Les députés britanniques viennent d'accorder aux pubs le droit d'acheter leur bière auprès de n'importe quel fournisseur, au grand dam de certaines grandes entreprises du secteur qui profitaient jusqu'alors de l'exclusivité pour les fournir.

Environ un tiers des tenanciers de pubs du Royaume-Uni louent leur établissement à une grande entreprise, auprès de laquelle ils sont obligés d'acheter la bière. Selon ses détracteurs, ce système dit du «beer tie», vieux de 400 ans, les contraint à payer les boissons plus cher.

Les députés viennent donc d'adopter un amendement, passé mardi soir, rendant leur liberté à ces tenanciers en leur permettant d'acheter les fûts auprès du fournisseur de leur choix. Le gouvernement du premier ministre David Cameron, qui était opposé à la réforme, a subi un revers à cette occasion, des députés de la majorité (conservateurs et libéraux démocrates) ayant choisi de soutenir l'amendement.

Mais la décision n'est pas du goût des «pubcos», ces grandes entreprises qui possèdent les murs des pubs et fournissent leurs gérants en bière.

L'amendement «menace d'avoir involontairement de graves conséquences sur les tenanciers de pubs et le secteur dans son ensemble», a jugé mercredi Simon Townsend, directeur général de la société Enterprise Inns. Son concurrent Punch Taverns estime de son côté que cela pourrait mener à la fermeture de 700 à 1400 pubs avec des milliers de suppressions d'emploi.

Le secteur chutait mercredi à la Bourse de Londres: Enterprise Inns s'effondrait de 15,5% vers 15h00 heures locales, tandis que Punch Taverns perdait 14,2%.

Mais l'association Campaign for real ale (Camra), qui militait pour l'amendement, a salué une loi qui permettra «d'assurer l'avenir des pubs», qui sont nombreux à mettre la clef sous la porte ces dernières années face notamment à la concurrence de l'alcool bon marché vendu par les supermarchés.

«En permettant aux 13 000 tenanciers qui sont liés aux grandes entreprises d'acheter leur bière sur le marché à des prix compétitifs, on aidera les pubs à rester ouverts et à s'assurer que le prix de la pinte reste abordable pour le consommateur», a assuré son directeur Tim Page.

La loi doit encore passer par la chambre des Lords, où elle peut encore être amendée, avant d'entrer en vigueur.