Afin de donner un second souffle à sa carrière, Jean Pascal a pris l'une des décisions «les plus difficiles» de sa vie en cessant sa collaboration avec Marc Ramsay pour se tourner vers Freddie Roach.

«Ce n'est surtout pas en raison d'un manque de compétences de Marc Ramsay ou d'un manque de confiance en lui, a tenu à préciser Pascal. Il a dirigé deux champions du monde - David Lemieux et moi-même - et il en entraînera d'autres prochainement. Mais je pense qu'après 20 ans d'association avec lui, il était temps pour moi de tourner la page, de donner un nouvel élan à la suite de ma carrière.»

Pascal (30-3-1, 17 K.-O.) songeait à ce changement depuis sa défaite subie en mars dernier face à Sergey Kovalev, qu'il devrait retrouver le 30 janvier prochain. Il a visité quelques gymnases au cours des derniers mois, mais c'est vraiment en se rendant au Wild Card Gym, propriété de Roach, qu'il a trouvé ce qu'il cherchait.

«Je voulais un entraîneur qui ressemble à Marc Ramsay: qui prend soin de ses athlètes, qui est dédié à son sport, avec une tête sur les épaules et un homme qui a été dans les plus hautes sphères de la boxe. (...) Je voulais aussi un entraîneur qui s'est occupé d'un boxeur de mon calibre, qui avait déjà entraîné les meilleurs au monde. C'est pour ça que mon choix s'est arrêté sur Roach.»

Pascal a ajouté que Ramsay a bien accepté sa décision et le boxeur insiste pour dire qu'il n'a pas rompu les liens avec son ex-entraîneur, qui est «comme un père et un ami» pour lui.

«Ça faisait déjà un petit bout que Jean se magasinait un nouvel entraîneur, même que j'en avais discuté souvent avec lui, a indiqué Ramsay à La Presse Canadienne. Tout de suite après le combat contre Kovalev, j'avais même mentionné que c'est peut-être quelque chose qui lui ferait du bien que d'avoir une nouvelle perspective sur sa carrière. Mais il avait eu de la difficulté à trouver exactement ce qu'il voulait. De mon côté, la porte n'a jamais été fermée, mais à mes conditions. (...) D'ailleurs, il est à côté de moi, en train de s'entraîner au gym présentement.»

Mais pas de là à être dans son coin le 30 janvier, comme l'a laissé entendre Pascal.

«Non. J'aime être fier de mon travail que je présente aux gens au Centre Bell, mais ce doit être mon travail, a noté Ramsay. Ce sont les gars de Freddie Roach qui seront dans son coin contre Kovalev. Mais la porte est ouverte pour toute autre aide que je pourrais lui apporter.»

Roach, intronisé au World Boxing Hall of Fame depuis 2006 et au International Boxing Hall of Fame depuis 2012, a reçu le titre d'entraîneur de l'année en 2003, 2006, 2008, 2009, 2010 et 2013. Après une carrière dans le ring (40-13-0, 13 K.-O.), Roach est devenu l'entraîneur d'une trentaine de boxeurs et d'athlètes, dont Oscar De La Hoya et Julio Cesar Chavez fils.

Lucian Bute a par le passé tenté une association avec le réputé entraîneur - qui s'occupe actuellement de Manny Pacquiao et Miguel Cotto, entre autres -, mais il s'est avéré qu'il n'avait pas suffisamment de temps à lui consacrer. Pascal craint-il un scénario semblable?

«Je l'ai demandé à Freddie, s'il avait du temps pour moi, car je ne me considère pas comme un plan B. Dans ma tête, je suis au même niveau que Cotto, "Canelo" Alvarez et les autres grands de ce monde, a répondu Pascal. C'est un entraîneur qui prend son travail très au sérieux et qui ne voudrait surtout pas ternir sa réputation avec moi. Alors c'est certain qu'il va m'entraîner de façon adéquate et qu'il sera là à 100 %.»

Ramsay, lorsque questionné sur ses engagements futurs à la suite de la défaite de Lemieux face à Gennady Golovkin en octobre, s'était montré évasif quant à sa présence dans le coin de Pascal pour ce combat revanche face à Kovalev. L'entraîneur avait alors déclaré qu'il devrait avoir une «très sérieuse discussion» avec son boxeur et n'était pas convaincu qu'il s'agissait de la meilleure voie à emprunter. Lundi, Pascal a affirmé qu'il n'y avait pas de mésentente au sujet de ce combat entre Ramsay et lui.

«J'ai eu une très bonne discussion avec Marc, qui croyait que je n'étais pas sérieusement à l'entraînement puisqu'il ne me voyait pas au gymnase, a raconté le boxeur de 33 ans. Il pensait que j'étais chez moi. Mais je lui ai dit que j'étais à l'entraînement, mais à l'extérieur du pays, à L.A., à Philadelphie, à Las Vegas... Lui se demandait comment battre Kovalev si je n'étais pas à l'entraînement. C'était seulement pour cela qu'il trouvait que le combat contre Kovalev était un peu tôt.»

«Il y a certains aspects qu'il aurait fallu mettre sur la table si j'avais entraîné Jean pour ce duel. J'aurais demandé certaines choses, a dit Ramsay. Mais je ne veux pas mettre en doute le travail qui sera accompli par l'équipe de Freddie Roach. On ne s'est pas rendus près d'un accord pour faire ce combat-là, alors on n'en a jamais vraiment discuté. Je veux laisser la chance à Jean de prouver qu'il peut le faire.»

Pascal quittera le pays d'ici quelques jours pour se rendre en sol américain où il compte perfectionner sa technique et continuer sa préparation au Wild Card Gym à West Hollywood, en Californie, en vue de son prochain combat.

Photo Catherine Lefebvre, collaboration spéciale

Freddie Roach