Existe-t-il encore des codes vestimentaires? Lesquels? Comment doit-on s'habiller pour assister à des événements tels que des mariages, des galas, des soupers, des funérailles? Bilan.

La polémique autour de la tenue de Safia Nolin au dernier Gala de l'ADISQ a suscité de nombreuses questions. N'a-t-on pas le droit de s'habiller comme on veut? Y a-t-il des règles à respecter? Chose certaine, l'apparence, qu'on le veuille ou non, est ce qu'on remarque en premier, s'accordent à dire les experts questionnés. Et notre tenue vestimentaire constitue un véritable message.

«Il y en a qui transgressent les règles de politesse et de savoir-vivre et qui deviennent président des États-Unis, alors c'est très difficile de se prononcer en ce moment», lance d'emblée Chantal Lacasse, conférencière et formatrice, diplômée de l'École du protocole de Washington. «Cela dit, Donald Trump est toujours bien habillé, car il sait à quel point l'image, c'est important», poursuit-elle.

«Les codes vestimentaires sont très complexes, c'est un mélange de règles et d'émotion, c'est aussi une confrontation des générations. C'est un sujet très délicat», explique la fondatrice et présidente de l'agence de style Les Effrontés, Marie-Claude Pelletier. Elle évoque le fait que tout récemment, PricewaterhouseCoopers a aboli les codes vestimentaires au travail et se fie au bon jugement de ses employés pour s'habiller de manière décente. «J'ai des doutes», glisse-t-elle.

Dans toutes les conférences que donne Chantal Lacasse, la tenue vestimentaire est toujours le sujet le plus épineux. «Le choix de tenue touche directement à la personnalité des gens et ça ne doit pas atteindre leur liberté. Les gens sont bien conscients qu'il y a des règles et qu'on doit faire un effort dans certaines circonstances officielles.»

«À quoi ça sert d'appeler un événement un gala si on s'habille comme dans la vie de tous les jours?»

Mme Lacasse estime que la tenue vestimentaire est une question de jugement avant tout. «Quand on choisit sa tenue, c'est pour envoyer un message, alors tout dépend de ce qu'on veut laisser comme impression. Si on veut faire un coup d'éclat et attirer l'attention, pourquoi pas, mais il faut savoir qu'on va provoquer.»

Question de contexte

Pour l'animateur et designer Jean Airoldi, les règles n'existent pas. Tout dépend des circonstances. «Entendons-nous sur une chose: on ne peut jamais être trop bien habillé ou, en tout cas, c'est moins gênant d'être trop bien habillé que pas assez. Malheureusement, il y a des gens que ça ne dérange aucunement! C'est là le problème!», estime l'auteur de Leçons de style.

Est-ce une question d'âge? Marie-Claude Pelletier estime que la nouvelle génération a un tempérament qui pousse les frontières, ce qui amène un vent de fraîcheur. «Les générations précédentes vont associer le respect des codes au respect en général, celui qu'on a envers soi et envers les autres», précise-t-elle.

Pourquoi ne pas se servir de la tenue comme d'un atout? «La journée où tu te trouves beau, tu es pas mal plus fonceur et tu vas mieux négocier un contrat. Je dis toujours aux gens que si, avant de sortir de chez eux, ils ont un doute en se regardant dans le miroir, il vaut mieux prendre cinq minutes de plus et aller se changer», conseille Jean Airoldi.

Les gens vont d'abord juger les gens par les apparences, rappelle Marie-Claude Pelletier. 

«À compétence égale, ceux qui soignent davantage leur image ont toujours une longueur d'avance.»

Les trois experts s'entendent, la tendance de l'époque est aux vêtements décontractés, ce qui peut causer des malaises. «Le milieu des affaires souhaite se décontracter, mais le client, franchement, n'a pas envie de voir son avocat ou son banquier habillé de manière décontractée», estime Marie-Claude Pelletier.

«C'est certain qu'on veut être confortable, mais si je prends l'exemple du legging qui est beaucoup porté cette année, c'est un couteau à double tranchant, car on a parfois l'impression que les femmes se promènent en bas collant, souligne Jean Airoldi. [...] Je suis pour le confort aussi, mais on peut être élégant en même temps.»

Un baromètre

Soulignons que le vêtement est plus que jamais un baromètre de la société. «Ça évolue avec les gens et il n'y a jamais qu'une seule façon de bien faire. Pour la femme, le vêtement est très émotif, alors que pour l'homme, c'est un outil. Pour les femmes, ça fait partie de leur confiance en elles, ce qu'elles dégagent. Malheureusement, on a tendance à les juger plus sévèrement, mais les hommes aussi se font juger. Rappelez-vous la camisole de Dan Bigras», souligne Marie-Claude Pelletier.

Même si l'importance de l'apparence peut sembler un sujet superficiel, les experts s'entendent, on n'a souvent qu'une seule chance de faire bonne impression. 

«Le style, ce n'est pas superficiel, c'est la traduction de la personne que nous sommes, ça part beaucoup de la confiance en soi et de l'estime de soi.»

Dans le doute, et pour éviter de commettre un impair vestimentaire, il est plus prudent de poser des questions sur la tenue attendue, qu'elle soit chic ou décontractée, lorsqu'on reçoit une invitation pour un événement. Qu'il s'agisse d'une soirée chez des amis, d'un gala ou d'un mariage.

«Avoir la mauvaise tenue vestimentaire, c'est manquer de jugement et c'est un risque à prendre. Tout est permis, mais il faut vivre avec les conséquences. Notre société juge par l'image et l'apparence avant tout. C'est un fait», estime Chantal Lacasse.

Photo Olivier PontBriand, archives La Presse

Même si l'importance de l'apparence peut sembler un sujet superficiel, les experts s'entendent, on n'a souvent qu'une seule chance de faire bonne impression.

Quelle tenue pour quel événement?

Mariage

Pour Marie-Claude Pelletier, tout dépend si c'est au Ritz ou si c'est un mariage champêtre. «Je dis toujours qu'il faut se référer aux mariés pour savoir quelles sont leurs règles. Dans le doute, on les appelle.»

Pour Jean Airoldi, on ne s'habille pas en blanc à un mariage, «à moins que tu demandes la permission à la mariée».

«J'ai vu des gens qui portaient un coton ouaté avec des dessins imprimés... On parlait plus d'eux que des mariés!», souligne Chantal Lacasse.

Funérailles

Tenue austère recommandée. «Il ne faut pas attirer l'attention», estime Chantal Lacasse.

Pour Jean Airoldi, si le défunt était une personne colorée et joyeuse, on ne sera pas obligé d'être en noir. «On s'adapte aux volontés du défunt et de la famille.»

En Amérique du Nord, la tenue reste austère, croit Marie-Claude Pelletier. «On le voit chez les dignitaires qui vont à des enterrements d'État, la police doit mettre sa tenue officielle. D'ailleurs, ça avait choqué que certains policiers, lors de l'enterrement de Jacques Parizeau, soient en tenue de camouflage multicolore.»

Tenue de ville

Veston ou complet pour les hommes, avec ou sans cravate. Pour les femmes, tailleur-pantalon ou robe cocktail. On peut y ajouter un accessoire un peu plus chic ou «brillant».

Pour Jean Airoldi, veston pour les hommes, mais la cravate n'est pas obligatoire, ou une chemise chic très soignée sans veston. Pour la femme: robe ou pantalon chic.