Le travail, souvent dans l'ombre, de nombreuses agences d'importation de vins au Québec est plus que d'être une courroie de transmission entre le vigneron et la SAQ.

Lors de mon entrée professionnelle dans l'univers du vin, à la fin des années 80, j'ai eu le grand plaisir d'être initié aux vins italiens par l'une de ces agences.

Plus précisément par la jeune directrice et copropriétaire de l'agence Montalvin, Natalia Montaruli, qui travaillait depuis 1985 aux côtés de son père. Michel Montaruli avait fondé cette agence en 1969, l'une des toutes premières à importer au Québec des vins de la péninsule italienne. Et pas n'importe lesquels. Que des vins de qualité. Ce qui demeure encore aujourd'hui et plus que jamais la philosophie de l'entreprise Montalvin.

Natalia est décédée, le 12 juillet dernier, à l'âge de 46 ans, à la suite d'un long et courageux combat contre le cancer. Elle laissait dans le deuil ses deux jeunes enfants, Cecilia et Gianmaria, son frère et associé, Jean-Michel, sa fidèle équipe de Montalvin, dont Johane Chaput, en poste depuis 1988, ainsi que de nombreux amis et clients, tous «vaccinés» aux vins italiens par l'amour que leur avait communiqué Natalia.

Au début des années 90, Natalia Montaruli m'avait fait découvrir mes premiers grands crus italiens lors de dégustations qu'elle organisait pour les sommeliers, souvent au Latini, en partenariat avec Moreno De Marchi - autre personnage clé dans mon amour des vins et de la gastronomie de l'Italie. Encore plus important, elle m'a ouvert les portes des vignobles italiens.

Elle m'a permis, en 1992, de visiter quelques-uns de ses artisans, dont le Lombard Maurizio Zanella (de la maison Ca'del Bosco) ainsi que les Vénitiens Fausto Maculan et Roberto Anselmi. Il faut savoir que la maison Anselmi a été la première avec laquelle son père, Michel Montaruli, a conclu une entente pour l'importation de vins, en 1969. Roberto Anselmi est rapidement devenu ami de la famille Montaruli ainsi que de nombreuses personnalités du vin québécoises, et demeure depuis au catalogue de Montalvin.

Plusieurs grandes maisons italiennes ont ainsi été introduites au Québec grâce à Montalvin et à la vision et l'intuition de Natalia: les Farnese, Vistorta, Umani Ronchi, Velenosi, Rocca du Frasinello, Pio Cesare, Baglio di Pianetto, Borgo Scopetto, Caparzo, Capezzana, Fontodi, Isole e Olena, Nino Franco et Jacopo Poli, pour ne nommer que celles-là. Depuis cinq ans, son frère, Jean-Michel Montaruli, s'était joint à l'entreprise, qu'il dirige depuis. Jean-Michel poursuivra avec la même passion l'oeuvre de son père et de sa soeur.

Enfin, en 2000, la famille Montaruli a mis sur pied la Fondation Magnani-Montaruli afin d'honorer la mémoire de deux pionniers, Luigi Magnani et Michel Montaruli, qui, durant toute leur carrière, ont fait la promotion de la cuisine et des vins d'Italie au Québec.

Sa mission est d'assurer, par son action et ses bourses d'étude, l'émergence d'une nouvelle génération de cuisiniers et de sommeliers afin de répondre aux besoins croissants de l'industrie de la restauration italienne au Québec. Cela prouve hors de tout doute l'importance, dans la communauté italienne, du travail de certaines agences d'importation de vins. Grazie mille, Natalia!

MES TROIS COUPS DE COEUR ITALIENS DE MONTALVIN

Il Brecciarolo 2007

Rosso Piceno Superiore, Velenosi, Italie

12,85$ (10542647)  **(*)$ MODÉRÉ+

Très beau et plus qu'abordable rouge des Marches, à base de montepulciano et de sangiovese, signé par l'une des grandes maisons de cette région, s'exprimant par un caractère fruité, d'une grande fraîcheur et digestibilité, aux tanins fins et soyeux, à l'acidité fraîche, au corps modéré et aux saveurs longues qui ont de l'éclat, laissant des traces de grenadine, de cerise et de pivoine. Dommage qu'il ne soit pas en produit courant, il ferait un malheur et serait moins souvent en rupture de stock! Servez-le avec des brochettes de poulet et lardons, des spaghettis sauce bolognaise épicée, un rôti de porc aux épices à steak ou une salade de champignons portobello sautés et copeaux de parmesan.

San Vincenzo Anselmi 2006

Veneto, Azienda Agricola Roberto Anselmi, Italie

15,25$ (585422) ***$ ($) MODÉRÉ+

Plus que jamais, Roberto Anselmi présente un 2009 des plus réussis qui vole au-dessus de la mêlée des vins de cette région. Bien que le San Vincenzo ne soit que cuvée de base, ce vin est vraiment un modèle d'équilibre et de haute définition. Un élevage de six mois en cuves inox, sur lies et avec bâtonnage permet d'en complexifier le bouquet et la texture. Difficile de faire mieux à prix aussi doux. Pureté aromatique, fraîcheur et ampleur en bouche, égrenant de longues et précises saveurs d'agrumes et de noix légèrement grillées, tout en dévoilant son habituelle minéralité électrisante. Sapide et digeste au possible, mais non dénué de corps, il soutiendra une assiette de tomates fraîches et mozzarella à l'émulsion d'huile d'olive et jus de pamplemousse rose, des fettucine Alfredo ou au saumon fumé à l'aneth.

Isole e Olena 2007

Toscana, Isole e Olena, Italie

25,30$ SAQ S (515296) ***(*)$$ CORSÉ

Vous trouverez, comme d'habitude, un chianti ultraraffiné, fortement coloré mais sans excès, richement aromatique, élégant et détaillé, s'exprimant par des notes de framboise, de violette et de prune, aux tanins soyeux, extrafins, à l'acidité juste dosée, au corps presque vaporeux et aux saveurs d'une grande allonge, sans aucune note boisée inutile. Prune, framboise et violette signent le profil aromatique sur lequel vous devez vous appuyer pour mettre en valeur ce cru à table. Les aliments complémentaires à la prune (girofle, anis étoilé, cannelle, lavande, poivre, thé, basilic, eau de rose, canneberge, cassis, vieux fromage gruyère et scotch) et à la violette (carotte, algue nori, framboise, mûre) sont à prescrire. Alors, optez pour un hachis Parmentier de canard au quatre-épices, des pâtes aux tomates séchées et au basilic ou un foie de veau sauce au poivre vert et à la cannelle.

Notez que je serai en vacances jusqu'au 11 septembre.