Grand millésime, 2009 a donné, dans le Bordelais, des vins rouges concentrés, amples et même, pourrait-on dire... joufflus.

Autre grand millésime, 2010, de facture plus classique, et que beaucoup d'amateurs préfèrent à 2009, se signale par des vins un peu moins denses, mais aux tannins plus serrés et qui donnent à croire que ces vins vieilliront admirablement.

Or, chose assez curieuse... mais qui l'est sans doute moins qu'on ne le pense (on est en France, et les deux vignobles ne sont pas si éloignés), les mêmes millésimes s'affichent de la même façon en Bourgogne.

Vins généreux et bien en chair dans le cas des 2009, alors que les bourgognes rouges 2010, encore très jeunes, du moins les plus réputés, sont un peu moins charnus, mais, comme on dit, très droits, et éminemment réussis.

Or, chose encore plus fascinante, il semble bien que cette paire de millésimes se présente également avec les mêmes caractéristiques dans le Piémont!

J'en veux pour exemples (sans avoir goûté beaucoup d'autres vins de la même appellation) les deux superbes Barolos 2009 et 2010 de Paolo Scavino, dont il était question dans cette chronique il y a quelques semaines.

Comme à Bordeaux, comme en Bourgogne, le 2009, très concentré, déborde de fruit et de matière, alors que le 2010, impeccablement structuré, mais sans le côté gourmand (pour ainsi dire) du 2009, brille par son classicisme, mais avec une matière fruitée très rare dans cette appellation.

Un dernier exemple, mais cette fois en me fondant sur un seul vin, à savoir ce si beau porto qu'est le Late Bottled Vintage Offley, vendu à prix d'aubaine.

Épuisé, le 2009 était un vin d'une générosité exemplaire, plein d'éclat, concentré, auquel on peut cependant préférer le 2010 présentement en vente, moins dense, mais lui aussi plein d'éclat et aux tannins bien serrés (19,95 $, 483024, noté 16,8/20).

À noter enfin que les millésimes très réussis et qui se présentent par paires sont peu fréquents.

Des exemples qui ont beaucoup fait parler dans le cas du Bordelais: 1928 et 1929, et, plus près de nous, 1989 et 1990.

Et maintenant, 2009 et 2010, mais pas qu'à Bordeaux...

Bourgogne 2013 Chardonnay Louis Latour 19,80 $ (55533)

Même s'ils ont été vinifiés et élevés en cuve inox, certains vins blancs de Chardonnay donnent l'impression, au nez et en bouche, d'être légèrement boisés. Tel est le cas pour ce joli bourgogne blanc, au bouquet franc, charmeur et qui, justement, semble légèrement boisé, sans que ce soit le cas. Équilibré, délicat, ses saveurs sont nettes et il a (comment dire?) le côté gracieux des vins blancs de ce producteur. Vinification et élevage en cuves inox. Très bon. 13 % (691 caisses). Garde: 2015-2017.

16,2

Costières de Nîmes 2013 Cuvée Classique Château des Tourelles 13,95 $ (387035)

Vin rouge de la vallée du Rhône, de corps moyen, son bouquet, discrètement épicé, m'a semblé rappeler... les chocolats fourrés d'une cerise. Vin aux tannins ronds, veloutés, ce sont surtout les fruits rouges qui dominent sur le plan gustatif. 70 % Syrah, 10 % Mourvèdre, 10 % Marsalan et 10 % Carignan, avec élevage en cuves béton et en fûts. Fort bon et à prix doux. 14 % (1535 caisses). Garde: 2015-2016.

15,2

Bourgogne 2013 Les Ursulines Jean-Claude Boisset 25 $ (11008121)

Bien que 2013 ait été un millésime jugé difficile en Bourgogne, ce bourgogne rouge générique s'en tire très bien et, comme toujours, porte la marque de son vinificateur, Gregory Patriat. Vin tout au plus moyennement corsé, et goûté côte à côte avec le Bourgogne nature 2013 du même producteur (beaucoup plus concentré, et à venir), il n'avait pas du tout l'air ridicule. Le bouquet de fruits rouges est net, la bouche, tendre, aimable. L'élevage est mené en pièces bourguignonnes (228 L), dont 10 % de neuves. Délicieux. 12,5% (163 caisses). Garde: 2015-2017.

16

Vin de Pays des Bouches du Rhône 2012 Le Grand Rouge Revelette 35,50 $ (10259745)

D'un pourpre-prune soutenu, quasi opaque, ce magnifique vin déploie un bouquet de grande ampleur, exubérant, de fruits noirs, genre mûres, et rouges, et relevé de notes un peu épicées (le bois). La bouche suit, concentrée, puissante, quoique sans lourdeur aucune, et dotée de beaucoup d'éclat. S'abstenir... si on n'aime que les vins rouges légers. 51 % Syrah, 29 % Cabernet Sauvignon, 15 % Grenache et 5 % Carignan, avec élevage en fûts, dont 10 % de neufs. Grand vin. 13,5% (94 caisses). Garde: 2015-2024.

18,5

Coteaux du Languedoc 2010 Puech Noble Domaine René Rostaing 38,75$ (12167756)

Viticulteur surtout connu pour ses vins d'appellation Côte Rôtie, René Rostaing exploite également un vignoble dans le Languedoc, d'où est issu ce vin. Bien coloré, quoique sans rien d'opaque, son beau bouquet de fruits noirs est dominé par la Syrah, cépage qui compte pour 80% de ce vin, avec 10% de Grenache et 10% de Mourvèdre. Bien en chair, ne manquant pas de corps sans que ce soit un vin puissant, ses tannins sont fermes et un brin astringents. Très bon quand même... quoique on le souhaiterait moins cher. Élevage en fûts dont 20 % de neufs. 13,5 % (109 caisses). Garde: 2015-2019.

16

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12-13 CORRECT

14-15 BON

16-17 TRÈS BON

18-19 EXCELLENT

20 EXCEPTIONNEL