La page John Galliano a été définitivement tournée lundi par Dior, dont le défilé a présenté une collection couture éclectique, signée par son ancien bras droit Bill Gaytten, en attendant la nomination d'un prochain directeur artistique.

«C'est là qu'on voit à quoi ça sert d'avoir un couturier», lâche une rédactrice désabusée dès le retour de la lumière sous la grande tente du musée Rodin, qui recevait un public réduit en nombre comme en célébrités.

«John me manque tellement», renchérit Anna Dello Russo, rédactrice en chef du Vogue japonais interrogée par l'AFP dans le jardin. «Il faut dire que j'ai été gâtée, en passant quinze ans avec sa couture parfaite, phénoménale. Mais certaines des idées de cette collection sont excellentes et la nouvelle réalité est intéressante aussi», modère-t-elle.

C'est Bill Gaytten, ancien assistant arrivé chez Dior en même temps que Galliano, qui a signé la collection. Il est venu saluer à la fin du défilé, en compagnie de sa première assistante Susanna Venegas. Le Britannique devrait assurer l'intérim ces prochains mois, alors que la direction de Dior dit vouloir prendre «tout son temps» avant de nommer son prochain directeur artistique.

Questionné par l'AFP sur le calendrier de cette nomination, Sidney Toledano, PDG de Dior Couture, affirme même qu'elle n'interviendra «pas forcément» courant 2011: «Vous savez les jeunes filles à qui l'on demande tout le temps quand elles vont se marier, elles répondent: quand j'aurai rencontré l'homme idéal».

Interrogé pour savoir si Dior n'avait pas «trouvé» cet homme parfait, M. Toledano a précisé: «On n'a pas encore décidé».

En coulisse, Bill Gaytten, grisonnant et discret, affirme que travailler en l'absence de Galliano n'est «pas si différent»: «Il faut compter plus sur soi, mais ça offre aussi un peu plus de liberté».

Au lieu de piocher dans les archives de la maison -- «on a beaucoup fait ça ces derniers temps» --, il a préféré trouver l'inspiration à la fin des années 70, début 80, au Palace, grande boîte de nuit parisienne de l'époque, mais aussi auprès de l'architecte Franck Gehry ou du graphiste Jean-Paul Goude.

«Je voulais quelque chose de moderne, de glamour», a-t-il ajouté.

M. Toledano félicite le styliste, estimant que son équipe, «sûre d'elle» travaille «dans la continuité de ce qu'est Dior depuis sa création», et que la collection évoque «féminité et douceur», émaillée de «moments de lumière».

Dans le public, on reconnaît notamment Bernadette Chirac, l'actrice Marisa Berenson et l'incontournable Anna Wintour, influente rédactrice en chef du Vogue américain, qui enfile de larges lunettes noires quand le défilé commence.

Accueillies par une rangée de serveurs équipés de magnums de champagne, elles découvrent des versions pastels aux motifs colorés du célèbre «tailleur bar», signature de la maison avec sa silhouette cintrée, jupe volumineuse et veste étroite.

D'énormes formes géométriques sur des chevelures crêpées, les mannequins, au regard cerné d'un rectangle de couleur acidulée, présentent aussi une séquence en bleu et vert vif, avec des robes vaporeuses au long plissé terminé de plumes, d'autres en beige avec des plissés de type origami.

Enfin des robes de bal aux jupes volumineuses semblent réalisées à partir de kilomètres d'organza, comme ce modèle en orange, rose et jaune ou cet autre, parme, présenté par le mannequin vedette Karlie Kloss en clôture du défilé.