On l'a d'abord connu en tant que défenseur rugueux au tempérament parfois explosif. On l'a ensuite vu se muer en gérant d'équipe, de 2011 à 2014, avant qu'il ne décide de prendre une pause du ballon rond pendant quelques mois. Aujourd'hui, Adam Braz entame son premier camp d'entraînement dans la peau du directeur technique de l'Impact. La Presse l'a rencontré, hier matin, dans la foulée de l'annonce de l'embauche de Laurent Ciman.

CIMAN, UN JOUEUR DE PREMIER PLAN

Après une semaine de spéculations, l'Impact a donc conclu une entente avec le défenseur belge de 29 ans pour les trois prochaines saisons. Malgré son bilan dans le championnat belge et sa sélection nationale, Ciman n'occupera pas une place de joueur désigné. «Il a joué avec constance dans de grands clubs comme le Standard Liège dans un championnat très compétitif, souligne Braz. De plus, il possède le profil que l'on recherchait pour ce qui est du leadership ou de l'âge. C'est un défenseur solide qui a une bonne vitesse et qui est bon avec ses deux pieds. Mais le plus important, c'est qu'il voulait être ici.»

Entre l'évocation du nom de Ciman et l'annonce, hier, il s'est écoulé de quatre à cinq semaines, précise l'ancien défenseur de l'Impact. C'est par l'entremise d'un agent que l'affaire est née. «Évidemment, on filtre les appels des agents, mais quand on a commencé à approfondir le dossier, on a vu que [Laurent] était une option intéressante. C'est comme cela que ça a commencé, puis on l'a étudié en regardant un bon nombre de matchs.»

LES CHANGEMENTS

En attendant la conclusion du recrutement, notamment en attaque, l'Impact présente déjà des contours différents par rapport à 2014. Outre la nouvelle hiérarchie de gardiens, des visages différents seront visibles en défense centrale et parmi les milieux défensifs. On se rappelle les soucis majeurs de l'Impact dans l'axe, l'an dernier.

«Nous avons cinq joueurs en défense centrale, Ciman, Bakary Soumare, Wandrille Lefèvre, Karl W. Ouimette, Victor Cabrera, qui vont se pousser pour les deux places. Cela crée un bon casse-tête pour Frank [Klopas] qui dispose de véritables options. Car, au cours d'une saison, il peut y avoir des blessures, des suspensions ou des méformes. On pense qu'on est solide à cette position», estime Braz.

Sur le plan offensif, Braz a réitéré sa confiance en Jack McInerney qui, en 2014, a souvent eu la tâche ingrate de disputer les matchs à l'extérieur. La porte est encore ouverte pour de la profondeur puisqu'Anthony Jackson-Hamel risque de rater jusqu'à huit semaines et que Romario Williams aura besoin d'un temps d'adaptation. Mais, selon Braz, la clé du succès est simple pour les prochains mois. «Quand tu concèdes autant de buts [comme en 2014], tu ne peux pas prétendre à participer aux séries ou à devenir une équipe championne. Le club peut-il garder son dynamisme offensif tout en étant mieux organisé défensivement et plus équilibré?»

LES ATTENTES

L'Impact a-t-il toutes les cartes en main pour faire un bond d'une vingtaine de points au classement? Voilà le défi colossal qui attend les Montréalais, en 2015, s'ils veulent retrouver les séries après leur piètre récolte de 28 points. Et même si le Sporting Kansas City et le Dynamo de Houston sont passés à l'Ouest, les deux équipes d'expansion n'ont pas vraiment de problèmes de liquidités pour bâtir leur groupe. «Nous voulons faire les séries, affirme Braz. Ce ne serait pas suffisant de simplement faire mieux que l'an dernier. En y parvenant, nous voulons tranquillement bâtir la culture d'une équipe habituée à y participer, explique Braz. Cela va prendre du temps, mais 2015 est la première étape.» La Ligue des champions - Braz était du naufrage à Santos Laguna - et le championnat canadien sont les autres compétitions que le club va mener de front.

Inutile de dire qu'il serait désastreux que l'Impact connaisse un début de saison du même type que celui de 2014. La première victoire avait été obtenue au terme du huitième match.

UN NOUVEAU RÔLE

C'est en mars 2011 que Braz a raccroché ses crampons après une carrière de neuf saisons, majoritairement passée avec l'Impact. Moins de quatre ans plus tard, le voilà dans le bureau du directeur technique. «Ça m'enthousiasme vraiment et me rend très fier, puisqu'il s'agit de l'organisation que j'ai soutenue et pour laquelle j'ai joué, répond-il. C'est comme un rêve, mais je ressens aussi une certaine responsabilité et des obligations. Car je veux créer un plan, une vision et les respecter [...] afin que l'Impact devienne une équipe de premier tiers dans les années à venir.»

Il reste que la MLS n'est pas du genre à faciliter le travail des nouveaux venus. Ses règlements alambiqués et évolutifs nécessitent un apprentissage assez conséquent. «Lentement, mais sûrement, je continue à lire et à poser des questions. J'appelle souvent la ligue car, en fin de compte, si tu ne le demandes pas, tu ne le sauras jamais. Mais même les directeurs généraux qui sont dans la MLS depuis 10 ans posent des questions, puisque cela reste très complexe.»