De retour d'un séjour à l'étranger, vous pouvez rapporter deux bouteilles par personne, mais, aussi bête que cela puisse paraître, il est interdit (théoriquement du moins) de faire de même après une virée en Ontario ou en Colombie-Britannique.

De même, il est interdit de vous faire livrer directement à la maison des vins découverts dans un vignoble canadien hors Québec.

En matière de vin, les lois du commerce interprovincial sont aussi conviviales que le sont en ce moment les relations entre les gouvernements Harper et Charest.

Ajoutez à cela le fait qu'il est beaucoup plus avantageux pour un producteur de l'Ontario ou de la Colombie-Britannique de vendre dans sa propre province et vous comprendrez pourquoi les vins du Canada demeurent, encore à ce jour, plus exotiques que ceux de l'Uruguay ou de l'Afrique du Sud.

Vrai, au surplus, la SAQ n'a pas fait de très grands efforts ces dernières années pour dénicher les vins intéressants (et il y en a de plus en plus) dans les vignobles ontariens et britanno-colombiens.

Avant que les lois ne libéralisent davantage la circulation du vin canadien en sol... canadien, il poussera vraisemblablement encore beaucoup de raisins. À défaut de pouvoir cueillir soi-même de petites perles dans les autres provinces, le nouvel intérêt de la SAQ pour les vins des vallées de l'Okanagan et du Niagara pourrait se traduire par un meilleur choix sur nos tablettes (pour le moment, on ne retrouve qu'une quinzaine de vin de C.-B. à la SAQ).

Il est plus que temps. L'industrie viticole de ces deux régions a grandement évolué depuis trois décennies et si la qualité reste inégale, elle est bien révolue l'époque des affreuses piquettes surchargées de sucre.

Au fil de mes pérégrinations en Colombie-Britannique, au cours des 15 dernières années, j'ai vu (et surtout, goûté) l'évolution d'un vaste vignoble (l'Okanagan). Des maisons comme Burrowing Owl, Quail's Gate, Osoyoos-Larose (dont le «second» vin, Pétale de rose, sera bientôt vendu à la SAQ), pour les rouges, et Blue Mountain, en chardonnay, font honneur à leur terroir.

En Ontario, Le Clos Jordanne (dont les vins sont disponibles ici) produit des pinot noir de grande qualité et Château de Charmes fait un chardonnay réserve qui ne m'a jamais déçu.

La SAQ a dépêché récemment une délégation en Colombie-Britannique à la recherche de nouveaux produits qui pourraient éventuellement se retrouver ici en succursale. Elle offrira par ailleurs une sélection de vin de C.-B. dans un prochain Cellier.

L'opération marketing vise à profiter de l'effet Vancouver 2010 (les Jeux olympiques d'hiver, l'an prochain) pour intéresser les amateurs québécois aux vins de leurs lointains compatriotes.

Le problème pour la SAQ tient souvent aux petits volumes de ces producteurs, qui ne peuvent garantir les niveaux d'approvisionnement nécessaires à la demande.

De plus, les règles fiscales en vigueur en C.-B. font qu'il est plus avantageux pour les producteurs de vendre directement au vignoble.

MOINS DE 20$

Château de Jau Côtes du Roussillon Villages 2004, (Code SAQ: 00972661) 16,55$

En attendant l'été, ici, voici, du sud de la France, un bel exemple de ce que le soleil offre quand il chauffe syrah, mourvèdre, carignan et grenache noir sur un lit de garrigue. Pas le plus grand des vins de ce coin qui gagne à être exploré, mais à ce prix, cela donne une bonne idée de la générosité du terroir.