Exploratrices dans le désert chez Kenzo ou arpenteuses du bitume urbain chez Vuitton, les femmes avaient l'âme nomade mercredi sur les podiums lors de la présentation des collections de prêt-à-porter féminin pour l'été prochain.

Le styliste de Kenzo, le Sarde Antonio Marras, avait déjà emmené son public sur les traces d'un explorateur de l'Afrique dans sa collection de prêt-à-porter masculin pour l'été 2010. Il s'intéresse maintenant à Freya Stark, connue pour ses voyages et ses cartographies, qui fut au siècle dernier l'une des premières occidentales à voyager à travers les déserts d'Arabie.

Antonio Marras lui fait découvrir le Sahara en robustes vêtements aux allures parfois militaires: veste en dénim d'aspect usé sur bermuda, short kaki à ceinture corde, sarouel, jean comme maculé par le sable, imprimés camouflage, saharienne sans manche.

C'est l'histoire d'«une rencontre entre une femme qui voyage et la culture du Maghreb», la rencontre de «deux univers qui sont apparemment totalement différents», explique le créateur à la presse.

Elle s'habille d'abord dans un style militaire puis «commence à comprendre la culture du Maghreb», ajoute-t-il. «Elle commence à acheter des imprimés, à les mélanger avec le camouflage et à s'habiller avec de grands foulards tout brodés».

Du coup, les sarouels de coton sable se déclinent en broderie anglaise blanche, le motif camouflage d'une robe housse se conjugue à des transparences et à des paillettes, les robes prennent des allures de caftan, un manteau à capuche rappelle un burnous, les ceintures se font précieuses, brodées de pierres.

Quand le soleil, disque d'or au fond du podium, se fait trop ardent, les épaules d'une veste masculine se poudrent d'or tandis que des éclats de papier doré tombent sur le public.

Comme un mirage, une cohorte de femmes noires surgit dans des envolées de mousseline aux couleurs vives -- bleu touareg, fuchsia... «J'avais besoin de communiquer quelque chose de positif, d'optimiste», dit Antonio Marras.

Chez Vuitton, les femmes ont adopté une panoplie à la fois confortable et luxueuse. Elles se glissent dans des cyclistes richement brodés, des jupettes rayées sur cycliste lamé argent, des micro-robes sur legging jusqu'aux genoux, de courtes vestes à basques kaki, des vestes en denim dégradé orange à franges.

De grandes poches s'installent sur des vestes de tailleur d'aspect tweed, d'autres vestes ont des tailles élastiquées, de courts et larges pantalons ont l'allure militaire. Les superpositions restent d'actualité, tout comme les couleurs.

Le sac à dos est omniprésent, orné de diverses breloques dont de volumineuses queues d'animal, voire intégré dans une veste en denim. Marche oblige, les chaussures ont perdu de la hauteur et se contentent d'un talon modeste.

Le styliste Marc Jacobs a expliqué avoir voulu rester dans le réel, en s'inspirant de différentes cultures et de la rue. «Nous avons regardé les vêtements que les gens portent dans la rue et les zones urbaines», a-t-il déclaré à la presse, «les vêtements de l'armée, les vêtements utilitaires, les jeans, parkas, coupe-vent». «Ensuite bien sûr, nous les avons transformés en quelque chose d'amusant pour tous, c'est ça la mode».

Le Libanais Elie Saab a proposé un vestiaire discret riche en drapés entrelacés et en robes noires moulantes diversement zippées, courtes ou longues, et en robes beige poudré.

Un imprimé «pixel» anime des robes en mousseline, des pierres scintillent sur des poches géantes ou les épaules de robes de vestales.