L'industrie de la mode québécoise se porte mieux que l'américaine. Bien qu'une certaine inquiétude plane sur le milieu, la plupart des compagnies et des créateurs de chez nous affirment ne pas trop souffrir de ce début de récession. Il n'en reste pas moins que quelquesuns de nos designers sont touchés très concrètement par les déboires financiers de nos voisins du Sud.

Chez Marie Saint Pierre, 30% des commandes américaines ne seront pas livrées. «Comme je n'ai pas de garantie de paiement de ces acheteurs, je ne produis pas et je ne livre pas les pièces qu'ils avaient commandées cet automne, pour la saison printemps-été. Ils connaissent nos conditions d'affaires», explique la designer.

 

Valérie Duma ine doit également faire face à des annulations provenant de clients américains. Une boutique canadienne a quant à elle réduit sa commande. Malheureusement, la collection est déjà produite et la jeune créatrice est prise avec les surplus: «Je vais devoir trouver de nouveaux points de vente. C'est un gros travail pour les représentants en ce moment.»

Anastasia Lomonova se trouve dans une situation semblable. Elle a perdu une vente importante aux États-Unis à la suite de la fermeture d'une boutique. Ses pièces placées en consignation dans les boutiques se vendent un peu plus lentement. «On dit que l'industrie du luxe se porte assez bien, mais Valérie et moi sommes dans le milieu de gamme. Nous sommes en concurrence avec de très gros acteurs, comme H&M et Zara.»

Alors qui s'en sortira le mieux? «Il est temps pour nous de réfléchir à nos habitudes de consommation, affirme Barbara Atkins, vice-présidente Tendances chez Holt Renfrew. Les gens voudront acheter des produits de qualité, durables. Les marques locales et celles qui optent pour la mode bio éthique ont sans doute beaucoup d'avenir. J'aimerais bien voir les designers canadiens et québécois devenir des leaders dans ce domaine.»

Dans cette optique, des valeurs sûres comme les griffes québécoises Ça va de soi (tricots) et m0851 (maroquinerie, etc.), qui misent depuis toujours sur des indémodables de grande qualité, sont très bien positionnées.

«Nous sommes une valeur refuge, un peu comme l'or! lance Odile Bougain-Nasri, copropriétaire de Ça va de soi. De plus, nous sommes une petite compagnie, ce qui nous permet de nous sentir en contrôle.»

La même confiance règne dans les bureaux de M0851. «Il y a un roulement continu dans les commandes. Nos clients sont réguliers et ils font confiance au produit. S'ils doivent couper, nous ne serons pas les premiers à souffrir. Nous vivons depuis un certain temps dans un monde de consommation ultra-rapide, mais nous allons revenir aux produits durables et à l'achat local», croit fermement Faye Mamarbachi, directrice du marketing.

Les membres du LABoratoire Créatif, un organisme qui offre une foule de services aux jeunes designers, sont les premiers à souhaiter que les consommateurs québécois encouragent leurs propres créateurs. «Le marché restera le même si les Québécois continuent d'acheter local», conclut Hélène Lépine, directrice générale du «LAB».