À 55 ans, Ines de la Fressange, que l'on qualifie volontiers de gourou des quinquas épanouies, s'impose de nouveau dans la sphère mode. Depuis quelques années, cette ancienne mannequin-vedette pour Chanel multiplie les succès. Parmi ceux-ci, il y a la revitalisation de la maison française Roger Vivier, célèbre pour avoir, entre autres, créé les escarpins à boucle de Catherine Deneuve dans le film Belle de jour. Autre succès: le guide La Parisienne, qu'elle signe avec la journaliste Sophie Gachet. Réalisé dans un style léger et parfaitement «girly», cet ouvrage à gros tirage, publié il y a deux ans, révèle les secrets du chic de la Parisienne et, surtout, adopte le ton complice d'une copine qui partage ses meilleurs conseils et ses adresses préférées. C'est d'ailleurs en toute simplicité et avec beaucoup de spontanéité qu'Ines de la Fressange a accueilli notre journaliste Lucie Lavigne dans son bureau, rue du Faubourg Saint-Honoré.

Sur les murs roses de la pièce, il y a beaucoup de photos et d'étagères remplies d'objets et de chaussures signées Roger Vivier. Charmante et pleine d'esprit, celle qui incarne le chic parisien n'hésite pas à confier des anecdotes rigolotes tout en passant «gracieusement» du coq à l'âne. «Je l'admets, je ne me concentre pas pendant très, très longtemps sur un sujet. Mais, du coup, c'est ce que l'on me demande. Ce matin, j'étais sur un chantier. Là, je suis avec vous. Et cet après-midi, je devrai écrire un texte. Toutes les heures de mes journées sont différentes. Ma propension à partir dans tous les sens me sert bien», affirme cette touche-à-tout qui, en plus de veiller à l'image globale de la maison Roger Vivier, intervient en tant que consultante auprès des marques du groupe ainsi que pour d'autres clients. Sans oublier son rôle d'égérie pour L'Oréal Paris.

Avec ses fauteuils moelleux, le lieu de travail d'Ines de la Fressange n'a rien d'intimidant. Au contraire. On se croirait dans un petit salon douillet au style éclectique. Le même esprit règne-t-il dans son appartement du 5e arrondissement? «J'ai déjà eu une folie pour le design pur et vide, mais finalement, quand on travaille beaucoup et qu'on se retrouve avec des enfants, des chiens, des amis et des paquets, le style semi-ancien façon shabby chic me convient mieux. Au quotidien, je suis plutôt dans l'accumulation de livres et de trucs», avoue cette maman de deux filles, dont Nine, qui joue les modèles dans le livre de sa mère.

Ines, ma meilleure amie...

«Pour ma nouvelle meilleure amie». À première vue, la dédicace de La Parisienne résonne comme une déclaration d'adolescente. Mais voilà, Ines de la Fressange est «réellement» accessible et amicale. Ouverte et observatrice, elle parle abondamment de tout en s'intéressant à vous. Après m'avoir complimentée sur mon sac à main et demandé si j'avais des enfants, elle m'a rappelé qu'elle avait rassemblé ses meilleures adresses, car ses amis «et ses copines journalistes» les lui demandaient constamment.

Suivez le guide

«J'aime découvrir de nouveaux endroits, de jeunes gens qui font de nouvelles choses, et encourager les petites marques et les commerçants passionnés. De mettre un peu de lumière sur eux leur permet de continuer à exister», explique celle qui admet être accro au shopping. «On peut être frivole et profonde à la fois. Ce n'est pas parce qu'on va chez Zara ou H&M qu'on ne s'arrête pas à la librairie aussi», estime Ines de la Fressange. Et l'idée n'est pas de surconsommer ou de frimer. «Ayez peu, mais bien. Du moment que c'est de bonne qualité, c'est chic», souligne-t-elle.

1001 trucs

Difficile de résister aux conseils avisés d'une «copine» qui a côtoyé les plus grands créateurs et stylistes de mode dans le monde. Mieux, les trucs d'Ines de la Fressange - à l'opposé des diktats - semblent faciles à adopter. Exemples? La Parisienne Rive gauche fuit tout ce qui fait «bling» et les logos à gogo; elle dit stop au «total-look» et préfère mélanger. Elle compose habilement sa garde-robe de vêtements à petit prix, de trouvailles faites en voyage et de quelques pièces de luxe. Aussi, elle se sent bien dans ses vêtements, sait ce qui lui va et décale son look en portant notamment un jean avec des sandales bijoux ou un collier de perles avec un tee-shirt rock. Sans oublier les sept classiques qui donnent fière allure: une veste d'homme, un trench, un pull bleu marine, un débardeur, une petite robe noire, un jean et un blouson en cuir. Ensuite, tout est question de composition.

«On m'a demandé de livrer des conseils, révèle Ines de la Fressange. Moi, je trouvais un peu prétentieux de dire faites ceci ou cela, mais il y a toujours un moment où l'on est devant son placard et on se demande: qu'est-ce que je vais mettre?»

Autre observation: «Je me suis aperçue qu'on a toutes des préjugés sur nous-mêmes. J'avais une copine qui ne portait pas de col roulé car elle pensait qu'elle n'avait pas de cou. Par contre, elle avait de très beaux seins, qu'elle mettait, à chaque fois, un peu trop en valeur. Je lui ai alors dit: Inutile d'en rajouter, de toute façon, on voit que tu es une belle femme pulpeuse! Juste une chemise et tu seras tout aussi sexy», raconte-t-elle en riant.

La clé du succès

Dès la première page de son livre, Ines de la Fressange écrit qu'il n'est pas nécessaire d'être née à Paris pour avoir le style de la Parisienne: «J'en suis le meilleur exemple: j'ai vu le jour à Saint-Tropez!», confie-t-elle. Mieux, la coauteure perce le mystère de l'élégance ou plutôt du je ne sais quoi qui plaît tant chez la Parisienne: «Avoir l'attitude made in Paris est plus un état d'esprit.»

Le guide La Parisienne contient une multitude d'adresses. «Des endroits où je vais vraiment», précise la coauteure Ines de la Fressange. Nous en avons visité plusieurs. Notre avis.

1. Mamie Gâteaux

Avis aux «foodistas» nostalgiques des desserts de mamie! Les confitures maison et les tartes de ce salon de thé sont à se damner. On raffole aussi de l'esprit adorablement vieillot de l'endroit qui comporte un espace dédié à la brocante (vaisselle, dentelle...).

66, rue du Cherche-Midi, 6e arrondissement

2. Hôtel Récamier

Chic et discret, cet hôtel propose une ambiance feutrée. Meubles rétro, dallage en marbre noir et gris... Les lieux ont des airs de maison particulière.

À partir de 260 euros (environ 335$) pour une nuitée.

3 bis, place Saint-Sulpice, 6e arrondissement

3. Bread

Ici, tout fait saliver. On y court pour les pains artisanaux et bios ainsi que pour les plats, copieux et savoureux. Sans compter l'orgie de pâtisseries, comme le «Sticky toffee pudding», un dessert divin gorgé de caramel chaud.

25, rue Boissy d'Anglas, 8e arrondissement

4. Water-bar de Colette

On descend au water-bar pour grignoter ou, mieux, on ratisse le rez-de-chaussée de ce magasin phare de la «branchitude» pour découvrir les gadgets cotés, comme l'appareil photo Polaroid beige des années 70 (oui, oui, il est de retour)!

213, rue Saint-Honoré, 1er arrondissement

5. Le Chartreux

Sans La Parisienne, il nous aurait été difficile de dénicher ce bistrot de quartier, à l'écart des rues animées. Le décor des années 60 comporte des tables en Formica et de vieilles photos de vedettes (Claude François, Brigitte Bardot...). On y va pour les plats du jour et le cheeseburger-frites.

8, rue des Chartreux, 6e arrondissement

6. Merci

Une adresse incontournable pour les adeptes de design (contemporain ou vintage) et d'accessoires de cuisine. On en profite pour casser la croûte à la Cantine Merci ou au Café Bouquiniste, rempli de livres d'occasion. Coup de coeur garanti!

111, boul. Beaumarchais, 3e arrondissement

7. Cire Trudon

La boutique de ce fabricant cirier (depuis 1643) possède les allures d'un petit musée. Aux dires d'Ines de la Fressange, «une Trudon, c'est l'équivalent d'un sac Hermès, mais en bougie». C'est tout dire...

78, rue de Seine, 6e arrondissement

8. Bonton

Vous voilà au Pays des merveilles pour les petits (0 à 12 ans). Tout y est mignon et craquant.

5, boul. des Filles du Calvaire, 3e arrondissement

Photo fournie

Cire Trudon

7 pièces clés à avoir dans sa garde-robe

> La veste d'homme

> Le trench

> Le pull bleu marine

> Le débardeur

> La petite robe noire

> Le jean

> Le blouson en cuir

Illustration Ines de la Fressange