Après 19 mois passés loin des feux de la rampe et émaillés de blessures, Jean Pascal (26-2-1, 16 K.-O.) s'apprête finalement à remonter sur le ring. L'ancien champion du monde affronte le Polonais Aleksy Kuziemski (23-4, 7 K-O.) vendredi soir au Centre Bell. Hier, il s'est assis avec nous pour parler de son retour, du rêve qu'il a de suivre Gatti au Temple de la renommée et, bien malgré lui, de Lucian Bute.

Q: Comment un boxeur se sent-il au moment de revenir de 19 mois d'inactivité?

R: La dernière fois que j'ai boxé, j'avais 28 ans et là, j'en ai 30. Je suis vraiment anxieux. Ce matin, je me suis levé et j'ai dit: «Wow, mon combat est dans cinq jours!» « Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas été à cinq jours d'un combat!

Est-ce que j'ai peur d'être rouillé? Oui, la peur de la rouille est là, ce n'est pas quelque chose que je peux écarter. Georges St-Pierre, qui est mon ami, a gagné son combat, mais il m'a dit qu'il se sentait rouillé. C'est sûr qu'après 19 mois d'inactivité, la rouille va se faire sentir, mais j'ai tout fait pour être prêt.

Le plus dur a été de revenir à l'entraînement, de reprendre le rythme. Mais une fois que j'ai retrouvé le goût de m'entraîner, c'est reparti comme une fusée.

Q: Après vendredi, ton prochain combat aura lieu au mois de mars contre Chad Dawson. Est-ce difficile de rester concentré sur ton combat retour?

R: Présentement, ma concentration va entièrement à Kuziemski. Parce que c'est un défi. Ce boxeur-là est quand même une bonne pointure. C'est sûr que ce n'est pas Chad Dawson, qu'il n'a pas le nom de Bernard Hopkins, mais il reste un boxeur aguerri. Il est technique, intelligent, il est allé aux Jeux olympiques. Un gars qui est allé aux Jeux ne peut pas être considéré comme un jambon! Je vais devoir être concentré du début à la fin pour ne pas me faire surprendre. Ce serait une erreur de ma part de le prendre à la légère. Alors quand j'aurai réglé le cas de Kuziemski je vais me tourner vers l'avenir.

Q: Récemment, tu y es allé de déclarations sur Lucian Bute. Tu as dit qu'InterBox «manquait de couilles» en refusant de donner le feu vert à un combat entre lui et toi. Pourquoi ressens-tu le besoin de faire ces déclarations?

R: Je suis tanné d'en parler. Ce sont les journalistes qui me posent des questions sur Lucian. Moi, je n'ai rien à dire sur lui. Mais en même temps, je ne suis pas cachottier et quand on me pose une question, je vais droit au but. Mais sincèrement, je suis un peu tanné qu'on me pose tout le temps les mêmes questions à propos de Lucian. Je crois qu'on devrait les poser lui, parce que ça fait 5 ans que je répète les mêmes choses, que je dis que je suis prêt pour ce combat. Posez les questions à Lucian pour avoir de nouvelles réponses.

Q: Arturo Gatti va faire son entrée au Temple de la renommée. Rêves-tu de l'imiter?

R: C'est le but ultime de tout boxeur de se retrouver au Temple de la renommée. Ça veut dire que tu as réussi, que tu fais partie des plus grands de l'histoire de la boxe. Je vois Arturo Gatti comme un modèle. Arturo a pavé la voie aux boxeurs d'ici, comme moi, Joachim Alcine ou Lucian Bute.

J'ai encore une jeune carrière et il me reste à peu près 10 ans à boxer. Alors j'espère réussir à me rendre jusqu'au Temple comme lui.

Q: Que te faut-il encore accomplir pour mériter d'y entrer?

R: D'abord, je dois redevenir champion du monde. Ensuite, devenir champion du monde unifié, entrer dans la liste des meilleurs boxeurs livre pour livre, puis devenir le meilleur livre pour livre. Ça, c'est le plan ultime.

Q: As-tu été découragé pendant ces 19 mois, alors que les blessures se sont multipliées?

R: C'est certain qu'à un moment, j'ai été un peu découragé. Mon entraîneur compare mon corps à une Formule 1. Il est performant, mais très fragile. Ç'a été un peu décourageant, mais on a mis de nouvelles pièces et la Formule 1 est prête à redémarrer.