L'Allemagne reste l'Allemagne, et son sauveur s'appelle Toni Kroos! D'un tir enroulé dans le temps additionnel, le milieu a arraché une victoire providentielle contre la Suède (2-1) et évité le pire aux tenants du titre, qui retrouvent des raisons de croire aux huitièmes de finale du Mondial-2018, samedi à Sotchi.

Dans un scénario invraisemblable, Kroos a expédié dans la lucarne un amour de ballon sur un coup franc excentré joué en deux temps (90e+5), parachevant la «remontada» allemande après l'ouverture du score suédoise d'Ola Toivonen (32e) et l'égalisation de Marco Reus (48e).

Et tout est relancé: l'Allemagne (3 pts), qui a fini à dix après l'exclusion de Jérôme Boateng (82e), revient à la hauteur de la Suède (3 pts) dans le groupe F, juste derrière le Mexique (6 pts). Après été virtuellement éliminée à la pause, dans la plus pure malédiction des tenants du titre, et après avoir longtemps craint un match nul qui l'aurait privée de la mainmise sur son propre destin!

Mercredi prochain, la Mannschaft affrontera la Corée du Sud (0 pt), pendant que la Suède défiera le Mexique, avec la possibilité d'une triple égalité à six points qui laisserait de côté une équipe à deux victoires...

D'ailleurs, il est probable que l'Allemagne regarde déjà plus loin après avoir montré de telles ressources morales. Ne dit-on pas que les champions ne meurent jamais ?

Toni Kroos en est un et il s'est superbement rattrapé de sa perte de balle coupable sur l'ouverture du score, qui symbolisait alors une Allemagne la tête dans le sac, avant de laisser exploser sa joie au coup de sifflet final, les deux poings frappant la pelouse.

Nez en sang

La situation était critique: après leur défaite inaugurale contre le Mexique (0-1), les Allemands étaient dos au mur au stade olympique de Sotchi. Et le sélectionneur Joachim Löw, pour donner des gages à une opinion qui réclamait des têtes, a sacrifié deux de ses fidèles, Mesut Özil et Sami Khedira, laissés sur le banc.

Les bonnes intentions allemandes n'ont duré que le premier quart d'heure de chaque période. La faute à un bloc trop haut, comme contre le Mexique, qui a laissé l'arrière-garde livrée à elle-même en contre-attaque.

Boateng jouait parfois à 30 mètres de la cage adverse et à chaque fois que les Suédois récupéraient le ballon, il s'empressaient de poignarder l'Allemagne dans le dos. Et il aura fallu un arbitrage très bienveillant pour ne pas siffler penalty pour une charge du même Boateng sur Marcus Berg qui filait au but (13e).

Préféré à Khedira dans l'entrejeu, Sebastian Rudy a résumé à lui seul le difficile début de soirée des Allemands: le milieu du Bayern a pris en pleine figure le talon de Toivonen et, le nez en sang, est resté longtemps groggy sur la pelouse (25e). Soigné sur le bord du terrain, il n'a finalement pas été autorisé à revenir, remplacé par Ilkay Gündogan. De rage, il a alors jeté son maillot roulé en boule...

Eclair de génie

C'est sur la rarissime perte de balle de Kroos que la Suède a pris l'avantage: le milieu du Real Madrid avait alors la tête à l'envers pour perdre un tel ballon que Toivonen, à la réception d'un centre rapide, a contrôlé et expédié dans le but de Neuer d'un subtil ballon piqué (32e).

L'Allemagne semblait ne plus y être et le gardien suédois Robin Olsen se chargeait d'écoeurer ses adversaires sur une double parade (39e) qui mettait Thomas Müller hors de lui.

La Suède aurait pu enfoncer le clou, sur ce contre cafouillé par Viktor Claesson (44e) ou cette tête décroisée splendide de Berg sauvée avec classe par Neuer (45e+2). Au lieu de quoi Reus ravivait l'espoir en reprenant du gauche une passe en retrait de Timo Werner, légèrement déviée par Mario Gomez (48e).

Le premier but allemand après... 34 tirs dans ce Mondial!

Mais dans une fin de match crispante, la Mannschaft poussait en vain: le même Reus n'a pas réussi à talonner le centre rasant de Joshua Kimmich (61e) et Olsen s'est interposé sur la tête de Gomez (88e)... Et que dire de cette frappe tendue de Julian Brandt qui s'est écrasée sur le poteau dans le temps additionnel (90e+3)?

Il semblait impossible que l'Allemagne en réchappe. Cette fois, elle allait y passer, c'est sûr... Jusqu'à l'éclair de génie de Kroos, l'un des grognards de Löw, lequel a toujours atteint les demi-finales à chaque compétition disputée depuis sa nomination en 2006. Et il va falloir attendre un peu pour enterrer l'Allemagne!