L'acquisition du fabricant américain Motorola Mobility par le géant de l'informatique Google marque la fin de l'indépendance de ce pionnier déchu des téléphones mobiles, mais lui offre un nouveau cadre pour sa survie.

Motorola Mobility est le produit de la scission, intervenue en début d'année, du groupe Motorola, l'un des pionniers de la téléphonie mobile qui avait vu ses positions autrefois dominantes contestées par la montée de Nokia, puis par celle des fabricants de téléphones multifonctions, comme Apple et RIM (BlackBerry).

Face au déclin accéléré de ses positions, le patron de Motorola Mobility Sanjay Jha a tout misé sur le système d'exploitation Android, avec un certain succès commercial.

«Nous avons partagé un partenariat productif avec Google pour l'évolution  (...) d'Android et maintenant, à travers cette association, nous allons pouvoir faire encore plus pour innover et fournir des solutions de mobilité exceptionnelles pour nos appareils portables et pour la maison», a noté M. Jha dans un communiqué lundi.

Cette acquisition «est importante pour la survie de Motorola», qui fabrique aussi des décodeurs et autres périphériques de médias pour la maison, a noté auprès de l'AFP l'analyste Trip Chowdhry, de Global Equities Research.

Le groupe «se retrouvait coincé sur le marché des téléphones portables entre le haut de gamme iPhone d'Apple et le bas de gamme des téléphones équipés d'Android et provenant d'Asie qui se vendent pour moins de 20 dollars», a-t-il noté.

L'opération menée par Google «leur donne au moins plus de temps pour survivre».

De fait Motorola aura tout connu avec les téléphones portables: il a déposé les premiers brevets de la téléphonie mobile dès les années 1970, a longtemps été leader, puis faute d'avoir pris le tournant des téléphones intelligents, il a failli sombrer.

En 2008, le groupe avait prévu de se scinder: d'un côté les équipements professionnels (infrastructure de réseaux, terminaux mobiles pour services de sécurité, lecteurs de codes-barres...), une activité saine et régulière, et de l'autre les téléphones portables, en difficulté faute d'avoir su se renouveler.

Six mois plus tard, ces plans avaient dû être reportés sine die: en chute libre, les téléphones étaient incapables de survivre seuls.

L'opération de cession, relancée en 2010, est effective depuis le 4 janvier. Le groupe a enregistré des pertes lors des deux premiers trimestres.