À quelques heures du premier match au Stade olympique, le directeur général du site de Montréal, Francis Millien, est un homme occupé. Près du tiers des matchs de la Coupe du monde féminine des moins de 20 ans auront en effet lieu au Québec, dont la finale, le 24 août.

Question-réponse

Est-ce que cette compétition est perçue comme une répétition générale en vue de la Coupe du monde senior de 2015?

C'est certain qu'il s'agit d'une répétition sur le plan organisationnel, mais cela reste une Coupe du monde pour les joueuses. Pour nous, l'objectif est l'organisation parfaite de la Coupe du monde 2015 avec, dès maintenant, l'espoir de dire [à la FIFA]: «Regardez ce que l'on peut faire et considérez-nous [l'Association canadienne] comme postulant pour 2026.» [...] Chaque fois que la FIFA est venue au Canada, au Québec et à Montréal, elle a toujours été très satisfaite. C'est pas mal quand il n'y a pas de tache à ton dossier, et c'est prometteur pour l'avenir. Qu'on le veuille ou non, ce Mondial est une répétition sur le plan organisationnel, dans la manière de gérer les promotions, les activités ou les installations. On s'installe pour réaliser un doublé de compétitions, en 2014 et en 2015, tout en montrant que l'on pourrait gérer une Coupe du monde masculine.

Quelles sont vos attentes par rapport aux assistances?

On est conscient que l'on vend du soccer féminin, ce qui n'est pas totalement connu. Et que l'on vend du soccer féminin de moins de 20 ans. Les gens considèrent ça comme des jeunes, mais en les voyant jouer et courir, ils vont comprendre que ce n'est pas tout à fait ça. Nos objectifs en termes d'assistance ne sont pas ceux, plus élevés, que l'on s'est fixés pour l'année prochaine. On sait que, quand les moins de 20 ans ou de 17 ans font leurs tournois, dans le monde entier, cela n'attire pas des milliers et des milliers de personnes. Mais on a visé des stades capables d'accueillir des foules internationales, et pas des petits terrains comme Claude-Robillard. Il faut montrer que l'on peut recevoir et remplir nos stades même si ce n'est pas facile avec du soccer féminin.

À quel genre de jeu peut-on s'attendre?

Les filles sont encore très pures et naturelles. Il n'y a pas de tricherie: elles jouent un peu plus avec leur coeur, alors que les hommes jouent un peu plus avec leur tête. Ce n'est pas négatif, au contraire. Mais il y a des bons et des mauvais côtés. Elles sont plus spontanées, ce qui peut les amener à créer des surprises, positives ou négatives, alors que c'est un peu plus réfléchi chez les hommes. Ils vont même jusqu'à se rouler par terre pour tenter d'influencer l'arbitre. Cela ne se voit pas encore chez les filles, et j'espère qu'on ne le verra pas. Si elles tombent, c'est qu'elles ont été bousculées. En termes de générosité, elles ne calculent pas, même si, parfois, les entraîneurs aimeraient qu'elles temporisent un peu. Évidemment, le soccer féminin brésilien est influencé par le soccer masculin brésilien, et le soccer féminin allemand est influencé par le soccer masculin allemand... C'est normal, il y a une culture dans chaque pays.

Dans l'ensemble, le soccer féminin, au Canada, a grandement profité de la médaille de bronze lors des Jeux olympiques de Londres...

Tout le monde nous demande: «Est-ce que Christine Sinclair sera là?» On répond: «Non, c'est du moins de 20 ans, mais elle sera là l'année prochaine.» Cette fille-là a marqué les esprits, et la médaille de bronze également. Cela nous aide à vendre le soccer féminin même si, au niveau de la FIFA, de l'Association canadienne ou des clubs, il reste pas mal de choses à faire. La femme n'a pas encore la place qu'elle mérite. Mais dans notre équipe nationale, on a une qualité de filles que l'on peut utiliser à plusieurs niveaux, et pas seulement sur le terrain. On est sur la bonne voie. [...] Si notre tournoi peut aussi faire passer des messages sur le plan social, on ne sera pas mécontents.

Photo Robert Mailloux, archives La Presse

Francis Millien assume la direction générale du site montréalais de la Coupe du monde féminine U-20.