Il y a quelques mois, quand Marie-Michèle Gagnon s'imaginait aux Jeux olympiques de Vancouver, sans doute qu'elle s'y voyait en compagnie de sa coéquipière et bonne amie Geneviève Simard. Mais ce ne sera pas le cas puisque la skieuse de Val-Morin a soudainement annoncé sa retraite, le 20 janvier.

Même si Simard a connu divers problèmes au genou et peiné grandement à retrouver la forme au cours des deux dernières saisons - c'est ce qui l'a incitée à prendre sa retraite -, il est fort probable qu'elle aurait été sélectionnée dans l'équipe olympique de ski alpin. De toute évidence, elle faisait partie des plans puisqu'elle a droit à sa biographie dans le guide de presse de la délégation canadienne des JO de 2010.

Gagnon et les trois autres skieuses québécoises de l'équipe technique canadienne - Anna Goodman, de Pointe-Claire, Marie-Pier Préfontaine, de Saint-Sauveur, et Brigitte Acton, de Mont-Tremblant -, ne pourront donc compter sur ses conseils et sa présence rassurante cette semaine à Whistler Creekside.

«C'est sûr que c'est plate de ne pas l'avoir ici, mais notre concentration reste la même, a indiqué Gagnon à quelques heures du slalom géant féminin de mercredi. C'est vrai qu'elle était la meneuse de l'équipe, elle a beaucoup amené au ski, au Québec et au Canada. En technique, c'est elle qui avait le plus d'expérience sur le circuit de la Coupe du monde, et elle m'a déjà montré beaucoup de choses la saison passée. Mais ça ne change pas vraiment notre approche en vue des Jeux.»

«Grand-mère» et «jeunesse»

Lors d'un entretien avec La Presse Canadienne avant le début de saison, Simard avait indiqué s'entendre «super bien» avec Gagnon.

«Il y a une certaine affinité, avait alors souligné Simard. On s'est souvent retrouvées les deux toutes seules en slalom géant à la Coupe du monde. On s'entend bien, on se pousse aussi l'une l'autre à l'entraînement. Moi, je ne veux pas me faire battre par une jeune et elle, j'imagine qu'elle ne veut pas que la vieille continue d'être devant.»

«On s'entendait bien, a corroboré Gagnon cette semaine. Elle est vraiment sympathique. Elle aime ça avoir du plaisir. On aimait rire ensemble. On imitait de drôles de voix, on poussait des drôles de rires, et ça nous faisait rire encore plus.»

Les deux skieuses n'hésitaient pas non plus à se taquiner, notamment à propos de leur différence d'âge. Gagnon a 20 ans et Simard, 29.

«Je l'appelais la grand-mère et d'autres noms aussi», a reconnu Gagnon, sans oser préciser quels étaient les autres surnoms qu'elle lançait à l'endroit de Simard.

Cette dernière, toutefois, n'avait pas hésité à donner des détails lors de son entretien d'il y a quelques mois.

«Elle m'appelle 'grand-maman' ou 'matante', et moi je l'appelle 'jeunesse', je lui dis de respecter les aînées», avait alors raconté Simard, tout en soulignant que c'était pour s'amuser.

«On a neuf ans de différence. Dans la vie ce n'est pas beaucoup, mais en ski, c'est beaucoup. En Nouvelle-Zélande cet été (lors d'un camp estival), on en parlait justement. Quand j'ai fait ma première Coupe du monde en 1997, Marie-Michèle avait huit ans, avait alors raconté Simard. Mais il n'y a pas tant de différence au niveau des personnalités. On passe du temps ensemble et on a de bonnes discussions.»

La mauvaise fortune de Simard l'aura amenée à prendre sa retraite et à mettre fin à ces moments privilégiés. Celle-ci a continué de suivre ses anciennes coéquipières toute la saison, comme en font foi ses nombreux commentaires sur Twitter, mais ce ne sera pas le cas pendant cette deuxième semaine des Jeux. Simard est présentement en Jamaïque, loin des JO, loin de tout.

Tout près de l'arrivée

Outre Gagnon et Préfontaine, Britt Janyk, de Whistler, et Shona Rubens, de Canmore, en Alberta, sereont probablement les skieuses canadiennes appelés à disputer le slalom géant féminin de mercredi.

À l'approche de la course, Gagnon a reconnu qu'elle ne ressentait pas encore véritablement l'atmosphère des Jeux... à une exception près.

«On ne s'en rend pas encore compte. (Lundi), on s'est entraînées avec d'autres équipes, on se sentait encore comme dans n'importe quelle Coupe du monde. Il n'y a rien de différent à date, a-t-elle indiqué. Mais lorsqu'on va voir les gradins remplis de monde, je pense que ça va être un peu différent.»

Gagnon en a eu un avant-goût pendant le super-combiné masculin de dimanche, quand ses coéquipières et elle, arrivées à Whistler la veille, ont regardé la course à la télé dans la résidence de l'équipe canadienne féminine. Celle-ci se trouve tout près de la ligne d'arrivée du tracé de Whistler Creekside.

«On regardait la télé et quand on ouvrait la porte, on pouvait entendre la foule crier, a décrit Gagnon. C'était vraiment cool.»

La famille Gagnon y sera

Mercredi, une bonne partie de la famille Gagnon sera dans les gradins pour encourager Marie-Michèle pendant le slalom géant. À commencer par ses parents Daniel et Marie-Luce, mais aussi sa soeur Andréanne et son frère Marc-Etienne, ainjsi que son ami de coeur Travis Ganong, un skieur américain de 21 ans qui a disputé quelques étapes de la Coupe du monde mais qui évolue surtout en Nor-Am pour l'instant.

À la blague, Ganong a dit s'attendre à deux podiums. Mais tous s'entendaient pour dire que leur Marie-Michèle était «déjà championne dans nos coeurs».

C'est toutefois Marc-Etienne qui le mieux su aller à l'essentiel: «Grâce à elle, on a eu des dîners gratuits... Alors c'est déjà réussi. Merci Mimi!»