On a beau pouvoir se procurer un soutien-gorge bon marché dans une grande chaîne près de chez nous, le métier de corsetière n'a pas disparu en même temps que le port du corset. Si les boutiques de lingerie spécialisées sont moins nombreuses qu'auparavant, celles qui restent détiennent un savoir qui vaut de l'or. Car, selon certaines études, quelque 80% des femmes ne porteraient pas la bonne taille de soutien-gorge. Comme quoi laisser entrer la conseillère dans la cabine n'est peut-être pas une mauvaise idée...

L'enseigne de la boutique dit tout: J.A. Bouré, corsetière. Enr. 1940.

«Mme Bouré a fondé le magasin dans les années 40. Le corset existait à l'époque», raconte son élève, Josée Brousseau, aujourd'hui propriétaire de la boutique située au coin des rues Saint-Denis et Jean-Talon.

Derrière la vitrine au charme suranné se cachent des collections de sous-vêtements et maillots de bain de grande qualité (Anita, C.J. Grenier, Passionata). Et les conseils et ajustements que Mme Brousseau propose à ses clientes dans les cabines vert menthe (avec des signes interdisant la cigarette) valent de l'or. «Une brassière qui fait mal, ça joue sur le caractère. Ça rend mauvaise! lance-t-elle en ajustant l'attache d'un soutien-gorge Chantelle. Tu dois mettre la bande plus bas, sous ton omoplate.»

Tous les jours, la spécialiste de 57 ans voit des aberrations. «Des petites filles qui ont des brassières demi-buste jusqu'au cou à travers un chandail transparent, ça n'a pas de bon sens!»

«À l'époque, il y avait un modèle de soutien-gorge par type de vêtements, rappelle-t-elle. Avec un col en V, on portait un soutien-gorge pigeonnant. Avec un grand décolleté carré, on portait un demi-buste. Aujourd'hui, on met n'importe quoi en dessous!»

Chez J.A. Bourré, peu de lingerie dans les présentoirs, mais des dizaines de tiroirs sur un long mur. Un par grandeur de soutien-gorge, de 32-A à 44-F. «Je veux fouiller pour les clientes, explique Mme Brousseau. J'entends à longueur de journée: Je hais acheter un soutien-gorge! Mais quand elle me laisse aller, la cliente a l'embarras du choix.»

Le matin de notre visite, Mme Brousseau a accueilli une cliente de la Gaspésie. «Nous avons des clients de partout. Nous sommes recommandés par les hôpitaux, car on fait l'ajustement de prothèses mammaires pour les femmes opérées du cancer du sein. Il n'y a pas de raison que la femme ne se trouve pas belle. Par rapport à il y a 10 ans, il y a de très beaux modèles.»

Des objets de collection

Dans la chic et spacieuse boutique Lyla, avenue Laurier dans Outremont, on peut dépenser facilement 500$ pour de la lingerie griffée La Perla, Lejaby, Andrés Sardá ou Simone Pérèle. C'est de la fine haute couture, loin des promotions «deux pour un à 30$» des chaînes populaires.

Malgré l'arrivée massive de détaillants comme La Vie en Rose, «le marché du luxe a continué à croître», assure Stéphanie McPherson, gérante de la lingerie chez Lyla.

Certaines femmes considèrent les dessous chic comme une passion, voire des objets de collection. «Chacun a son point faible en mode. Pour la plupart des femmes, ce sont les chaussures. Pour d'autres, c'est la lingerie.»

Quand on dit à Stéphanie que les chaussures se voient dans la rue et non les sous-vêtements, elle nous corrige. «Ça influence la forme du buste, la façon dont le linge tombe, mais surtout comment on se sent!»

Trouver sa taille... grâce à une application!

Stéphanie McPherson de la boutique Lyla remarque que des femmes ont tendance à prendre un 36-C au lieu d'un 34-D.

Selon certaines études, 80% des femmes porteraient la mauvaise taille de soutien-gorge, si bien que la marque américaine de lingerie Natori a lancé une application iPhone et iPad pour trouver le produit convenant à sa silhouette et à son mode de vie.

Pour cela, cherchez Natori, dans la boutique Apple en ligne.

Illustration La Presse