Se plaignant d'être «traîné dans la boue» par l'enquête pour corruption touchant la FIFA, Michel Platini dit être «blindé» et qu'il n'a pas perdu d'appui dans sa course à la présidence, lui qui souhaite remplacer Sepp Blatter à la tête de la fédération internationale.

Le président de l'UEFA, qui a été suspendu pour 90 jours en compagnie de Blatter, a confirmé dans une entrevue publiée lundi dans Le Monde qu'il n'avait pas de contrat écrit pour le paiement de 2 millions de francs suisses (2,75 millions $ CAN) que la FIFA lui a versé en 2011.

Risquant davantage de sanctions de la part du comité d'éthique en contrevenant à sa politique de confidentialité - le comité d'éthique a par le passé imposé des sanctions supplémentaires aux dirigeants qui ont discuté de leurs cas dans les médias -, Platini a offert beaucoup de détails, étalant au grand jour sa défense dans le dossier qui risque de mettre fin à ses aspirations présidentielles.

Le paiement qu'il a reçu pour avoir conseillé Blatter de 1998 à 2002 était «un truc d'homme à homme» a dit Platini, donnant une autre raison pour expliquer pourquoi la FIFA n'a pas pu le payer au complet il y a plus de 10 ans.

«Je trouve honteux d'être traîné dans la boue», a-t-il déclaré, insistant que l'affaire n'en est pas une. Blatter et Platini ont d'ailleurs interjeté appel dans ce dossier.

«Ce qui m'énerve le plus, c'est d'avoir été mis dans le même sac que les autres», a ajouté l'ex-grande vedette de l'équipe de France.

Platini a soumis ses documents de candidature à l'élection de la FIFA avant d'être suspendu et il espère que que cette suspension sera levée - par le comité d'appel mde la FIFA ou le Tribunal arbitral du sport - afin de lui permettre de se présenter. Il doit toujours se soumettre à une vérification d'intégrité par le comité des élections de la fédération, qui soumettra tous les candidats au même test après la date limite de mise en candidature, le 26 octobre.

«Je ne crois pas avoir perdu beaucoup de votes et ceux qui me connaissent savent que je suis encore capable de me regarder dans le mirroir, a déclaré au Monde Platini. Je suis blindé.»

Vendredi, Blatter a confirmé que le paiement qui fait l'objet d'une enquête des autorités suisses est basé sur une entente verbale.

Platini a expliqué au Monde que Blatter, alors nouveau président de la FIFA, lui a demandé en 1998 de lui donner son prix pour travailler comme conseiller.

«"Combien tu veux?", a demandé Blatter. Je réponds: "Un million." "De quoi?" "De ce que tu veux, des roubles, des livres, des dollars." À cette époque, il n'y a pas encore l'euro. Il répond: "D'accord, un million de francs suisses par an".»

L'ex-numéro 10 de la Juventus de Turin a précédemment déclaré que la FIFA ne l'a pas payé en entier à l'époque en raison de problèmes financiers. Mais il a dit au Monde que Blatter a plutôt évoqué la politique salariale de la FIFA, qui empêchait quiconque de recevoir un salaire supérieur au secrétaire général de l'époque, Michel Zen-Ruffinen.

«J'ai travaillé plusieurs mois sans salaire, a dit Platini. Après un moment, je suis allé voir Blatter et je lui ai demandé s'il avait un problème pour me payer. Il a dit: "Oui. Je ne peux pas te payer un million à cause de la grille des salaires. Tu comprends, le secrétaire général gagne 300 000 francs suisses. Tu ne peux avoir plus de trois fois son salaire. Alors on va te faire un contrat pour 300 000 francs suisses et on te donnera le solde plus tard".

«C'est ce qui s'est passé. Seulement, le plus tard n'est jamais venu.»

Platini dit avoir facturé 2 millions de francs suisses à la FIFA en 2011 parce qu'il croyait avoir été payé 500 000 francs suisses à l'époque et non 300 000. La FIFA a payé Platini en février 2011.