La sélection canadienne de boxe s'est enfoncée encore davantage lors des derniers Championnats du monde amateur. Le Canada n'a récolté aucune médaille au cours de la compétition qui s'est terminée lundi en Azerbaïdjan et n'a réussi à faire qualifier aucun boxeur pour les Jeux de Londres.

Le seul Québécois de la délégation canadienne a été éliminé au deuxième tour. Le prometteur Yves Ulysse (47e au monde) a d'abord battu le Serbe Ljubomir Marjanovic (55e au monde) avant de s'incliner contre le troisième au monde dans la catégorie, le Hongrois Gyuia Kate. Les quatre autres Canadiens ont tous été éliminés au premier ou second tour.

«Est-ce qu'on est déçus du Championnat du monde? Oui. Est-ce qu'on est surpris? Non», reconnaît le directeur de la Fédération québécoise de boxe olympique, Kenneth Piché.

La route devient maintenant plus ardue pour les Canadiens. Pour obtenir l'une des rares places restantes aux prochains Jeux olympiques, ils devront se qualifier lors d'une compétition de sélection continentale au printemps prochain.

Il se peut donc que le pays n'ait aucun représentant à Londres en 2012. Il s'agirait des deuxièmes Jeux d'affilée sans boxeur du Québec; en 2008 à Pékin, la sélection canadienne consistait en un seul boxeur, de l'Ontario. L'époque où la province envoyait deux boxeurs (Benoit Gaudet et Jean Pascal) aux Jeux d'Athènes semble bien loin.

«Notre programme national a beaucoup de retard, admet Kenneth Piché. Nous sommes encore en avance chez les femmes. On pense que dans les trois catégories existantes (51 kg, 60 kg, 75 kg), on devrait avoir trois Canadiennes à Londres, dont une Québécoise, Sandra Bizier.»

Comment la Fédération québécoise explique-t-elle ce déclin de la boxe olympique masculine au pays? Kenneth Piché offre plusieurs pistes. L'essor de la boxe professionnelle au Québec pourrait être l'une d'elles.

«On perd de bons boxeurs année après année», explique-t-il. Le directeur de Boxe Québec cite le cas de Mikael Zewski, un surdoué qui a réussi à se rendre en quarts de finale lors des Mondiaux de 2009 en Italie. Le Québécois a depuis accroché ses gants comme amateur et entamé une carrière pro. «C'était notre meilleur espoir olympique», se lamente-t-il.

«L'attrait du monde professionnel est tellement fort que les boxeurs n'ont pas intérêt à faire de longues carrières amateur, dit-il. Ils visent à impressionner avec leur puissance de façon à devenir pro le plus vite possible. C'est là qu'est l'argent de toute façon.»

Les Jeux ont traditionnellement été considérés comme le passage obligé des grands champions - Muhammad Ali, Roy Jones et Floyd Mayweather font partie d'une longue liste de célèbres médaillés olympiques. Mais, même le prestige associé aux Jeux perd du lustre chez les jeunes boxeurs québécois, croit Kenneth Piché.

«Oui, c'est la société dans laquelle on vit. On veut rapidement accéder à des statuts particuliers. Jean Pascal a mis sept ans pour atteindre les Jeux olympiques. Benoit Gaudet, lui, a été très patient et a fait 13 ans de boxe amateur pour réaliser son rêve olympique. Aujourd'hui, peu de jeunes sont prêts à faire ces sacrifices.»

En attendant, les jeunes Ukrainiens les ont faits. Le pays de l'Europe de l'Est est sorti grand gagnant de ces Mondiaux, avec quatre médailles d'or et une d'argent.