Produire de la viande en laboratoire est une bonne solution pour réduire les impacts environnementaux de l'élevage sur la planète, mais cela ne représente pas l'avenue idéale pour réduire la consommation de viande dans la population, estiment plusieurs experts.

Auteure et conférencière, Élise Desaulniers a produit plusieurs ouvrages sur la question de l'éthique alimentaire. Pour elle, le burger in vitro dégusté à Londres hier et produit par une équipe de scientifiques représente «une avenue intéressante», notamment sur le plan éthique. «La question de l'éthique est assez centrale: il faut diminuer les conséquences de l'élevage sur l'environnement et réduire la souffrance de l'animal», explique-t-elle.

Pour elle, un des problèmes, actuellement, est la forte demande liée à la consommation de la viande. «On mange plus de viande qu'on mangeait à l'époque», remarque-t-elle.

«Un peu triste »

Chef au restaurant Europea, Jérôme Ferrer trouve pour sa part un «peu triste» l'idée de produire de la viande en laboratoire.»C'est un discours que je trouve un peu triste. Juste pour ne pas tuer des bêtes, ont est prêt à n'importe quoi en échange», décrit-il.

Selon lui, même si les boulettes de viande in vitro ne sont pas encore prêtes à faire leur entrée sur les tablettes des épiceries, il ne reste pas moins qu'il y a déjà un grand nombre de produits transformés génétiquement offerts aux consommateurs.

«On est déjà dans une ère d'OGM. Et, malheureusement, on mange souvent contre notre gré des aliments transgéniques», fait-il remarquer.

Pour Jérôme Ferrer, la véritable solution est d'opter pour une diminution de notre consommation de viande. «Je pense qu'il est plus sage d'opter pour le flexitarisme, c'est-à-dire passer une ou deux journées par semaine à ne pas manger de la viande», suggère-t-il.

Une opinion partagée par Bob le Chef, «Le gros défaut de l'humanité est de trouver des raccourcis pour manger plus de viande», décrit-il ironiquement. Mais la solution au problème est de trouver un équilibre alimentaire dans notre diète quotidienne.»

Propriétaire de la Maison du Rôti sur le Plateau Mont-Royal, Michel Legrand doute de la popularité de la viande en laboratoire chez les clients. «J'ai l'impression que ça va faire peur. De plus en plus, les gens veulent des produits qui se démarquent. Et j'ai l'impression que tout se qui sort de laboratoire serait mal perçu», estime-t-il.