«Voyant que je n'étais pas chaude à l'idée, il m'a proposé de faire refaire les tests en laboratoire.» Quand les nouveaux résultats sont arrivés, il n'y avait plus le moindre doute: «Les résultats étaient fortement positifs (oestrogène positif, progestérone positif)».

Les premiers tests en laboratoire étaient donc erronés, et pour la première fois depuis la chirurgie pratiquée trois mois plus tôt, il était clair que Julie devait suivre un traitement anti-hormonal. «Sur le coup, je n'ai pas senti de soulagement particulier en constatant qu'il y avait eu une erreur. Cela voulait dire que je m'embarquais dans un long traitement de cinq ans avec des médicaments qui ont des effets secondaires importants. Ce n'est qu'aujourd'hui, plusieurs années après le début du traitement, que je suis soulagée», confie Julie. «Je n'ai pas de ressentiment à l'égard des pathologistes et je n'en veux à personne. Je sais que l'erreur est humaine et qu'en médecine, rien n'est jamais ni noir ni blanc», dit Julie.

Même si elle se considère comme une «miraculée du hasard», elle croit néanmoins avoir joué un certain rôle dans son destin.

«Dès qu'on m'a diagnostiquée, j'ai essayé de lire le plus possible. Sur l'internet, on trouve beaucoup d'informations - du bon et du moins bon -, mais c'est en apprenant comment les traitements fonctionnent qu'on peut poser les bonnes questions aux médecins. C'est dans cet état d'esprit que les femmes qui combattent actuellement un cancer du sein doivent affronter la maladie. Elles doivent comprendre le plus possible ce qui se passe et s'il le faut, demander que les tests soient refaits.»