Steve Bossé a comparu hier devant deux juges administratifs de la Régie des alcools, des courses et des jeux pour l'obtention de son permis de boxe en vue du gala du 20 juillet contre Jean Pascal.

Voici rapidement la raison de cette audience. En 2010, la Régie avait rejeté une demande de permis de Bossé sur la base de liens avec des relations des Hells Angels. On lui reprochait sa proximité avec Dan Fontaine.

La Régie avait finalement accepté de lui octroyer son permis, six semaines plus tard, après une série de promesses. Or, le 20 juin dernier, Bossé a fait une demande de permis, et il a été porté à l'attention de la Régie que Bossé entretenait encore des liens très serrés avec Fontaine. Plusieurs fois au cours des dernières semaines, le boxeur a parlé de Fontaine comme étant « son agent ». Dans tous les cas, Fontaine est actif dans la promotion du gala et touchera une partie de la bourse de Bossé.

La Régie a donc demandé à la Sûreté du Québec (SQ) d'enquêter sur de possibles liens entre le crime organisé et l'organisation de la soirée de boxe du 20 juillet.

C'est là-dessus que l'avocate de la Régie, Joliane Pilon, a bâti son argumentaire. Elle a appelé comme témoin le sergent Alain Belleau, expert de la SQ en matière de motards criminalisés. M. Belleau a tenté d'établir un lien entre Fontaine et les motards criminalisés.

« C'est une personne d'intérêt du renseignement criminel en lien avec des bandes de motards hors-la-loi », a-t-il expliqué.

Une partie de sa preuve remontait à 2009, quand Fontaine avait été aperçu à la même table que Martin Chaput et Danny Couillard lors d'un événement d'arts martiaux mixtes à Laval. Bossé était attablé avec eux. Ces deux personnes étaient ciblées par le projet Carcan, qui enquêtait sur les activités des motards criminalisés dans la région de Saint-Jean.

Chaput a fini par écoper de 73 mois de prison, Couillard, de 36 mois. Le sergent Belleau a dressé la liste des communications entre Fontaine et les deux accusés : 35 visites en prison et 613 appels entre 2012 et 2018 pour Chaput, 56 appels entre 2012 et 2014 pour Couillard.

En 2009, Fontaine a aussi été aperçu à une fête d'un ancien membre des Jokers de Saint-Jean, club-école des Hells Angels de Trois-Rivières.

Fontaine lui-même a été arrêté dans le projet Muraille de la SQ, avec condamnation à la clé en janvier 2017 pour trafic de stéroïdes. Les agents ont trouvé à sa résidence des milliers de comprimés lors d'une perquisition, a expliqué M. Belleau.

En conclusion, après avoir dressé le lien entre Fontaine et le crime organisé, puis entre Fontaine et Bossé, la Régie a soulevé le doute que Fontaine « ait pu avoir une influence sur l'organisation du combat ». C'est exactement sur cette présomption que l'avocat de Steve Bossé, Martin Pichette, a contre-attaqué.

CONTRE-INTERROGATOIRE

Comment l'influence du crime organisé s'était-elle fait sentir concrètement sur l'organisation du gala ? L'agent Belleau ne savait pas. Il a toutefois expliqué, en se basant sur des exemples passés, que c'était souvent leur manière d'opérer.

Bossé avait-il lui-même des liens avec Chaput et Couillard ? La réponse est non, admet le sergent. Pourquoi alors était-il présent à leur table en 2009 ? Bossé a expliqué lorsque interrogé qu'il avait lui-même acheté une table pour la soirée, mais que toutes les chaises n'étaient pas occupées. Fontaine s'est proposé pour les remplir.

Bossé a-t-il lui-même un dossier criminel ? Non.

Au sujet de sa relation avec Fontaine, Bossé a admis que c'était un « bon ami » d'abord et avant tout. Il est devenu « conseiller et mentor » lorsque Fontaine a négocié avec le promoteur Yvon Michel les termes d'un contrat de quatre combats pour Bossé. Le boxeur avait d'ailleurs songé à la retraite en raison de blessures aux épaules, et pour se concentrer sur son métier de pompier, avant que Fontaine ne lui obtienne un combat contre Jean Pascal.

À la fin de la séance, Bossé a été questionné sur sa liste de 12 commanditaires pour le combat. Bossé a trouvé lui-même 9 commanditaires, Fontaine 2, et Jean-Marc Émond, le dernier, qui est un employeur reconnu de membres des Hells Angels. Bossé jure qu'il ne savait pas.

Bref, la Régie a tenté de faire le lien entre Bossé et Fontaine, puis entre Fontaine et le crime organisé, pour soulever la possibilité d'un lien entre le crime organisé et l'organisation du gala. L'avocat de Bossé a pour sa part insisté sur le fait que Bossé n'avait rien à se reprocher personnellement et qu'il était impossible de confirmer que le crime organisé avait influencé l'organisation du gala.

Round 2 mardi prochain en après-midi.