Goûté à deux reprises, mais dans des circonstances différentes, un même vin... peut sembler passablement différent à un même dégustateur.

Tout joue, en effet: l'endroit où l'on déguste, l'éclairage, la température du vin, celle de la pièce où a lieu la dégustation, le verre utilisé, l'humeur du dégustateur, etc.

Autre circonstance qui influe sur la perception, à mon avis: goûtés et bus dans un sous-sol, les vins gagnent en expressivité, comme j'en ai fait plusieurs fois l'expérience!

C'est-à-dire, du temps que j'habitais une maison pourvue d'un sous-sol où nous avions installé le téléviseur. Il m'arrivait donc d'y achever un verre de vin, lequel me semblait immanquablement un peu plus goûteux qu'au rez-de-chaussée.

Peut-être est-ce une question de pression?

«Je ne comprends pas, me disait récemment une employée de la boutique montréalaise Signature de la SAQ. Pourquoi il vous arrive d'écrire «j'aurais peut-être dû mieux le noter» au sujet de certains vins?»

Elle soulevait ainsi, sans s'en rendre compte, toute la question de la subjectivité du dégustateur.

Car, bien évidemment, il m'arrive, en goûtant de nouveau un vin, de modifier quelque peu mon jugement. Autrement dit, de le trouver meilleur ou moins bon qu'à la première dégustation.

Par souci d'honnêteté, vis-à-vis le lecteur, mais aussi vis-à-vis moi-même, je m'en tiens donc toujours, néanmoins, à la note que j'ai initialement attribuée au vin en question.

Mais, en même temps, je nuance mon jugement.

La remarque comme quoi «j'aurais peut-être dû mieux le noter» veut dire, bien sûr, que le vin dont il s'agit mérite - peut-être, ou même sans doute - une note un peu plus élevée que celle qui figure en fin de description.

Inversement, surtout pour des vins d'un type qu'on affectionne, il arrive qu'on les juge meilleurs qu'ils ne sont réellement.

La remarque suivante - «peut-être me suis-je laissé emporter par l'enthousiasme?» - est alors une façon de rectifier quelque peu le tir.

Fino Tio Pepe Gonzalez Byass, 18,70$ (242669)

Goûtés (et bus!) à Xérès même, les xérès de ce type - les finos - ont une légèreté qui étonne, vu leur teneur en alcool jamais inférieure à 15%. De ce côté-ci de l'Atlantique, ils sont un peu plus colorés, plus denses, car ce sont des vins extrêmement sensibles à l'oxydation. N'empêche, on se régale avec celui-ci, au bouquet pénétrant, dense, aux arômes rappelant fortement... la poussière de craie! Très goûteux, très sec, très long, on le boira en apéritif. À garder au frigo et à boire dans les trois ou quatre jours suivant l'ouverture de la bouteille. Savoureux. 15% (74 caisses). Garde: à boire.

16/20

Pouilly-Fumé 2013 Domaine des Fines Caillottes, 24,60$ (963355)

Vin de Sauvignon blanc, de la Loire, au caractère variétal discret, non boisé, doté, au nez comme en bouche, d'un fruité tout aussi exubérant que séduisant. Pouilly-Fumé au style particulier, ses saveurs sont relevées, avec beaucoup d'éclat, et, en fin de bouche, une bonne dose d'acidité, ce qui lui confère du caractère. Élaboré avec uniquement les levures indigènes, et donc naturellement présentes sur les raisins, son élevage est fait sur lies et dure plusieurs mois. Délicieux. 12,5% (238 caisses). Garde: 2015-2019.

16,8/20

Valle de Uco 2012 Malbec-Terroir Altos Las Hormigas, 23,10$ (12068379)

Le Malbec se plaît en Argentine, comme le montre (une fois de plus) ce beau vin rouge. Bien coloré, il déploie un bouquet de bon volume, harmonieux, de petits fruits noirs, et légèrement épicé (le bois). La bouche suit, dense, relativement corsée, bâtie sur des tannins bien enrobés, avec des arômes rappelant un peu... le goudron en fin de bouche. Fait que de Malbec, son élevage est mené en fûts de réemploi, de chêne allemand et français, dans le cas d'un tiers de la cuvée, les deux tiers restants étant élevés en cuves béton. Très réussi. 14,5% (77 caisses) Garde: 2015-2019?

16,5/20

Montagny 2013 Le Clou Domaine du Clos Salomon, 26,35$ (11890985)

Bourgogne blanc vinifié en pièces bourguignonnes (228 L), dont environ 10% de neuves, sa couleur, caractéristique, est légèrement verdâtre, alors que le bois est pour l'instant bien présent au nez, sans que ce soit excessif. Le vin a du corps et une bonne persistance, avec encore là un boisé bien perceptible, de sorte qu'il serait sage de l'attendre au moins un an, le temps, comme on dit, qu'il digère davantage son bois et gagne en complexité. Très bon. 13% (129 caisses). Garde: 2016-2019.

16/20

Bandol 2010 Domaine du Gros' Noré, 40,25$ (10884583)

D'après l'adage, «tous les goûts sont dans la nature»... Les amateurs de vins corsés, amples, charnus auront ainsi grand plaisir à savourer ce Bandol encore une fois fidèle à lui-même dans ce nouveau millésime. Bien coloré quoique sans rien d'opaque, son bouquet, généreux, mais encore peu nuancé pour l'instant, est marqué par des arômes un peu chocolatés (le bois). Tannique, quoique sans rugosité, un peu chaud sur la langue (l'alcool), on le dégustera avec des plats aux saveurs relevées. Fait surtout de Mourvèdre (80%) comme le veut l'appellation, avec 15% de Grenache et 5% de Cinsault, il a été élevé pendant 18 mois en fûts. Sérieux. 15% (79 caisses). Garde: 2015-2022.

17,2/20