Les années se suivent et se ressemblent au football universitaire québécois. Samedi après-midi, en finale de la Coupe Dunsmore, le Rouge et Or de l'Université Laval a facilement battu le Vert & Or de l'Université de Sherbrooke par la marque de 40-17. Pour les hommes de l'entraîneur-chef Glen Constantin, c'est un dixième championnat provincial consécutif.

Dix titres québécois de suite! Et pas une seule défaite. On ne sait plus si on doit parler d'emprise, de règne, de domination ou carrément d'hégémonie.

À propos de la rencontre, il n'y a pas grand-chose à dire. D'un côté, le Rouge et Or a su tirer profit de sa plus grande force: le travail de sa ligne offensive. Les cinq mastodontes lavallois ont permis d'amasser plus de 300 verges au sol et de contrôler la ligne de mêlée durant toute la rencontre. De l'autre, le Vert & Or a tout misé sur son jeu aérien et sur le bras de son quart étoile Jérémi Roch. Le passeur n'a pas mal fait, mais ce fut loin d'être suffisant pour inquiéter la puissante machine du Rouge et Or.

Une décennie de domination

Plus que la victoire de samedi, ce qui nous intéresse, c'est surtout de comprendre comment une équipe peut dominer de façon aussi intense et pendant aussi longtemps. Même si on parle de ballon-balai de niveau atome BB, remporter 10 championnats consécutifs demande beaucoup plus que de la chance, du talent ou de la préparation.

Alors, qu'est-ce qui fait la différence entre le Rouge et Or et les autres programmes au Québec? Bien sûr, le nerf de la guerre, c'est l'argent. Compter sur un propriétaire comme Jacques Tanguay, ça ne change pas le monde, sauf que...

Le Rouge et Or possède les plus belles installations au Canada. Un stade de football qui peut accueillir près de 20 000 spectateurs et un terrain intérieur qui permet de s'entraîner sur une surface synthétique à longueur d'année. À Laval, on est vraiment une bonne «coche» au dessus des autres, sur ce plan.

Avoir de l'argent permet également d'engager plus d'entraîneurs à temps plein. Dans un sport où le côté stratégique pèse aussi lourd, le fait de miser sur un ou deux entraîneurs supplémentaires qui peuvent analyser les moindres faits et gestes de l'équipe adverse pendant une semaine d'entraînement, voilà qui peut faire une énorme différence.

Quand vient le temps de recruter les meilleurs joueurs collégiaux, le Rouge et Or possède ainsi des arguments de poids. À l'Université Laval, ils peuvent évoluer sur le plus beau terrain au Canada, devant plus de 15 000 fans en liesse. Ils ont l'occasion de jouer pour des entraîneurs de calibre professionnel comme Glen Constantin, Marc Fortier et Justin Éthier. Mais l'argument le plus convaincant, bien sûr, ce sont les nombreuses bagues de championnat que portent les vétérans de l'équipe.

Les meilleurs joueurs veulent jouer pour la meilleure équipe. Et tant qu'une autre formation ne sera pas capable de battre l'Université Laval en finale, ce titre lui revient de droit.

Vers une reprise de 2011?

En vertu de sa victoire de samedi, le Rouge et Or recevra la visite des Axemen d'Acadia, samedi prochain, pour l'obtention de la Coupe Uteck - dernière étape qui sépare le Rouge et Or de la Coupe Vanier, la grande finale du football universitaire canadien.

L'an dernier, le Rouge et Or a perdu en deuxième prolongation contre les Marauders de l'Université McMaster, dans un match qui restera dans les annales comme l'un des grands de l'histoire du football canadien.

L'autre demi-finale disputée la semaine prochaine opposera justement les Marauders aux Dinos de l'Université de Calgary. Une reprise de la finale de 2011 est donc tout à fait possible.

Mais avant de penser à la Coupe Vanier, le Rouge et Or doit d'abord vaincre les Axemen d'Acadia. Les deux équipes se sont affrontées durant la saison et Laval a gagné 31-7. Est-ce que quelqu'un osera parier sur les Axemen?

C'est ce que je pensais.

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L'auteur est rédacteur en chef d'Accrofoot.