Jean Paul Gaultier a joué avec l'univers du french cancan et du punk londonien, revisitant en clin d'oeil tous ses codes personnels, entre marinière et corset poudré, au dernier jour des collections couture pour l'été prochain.

Pas de bande-son tonitruante cette fois, mais la voix enregistrée de Catherine Deneuve énonçant sobrement le numéro du modèle, suivie d'une description technique du vêtement dans un silence absolu, entrecoupé de quelques applaudissements.

C'est la comédienne, assise au premier rang aux côtés du cinéaste espagnol Pedro Almodovar, qui a soufflé cette idée au couturier. «Elle m'a reparlé de mes premiers défilés, que je présentais comme ça», explique-t-il en coulisse. «J'aime toujours, pour mes défilés, qu'il y ait du spectacle. Mais cette formule a un côté professionnel qui oblige à se concentrer sur le vêtement, à mieux voir ce qui se passe», ajoute-t-il, une crête d'Iroquois sur la tête, à l'instar de tous ses mannequins.

Sans compter que cet énoncé, à l'ancienne, permet de signaler les détails d'une robe cachés sous une étole en fourrure ou d'éclairer le public sur ce qu'il voit : Combinaison ou tailleur-pantalon? Chemisier ou veste légère? Organza, tulle ou tissu technique? Demandez le programme !

Photo: AP

Une création de Jean Paul Gaultier

Mariage du savoir-faire de la haute couture traditionnelle avec les volants plus légers du cancan et l'anticonformisme du punk: «J'ai voulu quelque chose de très moderne, tailladé, net et graphique», dit-il au sujet notamment des bandes horizontales, parfois en cuir, qui prolongent certains bustiers vers le cou.

C'est une collection «très volants, très plissés, très Paris», résume un habitué. Comme cette marinière sublimée en robe du soir, fourreau étroit qui fait alterner des volants blancs et bleu marine, les largeurs se rétrécissant au niveau de la taille pour mettre en valeur une silhouette en sablier.

Le premier modèle, un trench en soie laquée noire d'une brillance irréelle, recouvre des volants cancan qui s'ouvre sur les jambes, annonçant le thème du défilé, mais aussi une dominante de tenues noires: bombers ou mini perfectos brodés, pantalons larges ou cette jupe scintillante, entièrement recouverte de boutons pressions.



Photo: AP

Une création de Jean-Paul Gaultier

Une splendide robe composée de bandes d'organza bleu, turquoise, rouge et blanc, brodées une à une sur du tulle, à la verticale sur le buste et à l'horizontale sur la jupe, a nécessité des centaines d'heures de travail, expliquent à l'AFP les «petites mains» des ateliers, situés dans les étages supérieurs du bâtiment qui abrite le défilé.

Indécelable pour les non-initiés, la mariée... est un homme, coiffé d'une longue traîne noire. C'est le tout jeune mannequin bosniaque Andrej Pejic, au physique androgyne et à la beauté troublante, très demandé dans l'univers de la mode. Les larges bandes blanches de la robe se rétrécissent une nouvelle fois autour de la taille, dessinant une silhouette féminine.

Place à la fête! Une danseuse de cancan, dont la jupe inversée place les froufrous dessus, et non dessous, lève haut la jambe avant de se jeter sur le podium dans un grand écart.

Photo: AP

Une création de Jean-Paul Gaultier