La Canadienne Beckie Scott est la seule athlète de l'histoire des Jeux olympiques à avoir obtenu le bronze, l'argent et l'or pour la même épreuve, et l'ancienne fondeuse, aujourd'hui membre de l'Agence mondiale antidopage (AMA), veut s'assurer qu'elle sera la dernière.

«Ce qui m'importe le plus est de protéger le droit des athlètes propres à participer à une compétition qui se déroule à armes égales», souligne l'ancienne sportive qui siège au conseil de fondation de l'AMA.

Car à Salt Lake City, en 2002, la skieuse de l'Alberta ne se faisait guère d'illusion sur les Russes Larissa Lazutina et Olga Danilova qui avaient écrasé la poursuite et la précédaient sur le podium.

«Je trouvais cela cynique qu'elles courent comme des athlètes propres. L'équipe russe, surtout féminine, avait connu plusieurs cas de contrôles positifs dans les années précédant les Jeux. En voyant la manière dont elles dominaient les courses, c'était difficile de croire qu'elles ne prenaient rien», raconte la première Canadienne médaillée olympique en fond.

Le jour de la clôture des Jeux, alors que la camionnette de l'équipe est prête à rentrer, la fondeuse reçoit un appel: les deux Russes ont été contrôlées positives à une nouvelle EPO. «Je me suis dit, c'est fantastique, je vais avoir l'or, poursuit-elle. Mais j'étais naïve».

La frustration de l'entraîneur

L'or, Beckie Scott finira par l'avoir, deux ans plus tard. D'abord à l'automne 2002, c'est une médaille... d'argent qu'elle reçoit. La Fédération internationale de ski (FIS), apprenant qu'une des Russes avait déjà été testée positive avant les Jeux, décide de la rayer du classement. Les médailles sont ainsi réattribuées.

«Le Comité international olympique (CIO) lui ne voulait pas redistribuer les médailles. Trois fondeurs norvégiens étaient aussi concernés par le cas de l'Espagnol Johann Mühlegg qui avait été testé positif. Avec le comité olympique canadien et celui norvégien, nous avons saisi le Tribunal arbitral du sport (TAS)», explique la championne.

Le tribunal leur donne raison en décembre 2003 et en avril suivant, une petite cérémonie protocolaire a lieu à Vancouver pour lui passer l'or autour du cou. «J'espère que cela n'arrivera à personne d'autre», dit Beckie Scott qui, avant cette saga, a vécu d'autres moments dans sa carrière où elle s'est sentie volée.

Pour faire avancer les choses, elle est devenue en 2006 l'une des représentantes des athlètes au sein du CIO. «Ironique, n'est-ce pas ?», dit-elle en riant.

Depuis Salt Lake City, elle note que des progrès ont été faits dans la politique antidopage. Tout n'est cependant pas parfait, comme lui rapporte son mari, entraîneur de l'équipe américaine: «Je vis maintenant la frustration du côté de l'entraîneur. Un de ses athlètes finit toujours 4e ou 5e, et on peut se poser de grosses questions sur certains parfois devant. Il est un de ceux qui pressent pour que les athlètes propres puissent avoir leurs chances».