«La ville rose est un peu grise aujourd'hui», a dit l'agente de bord d'Air France en ouvrant la porte de l'Airbus qui venait de faire la liaison Paris-Toulouse.

Il pleuvotait, en effet, et le fond de l'air était frisquet pour la mi-juin, mais une visite chez le caviste, au marché et dans les boutiques de spécialités locales allait bien vite réchauffer l'atmosphère.

On dirait que dans cette ville, tous les petits plaisirs commencent par les lettres c et a, comme canard, cassoulet ou cahors. Quoique curieusement, le vin emblématique du Sud-Ouest, ces riches Cahors faits de malbec, est parfois difficile à trouver dans les restaurants de Toulouse.

Un truc qu'on apprend vite quand on voyage gourmand, c'est qu'un bon caviste fait toujours un bon guide, pas seulement pour les vins, mais pour les bons restos, les marchés, les spécialités. Les cavistes connaissent les restaurateurs, ils les fournissent, ils partagent avec eux leurs découvertes et sont complices de leurs expériences gastronomiques.

Place des Carmes, dans le centre animé de Toulouse, nos pas nous ont guidés naturellement à L'envie, chez un caviste dynamique, qui offre un grand choix de vin au verre en dégustation à moins de deux euros.

L'envie est située (le hasard fait bien les choses) tout juste en face du marché Victor-Hugo, où l'on trouve toutes les spécialités locales.

En quelques coups d'oeil sur les différents étals, on a un tour d'horizon gourmand de tout ce qui se fait de mieux dans la région: saucisse de Toulouse et cassoulet, évidemment, confit de canard, foie gras, rillettes de canard, du roquefort et du rocamadour, des fromages emblématiques de la région Midi-Pyrénées.

On vend aussi le gras de canard au kilo et les fameux fritons de canard en guise d'amuse-bouche pour l'apéro.

Les Toulousains chérissent le gras de canard. «C'est à Toulouse qu'on a le moins de maladies cardiovasculaires en France, grâce au vin rouge, mais surtout parce que nous mangeons beaucoup de gras de canard, qui est un excellent gras pas du tout saturé», dit notre guide avec fierté.

Au-dessus des étals du marché Victor-Hugo, se trouvent les «loges», des restaurants typiquement toulousains offrant les plats régionaux. L'endroit idéal pour déguster un bon cassoulet. Celui de Toulouse, affirme-t-on ici, est meilleur que celui de Carcassonne!

Une autre suggestion de resto: Chez Navarre, installé dans une maison de 500 ans au centre-ville de Toulouse (49, grande rue Nazareth, fermé les fins de semaine).

Jérôme Navarre accueille ses nombreux clients dans une petite salle à manger, à la bonne franquette, sur de grandes tables en bois, où l'on risque fort de se retrouver avec des étrangers.

Bonne bouffe, patron sympa, qui dépose les entrées sur la table, sans cérémonie: terrines, boudin, salade de choux, salade de betteraves et de carottes...

On se sert ensuite à la table des plats principaux, qui changent de jour en jour, selon l'inspiration de Jérôme et des arrivages au marché. Idem pour les desserts.

Ce midi-là: tomates farcies, confit de lapin, gaspacho et à la table sucrée: riz au lait, pruneaux au vin, pain perdu, cake aux bananes.

Le tout, bien sûr, avec quelques verres de vin bien choisis pour faire honneur à la région. On sort de là avec l'envie d'y retourner.

En écoutant Nougaro...

C'est cliché, je sais, mais en marchant dans les rues de Toulouse, je me suis mis à fredonner l'hymne de Claude Nougaro à sa ville natale. Nougaro, mort en 2004, serait, dit-on, le seul Toulousain a avoir obtenu la permission de faire disperser ses cendres dans la Garonne.

Passage obligé: la basilique Saint-Sernin, dont la construction s'est amorcée en 1015, et le couvent qui a vu naître les dominicains, le couvent des jacobins.

En admirant les clochers de ce vieux monument de pierres roses, vous voyez parfois passer dans le ciel les Airbus tout neufs, dont le géant A380, construits à quelques kilomètres, en banlieue.

Les Toulousains aiment bien dire que l'A380 a la même longueur que la cathédrale Saint-Sernin et que son empennage a la même hauteur que la nef. Ce n'est pas rigoureusement exact, mais c'est tout de même un joli clin d'oeil à la riche histoire de cette ville.

Nos bonnes adresses à Toulouse

Cavistes

L'envie, 14, place des Carmes

Chai Vincent, situé dans le marché Victor-Hugo

Maison Busquets, 10, rue de Rémusat

Château Lagrézette (comme le domaine), 2, rue du Rempart Saint-Étienne

Restos et bar à vin

Chez Navarre, 49, grande rue Nazareth

Château Lagrézette, 2, rue du Rempart Saint-Étienne

L'Otium, 9, rue Cujas

Côté Vins: 37, rue Boulbonne