On pense à Bordeaux, à ses grands vins, et on pense à château. Et penser château, cela évoque des images de majesté, de magnificence, de bling-bling et de chasse à courre. Sauf que tous les bons bordeaux ne sont pas inaccessibles.

Ce texte a fait l'objet d'une précision

Le monde entier s'accorde à dire que Bordeaux abrite parmi les plus prestigieux domaines viticoles. Le prix de ces merveilles, souvent, est à l'avenant. Les meilleurs crus classés de Margaux, de Pauillac et de Saint-Julien commandent un débours de plusieurs centaines de dollars. Inaccessibles, dès lors, tous les bons bordeaux rouges que la planète reluque? Pas du tout! Et cela, en grande partie grâce aux crus bourgeois, une catégorie de plus en plus prisée par les amateurs.

Désignant à l'origine, au XVe siècle, les vins élaborés par des habitants du «bourg» de Bordeaux, les vins rouges arborant la mention «Cru bourgeois» doivent aujourd'hui passer par un processus de certification annuel, alors que les «grands crus classés», eux, n'ont jamais été remis en question depuis 1855!

Autrement dit, les éventuels crus bourgeois doivent soumettre, chaque année, leur dernière cuvée à un jury indépendant qui décidera ou non de leur accorder la mention. Pour le millésime 2012 qui commence à arriver dans les magasins, quelque 260 châteaux se sont vu accorder le label. Ensemble, ces crus bourgeois produisent autour de 30 millions de bouteilles, soit près de 40% de la production viticole totale du Médoc.

Une garantie de qualité?

Acheter un cru bourgeois, est-ce une garantie de qualité? En gros, oui. Bien qu'entre les meilleurs et les moins bons, il y ait une marge. Sans compter que certains domaines sont crus bourgeois une année, et le millésime suivant non; parfois, ils le redeviennent deux ans plus tard en réussissant à nouveau l'examen de certification. Cette inconstance ne fait pas que dérouter le consommateur, elle pénalise et indispose plusieurs producteurs, qui choisissent de ne pas revendiquer la mention, de s'en passer et de plutôt compter, pour vendre, sur leur seule notoriété.

Voilà pour le principal bémol. Par contre, et c'est là le plus grand avantage de tous les crus bourgeois, les prix sont bons. À la SAQ, la fourchette va de 25 à 40$, pour l'essentiel.

Atout supplémentaire, les crus des bonnes années (2014, 2012 jusqu'à un certain point 2010, 2009, etc.) vieillissent bien - sur un horizon de 10 à 15 ans, en règle générale.

Château Patache d'Aux 2010

Le Médoc viticole

Les crus bourgeois viennent du Médoc, région située au nord de la ville de Bordeaux et excluant, entre autres, d'autres appellations bordelaises bien connues comme saint-émilion, pomerol, fronsac et pessac-léognan. Ils partagent donc pour l'essentiel le même illustre territoire - et parfois quasi les mêmes réputés terroirs - que les quelque 60 fameux grands crus classés que sont, par exemple, les châteaux Margaux, Latour et Lafite Rothschild.

Le Médoc est aussi le royaume du cépage cabernet-sauvignon, bien que le merlot, plus facile à cultiver et qui donne des vins plus ronds, plus racoleurs, gagne du terrain.

Parlant de géographie, l'amateur qui planifie un voyage dans le Bordelais aurait intérêt à inclure quelques crus bourgeois dans son programme de visites. Plus invitants, moins intimidants et moins touristiques que les prestigieux crus classés, ils mettent souvent en contact avec de véritables vignerons et vigneronnes. Des amoureux du vin, passionnés par leur métier, qui vous accueillent sinon en jeans, du moins sans façon.

Dans un monde qui peut être pincé et collet monté, comme celui du Médoc des grands crus, les crus bourgeois représentent bel et bien une bouffée de fraîcheur. Dans l'esprit comme dans le verre...

Château d'Escurac 2010

DE BONS ACHATS

Parmi les crus bourgeois actuellement en vente à la SAQ, voici quelques suggestions:

> Château Patache d'Aux 2010, 25,95$ (11338226): Serré et prometteur

> Château d'Escurac 2010, 26,15$ (11609559): Puissant et capiteux

> Château La Branne 2009, 20,95$ (11975532): Concentré et charpenté

> Château Lilian-Ladouys 2010, 30,75$ (12339301): Tannique, très saint-estèphe

> Château Lousteauneuf 2010, 26,25$ (00913368): Équilibré et accessible *

> Château d'Arche 2009, 27,65$ (12369331): Goûteux et persistant

* PRÉCISION: ce texte a fait l'objet d'une précision. Le prix de la bouteille de vin Château Lousteauneuf 2010 est de 26,25$ et non de 16,30$ tel qu'il était indiqué dans l'article.

Château La Branne 2009