Bill McCreary décerne des pénalités et accorde des buts dans la LNH depuis 26 ans déjà.

Ceux à qui le nom ne dit rien, ou pas grand chose, reconnaîtront rapidement McCreary si vous leur parlez de l'arbitre à la grosse moustache et aux sourcils fournis aussi noirs que son casque protecteur, ou de celui qui a la manie de faire virevolter la rondelle avant de déposer la mise en jeu initiale lors d'un match.

Un rituel qui prendra fin en séries éliminatoires, le printemps prochain, alors que l'Ontarien de 54 ans accrochera son sifflet en même temps que ses patins après avoir dirigé tout près de 2000 matchs de saison régulière et de série dans la LNH.

Mais d'ici à la dernière vrille précédant une mise en jeu, d'ici au dernier coup de sifflet, McCreary s'assure de savourer ce qu'il lui reste à savourer.

Derrière l'arbitre sévère, voire autoritaire, qui sillonne les patinoires de la LNH, se cache un homme enjoué et un grand amant du hockey comme l'a constaté La Presse qui a rencontré l'arbitre avant le match Canada - États-Unis, dimanche, à Vancouver.

«Ça va être tout un match», a lancé McCreary qui n'agissait pourtant qu'à titre de remplaçant.

«J'adore le hockey. Si je ne suis pas sur la patinoire pour officier un match, je suis devant une télé quelque part pour regarder une partie. Je ne rate jamais un soir», lance l'arbitre.

Jamais?

«Jamais! Ou très rarement», assure-t-il.

Après une carrière non convaincante dans les rangs juniors, avec les Hawks de Ste-Catherines d'abord et les Spitfires de Windsor dans la Ligue de l'Ontario, Bill McCreary tenait à rester dans le monde du hockey.

Piloter une Zamboni ne l'intéressait pas trop.

Il a donc opté pour l'arbitrage.

Après l'apprentissage normal dans le hockey mineur à Guelph et un passage obligé de deux ans dans les ligues mineures professionnelles, McCreary débarque à Washington où les Capitals reçoivent les Penguins de Pittsburgh et un jeune joueur prometteur du nom de Mario Lemieux.

«J'étais un joueur de hockey très ordinaire. En fait non. Je n'étais carrément pas bon. Ma carrière m'aura permis de partager la patinoire avec quelques-uns des plus grands joueurs de l'histoire», assure l'officiel.

Le meilleur? En bon officiel, McCreary s'assure de demeurer neutre.

«Je n'arrive jamais à mettre le doigt sur un gars. En près de 30 ans, j'ai traversé trois grandes époques: celle de Guy Lafleur, Marcel Dionne, Larry Robinson et Peter Stastny, celle de Wayne Gretzky, Mario Lemieux, Joe Sakic, Steve Yzerman et celle des jeunes vedettes d'aujourd'hui qui sont des joueurs époustouflants.»

Et même s'il s'assure d'être le plus droit et objectif possible sur la patinoire, McCreary admet candidement que des fois, il sourit devant la beauté d'une feinte, l'acrobatie d'un arrêt.

«Je ne me suis jamais gêné pour féliciter un gardien, pour dire à un défenseur qu'il a fait une bonne passe ou pour passer une remarque après un but particulièrement impressionnant. Et je pense que cela m'a toujours aidé à pouvoir compter sur le respect des joueurs.»

Inversement: les joueurs ont-ils le droit de passer des commentaires sur le travail de McCreary?

«Tant qu'ils ne me parlent pas de ma mère, de mon épouse ou de mes enfants, je suis capable d'en prendre...»

Bill McCreary participe à ses quatrièmes Jeux d'hiver.

Natif de Guelph, en Ontario, Bill McCreary était sur la patinoire pour la médaille d'or du Canada en 2002 à Salt Lake City.

Il espère être du match de médaille d'or à Vancouver également. Une décision qui revient toutefois aux dirigeants de la Fédération internationale de hockey sur glace.

Cet honneur s'ajouterait à ses 14 finales de la coupe Stanley, dont 11 matchs décisifs au terme desquels McCreary s'est toujours assuré de prolonger son séjour sur la patinoire afin de voir le précieux trophée être soulevé et porté à bout de bras autour de la patinoire.

Bill McCreary sera l'un des trois officiels de la LNH à accrocher sifflet et patins à la fin de saison. Les autres sont Kerry Fraser et Dan Marouelli.

C'est à Toronto et non à Montréal, comme plusieurs autres officiels l'ont fait par le passé, que McCreary disputera son dernier match.

«J'ai vécu la belle époque Canadien-Nordiques, les colères de Michel Bergeron pour qui j'ai toujours eu beaucoup de respect. Je ne comprenais pas ce qui se disait, mais je comprenais la rivalité qui opposait ces deux équipes. De beaux souvenirs. C'est ce qu'il me restera après ces Jeux, et après ma saison.»