Un boxeur peut-il se remettre d'une solide «rince» et retrouver sa place parmi les prétendants à un titre de champion du monde? C'est l'épineuse question à laquelle devra répondre Lucian Bute lors de son retour dans le ring, le 3 novembre au Centre Bell.

Bute (30-1, 24 K.-O.) semblait filer droit vers le zénith de sa catégorie lorsqu'il a été freiné sec par le Britannique Carl Froch, lors d'une dégelée sans appel subie en Angleterre, au mois de mai. Le Montréalais d'adoption, doit-on le rappeler, a été complètement dominé, avant de perdre par mise hors de combat technique au cinquième round.

Bute doit rétablir sa bonne réputation, et ça commence en novembre contre Denis Grachev. En clair, le boxeur de 32 ans devra être très convaincant face à Grachev s'il veut éventuellement retrouver sa place parmi l'élite des super-moyens (168 livres)... et s'il veut aussi pouvoir venger sa défaite contre Froch.

«Ça ne sert à rien de s'attarder à ce qui s'est passé contre Froch, a déclaré le boxeur d'origine roumaine lors d'un point de presse, mercredi, dans un restaurant du Centre Bell. J'ai vécu des moments difficiles après ça, mais c'est la boxe. C'est normal et ça arrive.

«Tout le monde disait que ça allait être facile pour moi, et regardez ce qui s'est passé... Avec mon équipe, on a analysé ce qu'on a fait de moins bien cette fois-là, et maintenant, on va changer des choses.

«Ça va faire de moi un meilleur boxeur.»

Il va jouer gros

Il ne s'agit pas d'un gros combat de championnat du monde contre Denis Grachev, mais Bute sait qu'il va jouer gros. De l'avis même de son entraîneur Stéphan Larouche, une défaite serait l'équivalent d'un scénario catastrophe. «Ça n'aurait pas d'allure», a convenu Larouche, avec sa franchise habituelle.

Ce n'est pas la première fois qu'on demande à Lucian Bute de se relever. En 2008 au Centre Bell, il avait eu du mal à conclure un éprouvant combat face à Librado Andrade, et on avait alors remis en doute ses qualités de boxeur. Mais Bute avait effacé tous les doutes en passant le K.-O. à Andrade l'année suivante à Québec.

C'est un peu ce qu'il devra faire cette fois-ci, même s'il jure ne pas penser à Carl Froch. Pour le moment, le combat revanche face à Froch est prévu pour le 16 ou le 23 mars, au Centre Bell. «Froch est obligé de venir à Montréal, mais c'est conditionnel à la performance de Lucian le 3 novembre», a tenu à préciser le promoteur Jean Bédard, d'InterBox.

Cela veut dire que Bute devra s'avérer à la fois efficace et victorieux contre son adversaire de novembre s'il veut une deuxième chance contre Froch. Denis Grachev est à un boxeur russe de 30 ans qui fait carrière aux États-Unis depuis ses premiers pas chez les pros, en 2007. Cet adversaire a seulement 13 combats derrière la cravate, et un coup d'oeil rapide sur sa fiche permet de constater qu'il n'a jamais été impliqué dans un combat de première importance.

Mais InterBox l'a choisi pour une raison :«C'est un bulldozer, a imagé Stéphan Larouche. Lucian va devoir le prendre au sérieux. On ne voulait pas d'un gars qui arrive ici seulement pour ramasser son chèque de paie.»

Les fans québécois, eux, semblent avoir oublié la contre-performance de leur favori en Angleterre. InterBox a fait savoir que 7000 billets ont été vendus en vue de la carte du 3 novembre, qui va aussi mettre en vedette les Renan St-Juste, Sébastien Gauthier et autres Mikael Zewski. «On vise une foule de 10 000 spectateurs», a déclaré Jean Bédard.