Les détaillants québécois ayant une forte présence sur l'internet se font rares. Les acheteurs, eux, sont sans cesse plus nombreux. Et bien armés: l'émergence des sites de comparaison des prix permet de trouver, en un coup d'oeil, le produit convoité au meilleur prix. Sauf que souvent, c'est à l'extérieur du pays que ça se trouve.

Les sites de comparaison des prix existent depuis les années 90, mais ils ont commencé à se faire remarquer plus largement il y a cinq ans environ. Aujourd'hui, ils représentent un outil important de promotion pour les détaillants en ligne. Tant Amazon que Google et Microsoft proposent un outil de comparaison de produits qu'ils ne vendent pas eux-mêmes.

«La vitrine d'un commerçant en ligne n'est plus son site web. C'est le comparateur de prix, la place de marché virtuelle... Ils accaparent de 70 à 90% des résultats de recherche. Pour faire de l'argent sur l'internet, un commerçant doit utiliser ces sites», a expliqué la semaine dernière Michel Racat, fondateur de la société française BeezUp, qui aide à vendre des produits sur l'internet.

M. Racat était à Montréal à l'occasion du salon eCom Montréal, afin d'éveiller les entreprises d'ici à la vente sur l'internet. Son message: pour prospérer, il faut être visible, et ces sites offrent une visibilité incomparable. «En France, le commerce électronique est assez mature. Là-bas, l'acquisition de trafic est le nerf de la guerre et les comparateurs de prix sont un outil incontournable.»

Au Canada, un des services de comparaison apparaissant le plus souvent dans les résultats de recherche s'appelle Shopbot. Les bureaux du Groupe Shopbot sont à Québec, mais l'entreprise a des antennes en Australie, au Brésil et en Afrique du Sud.

Au pays, l'achat sur l'internet est historiquement au ralenti: selon le CEFRIO, 25% des Québécois ont fait au moins un achat en ligne cette année, 5% de plus qu'en 2010. Au Canada, près du double a fait la même chose. Aux États-Unis, 85% des internautes ayant magasiné sur l'internet ont fini par acheter le produit recherché.

Si cela représente un défi pour les détaillants québécois, c'est aussi un avantage, puisqu'ils peuvent déterminer les tendances fortes du commerce sur l'internet avant qu'elles ne se manifestent dans le marché local.

Ce que le Groupe Shopbot constate, c'est le manque de compétitivité des commerçants canadiens et québécois quand vient le temps d'annoncer leurs produits sur l'internet. «Le magasinage en ligne est encore jeune au Canada. Au début, les internautes allaient sur des sites américains parce qu'ils ne trouvaient rien de canadien. Aujourd'hui, les choses ont changé, mais les sites américains continuent d'attirer les internautes canadiens en affichant de meilleurs prix», constate Ashley Bienvenu, directrice nationale des ventes pour Shopbot.

À ce sujet, Michel Racat, qui a lui-même été détaillant en ligne dans une vie précédente, avoue qu'un commerçant ne peut pas avoir le meilleur prix sur tous ses produits, mais qu'il doit choisir ceux qui, dans son catalogue, le démarquent de la concurrence. «En faisant la promotion de quelques bons produits seulement, ça peut faire exploser le chiffre d'affaires tout en minimisant les coûts de l'opération.»

«Ces sites sont si efficaces que des commerçants n'ont même pas de site web. Ça réduit le risque d'être sur l'internet», conclut le jeune homme d'affaires français.