Même si elle ne remettra pas les skis avant la fin de l'été prochain, Kelly VanderBeek va pouvoir participer aux Jeux olympiques d'hiver et côtoyer ses coéquipières de l'équipe canadienne de ski alpin au cours des deux prochaines semaines.

Mais au lieu de prendre part aux épreuves de descente et du super-G, comme elle l'avait fait aux JO de Turin en 2006, c'est à titre d'analyste à la télé canadienne anglophone qu'elle participera aux Jeux.

Remarquez qu'elle aurait été tout aussi à l'aise de le faire à la télé francophone. Cette femme de 27 ans qui a grandi à Kitchener, en Ontario, et réside maintenant à Chilliwack, en Colombie-Britannique avec son olympien et kayakiste de mari David Ford, parle un français impeccable. Elle ferait même rougir un bon nombre de non-francophones ayant vécu toute leur vie dans la Belle Province.

«Ma mère vient de Montréal et d'une famille qui a de longues racines au Québec, jusqu'à ses grands-parents et ses arrière-grands-parents. Même si elle a surtout parlé anglais le temps qu'elle a passé là-bas, jusqu'à l'âge de 18 ans, elle a toujours gardé le désir de voir ses enfants parler français», a-t-elle expliqué lors d'un entretien avec La Presse Canadienne.

Même si la petite famille VanderBeek était installée à Kapuskasing, dans le nord de l'Ontario, Kelly, sa soeur Laura et ses frères Mark et Jeff sont allés à l'école française. Déménagée à Kitchener à l'âge de six ans, Kelly a continué d'étudier en immersion française.

«J'ai quand même perdu beaucoup de mon français par la suite, note VanderBeek. D'ailleurs, aujourd'hui, ma soeur et mes frères ne parlent plus très bien le français. Mais à mes trois premières années dans l'équipe canadienne de la Coupe du monde, il y avait plusieurs skieuses québécoises dans l'équipe, comme Mélanie Turgeon et Anne-Marie Lefrançois, tandis que Piotr Jelen et Serge Dugas étaient entraîneurs. Tout se passait en français - les réunions, les rapports de course. J'ai beaucoup appris pendant cette période-là.

«Et je continue d'y travailler. Chaque année, je lis un ou deux romans en français, je cherche à m'améliorer. J'aime cette langue, elle est tellement belle...»

A 0,03 d'une médaille

VanderBeek a une élégance digne d'un grande dame, mais en même temps une simplicité, une humilité et un sens de l'humour terre à terre qui la rendent accessible et sympathique. Ils auraient été plusieurs à lui souhaiter, à Whistler, d'améliorer d'au moins un rang sa prestation des Jeux de 2006.

Elle avait alors terminé au quatrième rang du super-G, ratant une place sur le podium par un petit trois centièmes de seconde.

«J'ai alors vécu des émotions partagées. C'était le meilleur résultat de ma carrière et en même temps j'étais tout près d'une médaille. C'était tellement inattendu, j'ai skié bien au-delà de mon niveau habituel, dit-elle de cette journée. Aujourd'hui, c'est difficile de réaliser que je suis venue si près. Dire que je pourrais avoir une médaille olympique chez moi en ce moment...»

VanderBeek devra attendre quatre ans encore avant de corriger le tir. Elle a dû oublier les Jeux quand elle a subi des déchirures à plusieurs ligaments du genou lors d'une chute. C'est arrivé à la mi-décembre lors d'une descente d'entraînement à Val d'Isère, en France.

«Pour l'instant, je me déplace encore en béquilles. J'espère pouvoir recommencer à marcher sans elles dans quatre semaines, a-t-elle indiqué. Mon retour sur les pentes est prévu pour le mois d'août ou septembre.»

Foncer au lieu de fuir

Certains athlètes dans sa situation auraient peut-être préféré aller se cacher dans le fond d'un bois pendant la quinzaine olympique, question de ne pas exacerber leur déception de ne pas y être. Mais pour VanderBeek, pas question de rater cette chance d'être sur place, d'autant plus que ça se passera tout près de chez elle.

«A mes yeux, ça allait de soi que je vienne ici, a-t-elle dit. Ce ne sera pas en tant qu'athlète, mais ce n'est pas à tous les jours que les Jeux ont lieu dans ton pays. Je vais pouvoir parler à mes coéquipières à tous les jours, je vais être ici pendant toute la durée des Jeux et ma famille va même venir me rejoindre, alors c'est formidable.»

Alors que bien des athlètes semblent intimidés par l'immensité des Jeux, ce n'est pas le cas de VanderBeek.

«C'est quelque chose qu'il faut accueillir à bras ouverts, a-t-elle affirmé. Si tu essaies d'y résister, tu vas avoir de gros problèmes. Parce qu'on en parle partout. Les Jeux olympiques suscitent avant tout la passion que j'ai en moi. Ca n'a jamais été un élément négatif à mes yeux. C'est la raison pour laquelle je suis devenue une athlète. C'est le sommet des sommets.»