L'expression «rosé de piscine», désignant un rosé plutôt fluet, comme de la limonade, est quelquefois aussi utilisée pour désigner certains types de rouges tout aussi fluides, qui seraient parfaits pour l'été. Pourtant, qui veut vraiment boire du rouge de «piscine» ?

Bien sûr, quand la chaleur se fait suffocante, on passe au blanc ou au rosé, mais l'été compte son lot de jours de chaleur tout à fait viable et où on peut boire des rouges qui allient le meilleur des deux mondes. C'est-à-dire une certaine fraîcheur et digestibilité, dans un ensemble passablement nourri et inspirant.

La syrah fait partie de ces cépages qui engendrent une large palette de styles de rouges, dont d'innombrables crus pouvant être servis 12 mois par année. Elle permet une kyrielle d'accords avec les recettes dominées par le poivre, tout comme par ses aliments complémentaires, tels, entre autres, l'agneau, l'algue nori, les baies de genièvre, l'olive noire, l'orange, le safran et le thym.

Les inconditionnels des vins de cabernet sauvignon ne sont pas en reste. Dans certaines conditions de culture, à l'image du Médoc, en millésime frais, ce cépage permet l'élaboration de vins rouges ayant une fraîcheur minérale unique, et ce, malgré la puissance de certains de ces crus.

Comme le cabernet possède, dans sa structure moléculaire, de nombreux composés volatils de la famille des pyrazines, et que le chêne des barriques dans lesquelles il séjourne en est aussi pourvu, la piste aromatique est ici toute tracée. Car on trouve les mêmes types de molécules aromatiques dans l'asperge verte, la betterave rouge, les pois verts, les poivrons, les pommes de terre.

Précision «Bières d'été» ...

Dans ma chronique «Cuisine estivale et bières d'été», publiée le 17 juillet, lorsque j'écrivais que «les bières blanches, qui sont de type lager», vous auriez plutôt dû lire que «les bières blanches, qui sont de type ale», connaissant très bien, comme vous vous en doutez, la véritable identité d'une bière blanche!

Aussi, lorsque je faisais allusion à la bière Aecht Schlenkerla Rauchbier Märzen, en écrivant «séchée au feu de bois de chêne», ici, l'étiquette de la bière en question faisait bel et bien mention de bois de chêne, ce qui m'a mis sur une mauvaise piste étant donné que la traduction de l'allemand au français est erronée. Il s'agit plutôt d'un séchage au feu de hêtre.

Mais notez que cette brasserie élabore aussi une autre bière fumée, qui, cette fois-ci, passe par le feu du bois de chêne, la Aecht Schlenkerla Eiche (qui n'est pas offerte à la SAQ). D'ailleurs, toutes deux sont élevées dans des tonneaux de chêne. D'où cet involontaire faux pas dans mon texte initial, dégustant régulièrement cette dernière Aechte Schenkerle Eiche fumée au bois de chêne... De l'allemand au français, en passant par une mauvaise traduction et une bière fumée au chêne et l'autre au hêtre, mais passées par les tonneaux de chêne (ouf!), il y a de quoi en perdre son latin!

Mes quatre rouges d'été

Shiraz Sula Vineyards 2008

Nashik, Nashik Vintners, Inde; 14,10$ (11 201 060)

**1/2 $1/2 CORSÉ

Étonnante nouveauté de l'Inde, provenant du plus important vignoble indien, situé à 180 km au nord-est de Bombay. Vous serez surpris par une shiraz au profil on ne peut plus australien, fortement colorée, aromatique à souhait, passablement riche, pleine, joufflue, dodue, très fumée et boisée, aux longues saveurs éclatantes de fraise, de cassis, de café, de poivre et de cacao. Savoureuse, généreuse et des plus dépaysantes! Les amateurs de vin boisé et généreux seront au comble. Réservez-lui un curry de boeuf à la noix de coco, des brochettes de poulet teriyaki, accompagnées de riz sauvage, ou un sauté de boeuf au gingembre. Tous à base d'aliments complémentaires au boisé des vins, tout comme au poivre et au café.

Les Cranilles 2008

Côtes-du-Rhône, Les Vins de Vienne, France; 16,95$ (722 991)

3 $1/2 MODÉRÉ

Comme à son habitude, cet assemblage de syrah et de grenache est une vraie petite bombe de plaisir. Nez exubérant et plutôt riche, exhalant des tonalités de fruits rouges, de poivre et de torréfaction. Bouche à la fois gourmande et fraîche, gorgée de saveurs festives. À table, cuisinez une recette où dominera l'un des ingrédients complémentaires au poivre (genièvre, olive noire, algue nori, thym, agneau, orange, safran), comme des hamburgers d'agneau à la pommade d'olives noires ou des brochettes d'agneau au thym.

Lou Maset 2008

Coteaux-du-Languedoc Montpeyroux, Domaine Sylvain Fadat, France; 14,95$ (11 096 116)

3 $1/2 MODÉRÉ BIO

De nouveau un vin de plaisir et de soif par excellence pour cette plus qu'abordable cuvée. Du fruit à profusion, mais en mode fraîcheur. Bouche fraîche et aérienne, longiligne et digeste, dotée d'une certaine prise tannique, même si les tanins sont plutôt fins. Un rouge au corps modéré et aux saveurs longues et subtiles, laissant des traces de fruits rouges et de garrigue. Qui dit parfum de garrigue dit romarin. Et qui dit romarin dit aliments complémentaires à ce dernier comme, entre autres, le boeuf, le girofle, la lavande, la cannelle, la sauge, le laurier, le curcuma, la cardamome, le genièvre.

Château Sociando-Mallet 1998

Haut-Médoc, Jean Gautreau, France; 111,25$ (11 233 361)

4,$$$$1/2 CORSÉ

La SAQ a mis en marché cette semaine cinq millésimes de ce grandissime cru. Nez dense et profondément fruité, d'une richesse imposante, au boisé encore présent, mais d'une grande subtilité. On ne peut plus floral pour le cru. Bouche à l'éclat signé Sociando, volumineuse, large, mais aussi fraîche et ramassée, d'une harmonie d'ensemble unique. Superbes tanins réglissés, au grain noble, très serré. Consultez les commentaires des autres millésimes de ce cru à la section Blogue de Chartier, sur mon site francoischartier.ca. Il s'assouplit formidablement devant un magret de canard grillé au BBQ et parfumé, avant cuisson, à la nigelle, accompagné d'asperges vertes grillées fortement à l'huile d'olive et au poivre.