La première fois que j'en ai entendu parler, c'était l'hiver dernier chez POP, le bistro du restaurant Laloux.

Au début, j'ai cru que le serveur, pince-sans-rire, se foutait de moi avec ses histoires de dégustation de vin selon le cycle lunaire. Mais non, mais non, il était très sérieux. «Le cycle de la Lune, a-t-il répété devant ma tronche incrédule, influence le vin et en change le goût.»

Même topo quelques jours plus tard, chez Pullman cette fois, un des meilleurs endroits en ville pour découvrir vin et tapas, les deux servis avec un égal professionnalisme.

 

Au début, je croyais que le serveur de POP essayait de m'expliquer que le cycle lunaire influence la culture de la vigne, la vigne et ses fruits donc, et que le moment du mois choisi pour mettre en bouteille influencera le vin, lui donnera une «personnalité». La Lune, la météo, les saisons étant liées, la chose ne me paraissait pas saugrenue du tout. Mais je n'avais pas bien compris le principe.

Le cycle lunaire, m'ont expliqué ces connaisseurs, influence le vin TOUS les jours, même une fois embouteillé, comme la Lune influence les marées.

Autrement dit, vous prenez trois bouteilles du même vin et vous les dégustez à trois moments différents du cycle lunaire, selon que la Lune soit croissante, décroissante, montante ou descendante.

Voici, dans les mots les plus simples possibles, une définition trouvée sur l'internet (cahorsaoc.com/conseils, sur le site de la maison Château Vent d'Autan): «Le vin garde la mémoire de sa vie de raisin sur la vigne et en vieillissant il subit les cycles lunaires et les températures».

Nous voyant dubitatifs, ma copine et moi, devant cette théorie, notre serveur de chez POP nous a raconté que des expériences avec des amis dégustateurs ont démontré hors de tout doute que cycle de la Lune change un vin de jour en jour.

Sur un autre site français (ochato.com), on affirme que «(...) le vin lui aussi puisse subir l'influence lunaire. Pour qui est persuadé que le vin est une matière vivante, cela n'a rien d'incongru. La Lune influence les animaux, les végétaux, et même notre santé et notre alimentation (certains aliments sont mieux digérés tel jour plutôt que tel autre). Pourquoi n'influencerait-elle pas le vin et ses arômes?»

Théorie crédible ou «fabulation de granos», pour reprendre une expression peu flatteuse, entendue récemment?

Dans le milieu du vin, j'ai rencontré quelques personnes qui y croient, mais j'ai aussi interrogé des dégustateurs professionnels pour qui tout cela se résume par un mot: foutaise!

Selon les sceptiques, il s'agit en fait d'une hypothèse élaborée par des adeptes de la biodynamie, un courant qui heurte souvent les puristes de l'école viticole traditionnelle.

Personnellement, j'ai de sérieux doutes. J'ai remarqué que le même vin (même maison, même millésime) bu sur une courte période (quelques semaines) est parfois légèrement différent, mais se pourrait-il que cette différence vienne du dégustateur plutôt que de la bouteille?

La sensation en bouche est influencée par ce que l'on mange ou ce que l'on a bu avant, par nos allergies, par les parfums ambiants et même par notre humeur et notre état général (il faut être patient et bien disposé pour apprivoiser un vin et bien le goûter).

Voilà, le débat lunaire est ouvert...

 

MOINS DE 20$

Montecillo Reserva Rioja 2003, (SAQ: 928440) 20,90$

Permettez une suggestion à un peu plus de 20$ (tout juste!), mais ça vaut bien les 90 cents. Un rioja classique (pruneau, cuir et réglisse) d'une maison fiable. Il en reste peu dans le réseau. À défaut du reserva, son petit frère est recommandable aussi: Montecillo Crianza Rioja 2005 (SAQ: 144493): 17,45$