«Et ça continue encore et encore.» Les conférences de presse de l'Impact s'enchaînent à un rythme accéléré, si bien qu'on a l'impression d'être installé devant un écran de fumée qui tarde à se dissiper. Non seulement il n'est pas facile d'y voir clair, mais en suivant la logique, il se pourrait qu'on en reste là pendant un moment encore. «Ce n'est que le début d'accord, d'accord?» Vous avez raison, Francis Cabrel doit sortir de ce corps.

Qu'en est-il de Marco Schällibaum? En vertu de ses plus récentes déclarations, l'entraîneur suisse maintient le cap sur son avenir en terre montréalaise avec une certaine dose d'humour. De toute évidence, le Volcan suisse n'est pas embêté plus qu'il ne le faut du fait que l'on remette en question sa continuation, étant donné la tournure de la saison. «Qu'est-ce que je vais faire? Pleurer toute la journée?»

On soupçonne d'ailleurs que son penchant pour la rigolade lui attire un brin d'empathie supplémentaire auprès du public. Mais est-ce suffisant pour amoindrir l'indéniable mécontentement de la direction? Car les choix effectués par Schällibaum - sans interférence de la part de ses supérieurs - ont de quoi laisser perplexe, en particulier lors du dernier match à Houston.

À commencer par la titularisation de Nelson Rivas, qui a dû en étonner plus d'un étant donné son inactivité depuis 13 mois. En dépit du parfum de désespoir qui accompagne ce pari assez osé, je ne m'aventurerais pas jusqu'à dire que c'est ce qu'on reproche le plus à Schällibaum.

Ce n'est probablement pas le remplacement en défense centrale d'un Wandrille Lefèvre par Rivas - la première acquisition de Nick De Santis en MLS - qui servira de munition pour critiquer Schällibaum. Faut-il rappeler qu'une des tares de la direction technique montréalaise réside dans sa persistance à exprimer plus de doutes que de certitudes au sujet des jeunes produits de son Académie?

Le cas de Patrice Bernier

En comparaison, le cas de Patrice Bernier, qui a profité du point de presse des joueurs pour réitérer sa déception de ne pas avoir pris part à l'ultime rencontre, est autrement plus délicat. Alors que Schällibaum expliquait aux médias qu'il aurait utilisé l'étoile locale si celle-ci avait été en meilleure condition physique, Bernier rétorque qu'il se sentait assez bien pour aider la cause d'une équipe à la dérive. Bonjour l'amertume.

La situation n'est pas sans rappeler l'épisode de l'an dernier durant lequel Jesse Marsch avait lui aussi ignoré Bernier. À la fin de la saison, la direction technique s'était portée à la défense du milieu de terrain québécois, s'octroyant par le fait même le beau rôle dans ce quiproquo. Comment Marsch n'avait-il pas su apprécier la valeur d'un tel joueur, s'exclamait-on?

Or, vu la négociation contractuelle qui s'amorce entre l'état-major et Bernier, je serais curieux de savoir de quel côté se situe cette fois-ci Nick De Santis. Est-il à la fois capable d'utiliser la situation pour blâmer son entraîneur et se servir de l'ambiguïté entourant les motifs réels de la mise à l'écart de Bernier pour justifier une offre moins qu'alléchante à ce dernier? À force d'entendre tous les commentaires prudents des joueurs dont l'entente vient à terme, on comprend fort bien qui tient le gros bout du bâton dans les négociations.

Mais il s'agit là d'un autre dossier. Au préalable, il reste encore à régler le cas d'un entraîneur qui aura finalement reçu des appuis timides de la part des joueurs.

Il faut poursuivre le travail tactique entamé, recommande Nesta, mais «avec plus de certitudes que de doutes,» ajoute Marco Di Vaio.

De bien belles paroles qui nous aideront éventuellement à lire entre les lignes même s'il n'y a toujours pas de solution évidente à l'énigme posée par un état-major décidé à prendre la décision qui s'impose «pour le bien du club.» S'est-on résolu à fermer les yeux sur les constats désolants colligés dans l'analyse de la glissade du club? Hélas, peu importe la solution, on a l'impression que «c'est toujours le même film qui passe...»