Pour la première fois en 14 ans, les États-Unis sont finalement montés sur le podium aux Olympiques de la gastronomie à Lyon. Ils ont gagné le Bocuse d'argent, coiffés au fil d'arrivée par les Norvégiens, maîtres incontestés de cette compétition qu'ils ont remportée pour la cinquième fois.

Le président de l'équipe américaine, le triple étoilé Michelin Thomas Keller du French Laundry en Californie, était visiblement ému quand la nouvelle de sa deuxième place a été annoncée, devant le regard triste des Suédois, gagnants du bronze. Il faut dire que le chef Tommy Myllymaki revenait à Lyon après avoir remporté l'argent en 2011 et visait clairement l'or.

Le chef Laurent Godbout de Chez l'Épicier à Montréal, premier Québécois à participer à la prestigieuse compétition des Bocuse d'or, n'est pas monté sur le podium. Il s'est classé 21e sur 24 pays participants, parmi lesquels le Japon, la Grande-Bretagne, la France, le Danemark, l'Islande, la Finlande, l'Argentine, le Guatemala, la Corée du Sud...

«Ce sont des résultats honnêtes. Les États-Unis, il était temps qu'ils gagnent, a commenté Véronique Deneault, la conjointe de Godbout, debout dans les gradins, peu après l'annonce des résultats. Laurent n'attendait pas un podium. Déjà d'être ici, parmi ces 24 pays, c'était une immense victoire.»

Le Canada comptait une centaine de partisans vêtus d'un chandail de hockey tout rouge, au nom de Godbout.

Le président de l'équipe canadienne, le chef Bruno Marti, de Vancouver, a expliqué qu'il était lui aussi heureux que les États-Unis se démarquent. «Enfin, l'Amérique du Nord sera reconnue», a-t-il déclaré.

En entrevue en fin d'après-midi, peu après la fin de la compétition, mais avant l'annonce des résultats, Laurent Godbout a confié qu'il avait trouvé difficile de travailler avec des moyens beaucoup plus limités que les autres équipes, en commençant par un budget 10 fois moins élevé que celui des États-Unis. La nécessité de continuer à travailler pendant la préparation -- notamment à l'ouverture d'un nouveau restaurant à Palm Beach! --  alors que les autres équipes pouvaient se permettre de se consacrer à temps plein à la compétition, a aussi rendu la tâche particulièrement ardue. Surtout que le Canada en est encore un peu à ses débuts sur cette scène.

«Mais ça a été quand même une expérience extraordinaire», a confié Laurent Godbout, remerciant notamment l'Académie culinaire qui lui a prêté un espace dans le Vieux-Montréal pour s'entraîner intensivement pendant sept mois.

Pour le concours, les chefs devaient cuisiner deux plats. Une assiette de poisson, de la truite fario  avec un légume obligatoire, le fenouil, et une assiette de viande, de la pintade, que Godbout a préparée en élaborant une recette complexe évoquant plusieurs régions du Canada. Des ailes laquées à l'asiatique comme à Vancouver, des morilles des grands brûlis de Colombie-Britannique, de la moutarde de Saskatchewan, du foie gras et du topinambour du Québec.

Le concours des Bocuse d'or, compétition de haute voltige gastronomique qui prend des airs de jeux sportifs, avec des partisans  munis de maillots, crécelles et drapeaux aux couleurs de leurs pays dans les gradins, a été lancé à Lyon en 1987 par le chef français mythique Paul Bocuse, père de la Nouvelle cuisine.

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