Le journaliste letton Vladimirs Ivanovs éclate de rire. Manifestement, il apprécie la question.

«Combien on a d'arénas en Lettonie? , répète-t-il. On en a 18 dans tout le pays! Oui! Je sais, ça peut paraître comique pour un Canadien. Au Canada, il y en a des milliers. Mais chez nous, il n'y a pas les ressources, l'argent pour construire plus de glaces.»

La Lettonie compte 2,2 millions d'habitants. Elle n'a jamais formé de vedette de la LNH. Et le petit pays qui borde la mer Baltique dispose d'un grand total de 18 arénas.

Les Lettons réussissent pourtant l'exploit de se qualifier pour les Jeux olympiques sans faillir depuis Salt Lake City en 2002. «Pour nous, d'être ici est déjà une victoire», lance Ivanovs.

La plus grande vedette de l'équipe lettone est sans conteste son entraîneur. Le Canadien Ted Nolan, entraîneur-chef des Sabres de Buffalo, a pris la direction de la sélection lettone il y a quatre ans. «Je vais être honnête, je ne connaissais rien du pays quand l'offre est arrivée. Mais c'est bizarre, je me suis tout de suite senti chez moi. Je suis tombé en amour avec ce peuple. Les Lettons ont un grand coeur.»

Ted Nolan regardait hier ses joueurs bourdonner dans leur uniforme bourgogne. L'équipe s'entraînait dans l'aréna d'entraînement, un humble bâtiment érigé à l'ombre du palais des glaces Chaïbou. C'est sur cette glace plus modeste que les petites équipes s'entraînent. Au même moment, les Russes pratiquaient au Chaïbou, juste avant les Canadiens et les Américains.

Quand on lui parle de ses attentes, Ted Nolan sourit. Les Lettons ont fini 12es et derniers à leurs deux derniers Jeux olympiques. Ils ont subi trois dégelées en autant de matchs préliminaires à Vancouver. À Sotchi, les Lettons vont se mesurer aux Suédois, aux Tchèques et aux Suisses dans le groupe C.

«Écoute, on a de bons gardiens, si la rondelle roule pour nous... Tout le monde peut gagner un match de hockey, dit Ted Nolan. Et est-ce qu'on veut créer une surprise? C'est ce qu'on veut plus que tout au monde.

«Personne n'aime affronter les Lettons. Nous sommes les négligés. Ils sont censés nous battre. Les Suisses sont censés nous battre. Les Tchèques sont censés nous battre. Les Suédois sont censés nous battre. Alors, qu'est-ce qu'on a à perdre?»

Le journaliste Vladimirs Ivanovs explique que le réalisme est la meilleure qualité du fan letton. «Même si on finit dernier, si l'équipe réussit à gagner un match, ce sera une incroyable réussite», lance-t-il.

Cette année encore, la Lettonie devrait terminer au dernier rang du tournoi masculin de hockey. Mais les 2,2 millions de Lettons et leurs 18 arénas se satisferaient bien d'une victoire. Une toute petite victoire.