Les dangers qui guettent les enfants sur internet, même si l'image classique du prédateur sexuel est peu conforme à la réalité, ne peuvent être combattus uniquement par des moyens technologiques, selon un rapport publié mercredi aux Etats-Unis.

La réduction des risques pour les enfants dépend largement de l'environnement familial, de l'éducation et des politiques publiques, estime un groupe d'experts, représentant les principaux groupes de nouvelles technologies, qui devait présenter ce rapport mercredi lors d'une conférence annuelle consacrée à internet à Washington. «Nous sommes arrivés à la conclusion qu'il n'existe pas de solution technique imparable face aux inquiétudes concernant la sécurité des enfants sur internet», écrit Adam Thierrer, de la Fondation liberté et progrès (Freedom and Progress Foundation), l'un des membres du groupe d'experts.

«La technologie peut seulement s'ajouter, mais jamais remplacer l'éducation et les conseils».

Baptisé Internet Safety Technological Task Force, ce groupe est formé notamment de représentants de Google, Microsoft, Yahoo!, Facebook, MySpace, Symantec ou encore de Linden Labs, qui a créé l'univers virtuel Second Life.

La promesse du président élu américain Barack Obama de nommer un responsable chargé des questions technologiques au niveau national est un signe de la volonté de la prochaine administration de jouer un rôle actif dans la sécurité sur internet, note le rapport, publié par le Berkman Center for Internet ans Society de l'université Harvard.

Mais «même en déployant les meilleurs outils et les meilleures technologies disponibles pour (...) améliorer la sécurité des mineurs en ligne, rien ne remplace un parent, un tuteur ou un adulte responsable quel qu'il soit, pour guider un enfant et l'aider à utiliser internet en toute sécurité», souligne le rapport.

«Même si la technologie a un rôle à jouer, ce rôle doit faire partie d'un ensemble de solutions plus large impliquant tous les secteurs de la société responsables de la protection de nos enfants sur internet», ajoute-t-il.

Ses auteurs battent cependant en brèche l'image classique du prédateur sexuel, en soulignant que si un mineur sur cinq fait l'objet d'avances sexuelles par le biais d'internet, 90% de ces avances sont le fait de personnes du même âge ou à peine plus âgées.

«L'image véhiculée par les médias, d'un homme plus âgé qui s'en prend à un jeune enfant en le trompant, n'est pas une image juste de la nature» des dangers qui guettent les enfants en ligne, selon le rapport, qui juge que «le plus préoccupant, ce sont les avances sexuelles entre mineurs».

Beaucoup de ces sollicitations en ligne entrent dans la catégorie du harcèlement et dans plus des deux-tiers des cas elles ne débouchent pas sur des rencontres réelles.

Et le pourcentage de jeunes qui disent avoir fait l'objet d'avances sexuelles sur internet a diminué, passant de 19% en 2000 à 13% en 2006, selon des chiffres cités par le rapport, qui note que les forums de discussions et la messagerie instantanée sont les outils les plus fréquemment utilisés dans ce but et que les risques n'ont en revanche pas augmenté avec les sites de socialisation.

Les adolescents de 15 à 17 ans sont les plus enclins à prendre des risques sur internet, mais les enfants les plus en danger sur internet sont aussi ceux qui sont le plus souvent victimes d'abus sexuels dans la vie.

«L'une des principales découvertes de l'étude est que les enfants ne sont pas différents sur internet et dans leur vie réelle», conclut ainsi le géant américain des télécoms AT&T dans sa contribution au rapport.