Bernard Hopkins a réussi ce qui semblait pourtant impossible: devenir champion du monde à l'âge de 46 ans.

Le boxeur de Philadelphie s'est présenté au Centre Bell samedi soir pour son combat revanche contre Jean Pascal, et cette fois, il n'a pas raté sa chance. Au bout des 12 rounds, les juges ont remis des cartes de 115-113, 116-112 et 115-114 en faveur du vétéran.

Pascal, qui perd ainsi son titre des mi-lourds (175 livres) du WBC, a semblé nerveux par moments, et n'a pu imposer son rythme. Pendant ce temps, c'est l'Américain qui dictait le tempo, en faisant le pitre, en y allant de coups à la limite de la légalité, bref, en transformant ce combat de boxe en véritable bagarre de ruelle.

Il s'est même permis de faire des pompes sur le tapis du ring avant le début d'un round, afin de déconcentrer son jeune rival!

«Je suis un maître de la guerre psychologique, a lancé Hopkins après le combat. Je savais qu'il allait tenter le gros coup, je savais ce qu'il cherchait à faire. Je ne sais pas si on va s'affronter de nouveau, qui sait. Mais j'ai compris son style, et allez voir un peu ma fiche... c'est rare que je perds un combat revanche.»

Pascal, qui a exprimé son souhait de retrouver Hopkins pour une troisième fois, devra maintenant attendre son tour. Hopkins doit affronter Chad Dawson à sa prochaine bagarre, et personne ne sait trop quand il va décider de tout arrêter. «Si je perds, c'est terminé pour moi», a-t-il reconnu.

En attendant, le boxeur québécois aura un peu de temps pour repenser à tout ça. Il a expliqué qu'il avait éprouvé des problèmes de vision samedi soir après avoir reçu un pouce de son adversaire dans un oeil.

«Je ne sais pas s'il l'a fait exprès, mais pendant trois ou quatre rounds, je voyais double, a tenu à dire Jean Pascal. C'est quelque chose qui m'a ralenti dans le milieu du combat. Je vais penser à ça, c'est sûr, parce que je croyais que la décision pouvait aller d'un bord comme de l'autre.»

Pascal n'a pas remis en doute la décision des juges, mais il s'est tout de même posé quelques questions. «Je pense qu'il a gagné les rounds les plus serrés à cause de sa réputation. Normalement, quand on se bat à la maison et qu'on est le champion, on gagne les rounds les plus serrés. Je suis un peu amer, mais je ne vais pas me laisser abattre par ça.»

Le promoteur Yvon Michel, bien que visiblement déçu, n'était pas prêt à dire que cette défaite est un pas en arrière pour son poulain.

«Jean ne perd pas sa valeur parce qu'il n'est plus le champion, a-t-il répondu. Il va être de retour. Il faut bien reconnaître que Bernard Hopkins est un phénomène.»

Les deux boxeurs, qui se sont envoyé plusieurs flèches dans les semaines qui ont précédé l'affrontement, ont tout de même pris le temps de s'échanger des compliments au terme de la bataille. «S'il apprend de cette leçon, il va redevenir champion du monde d'ici un an, a dit Hopkins. Il lance des missiles.»

En étant champion du monde à 46 ans, Hopkins devient du même coup le plus vieux champion de l'histoire de la boxe, faisant tomber la marque du poids lourd George Foreman, qui avait obtenu un titre à l'âge de 45 ans, en 1994. En tout, 17 560 fans ont assisté à ce combat revanche samedi soir, un record d'assistance pour une carte de boxe au Centre Bell.

Les fans montréalais pourraient d'ailleurs revoir Hopkins au cours de l'année prochaine. C'est qu'il a un autre boxeur local dans sa mire: Lucian Bute.

«Je lui ai dit que nous devons nous affronter avant que je ne prenne ma retraite, a raconté celui que l'on surnomme B-Hop. Imaginez combien ce serait immense par ici si on faisait ça...»

D'ici là, Hopkins doit plutôt penser à Chad Dawson, vainqueur d'Adrian Diaconu par décision des juges en demi-finale samedi soir. Le réseau américain HBO a déjà prévu une bagarre entre les deux hommes, fort probablement d'ici la fin de l'année.