Des partisans pris au milieu des bombes lacrymogènes de la police, des véhicules de la FIFA caillassés par les manifestants: en pleine Coupe des Confédérations, les manifestations monstres au Brésil ont relégué au second plan les problèmes d'infrastructure.

Les manifestations historiques dans tout le pays réclamant des services publics de qualité, la fin de la corruption ou s'élevant contre la facture des stades du Mondial 2014 au détriment d'investissements dans la santé et l'éducation, ont surpris tout le monde pendant le tournoi, considéré comme une répétition générale en miniature du Mondial.

Les problèmes d'infrastructure du pays ont été occultés par les images de certains partisans pris dans les heurts entre manifestants et policiers à l'entrée des stades de Brasilia, Rio de Janeiro, Fortaleza et Belo Horizonte, quatre des six villes hôtes de la compétition.

Oublie le Mondial!

«Plus jamais le Brésil, oublie le Mondial, je rentre demain chez moi», a déclaré à l'AFP le Mexicain Joaquín Díaz, les yeux rougis après avoir traversé un nuage de gaz pour entrer dans l'enceinte de Fortaleza pour voir sa sélection jouer contre le Brésil le 19 juin.

Déconcertée, la FIFA a prévenu les autorités brésiliennes : «Ou les choses changent, ou il n'y a pas moyen de penser à faire venir 32 équipes et 600 000 touristes étrangers» l'année prochaine, selon des sources de l'organisation sportive internationale consultées par le quotidien O Estado de S.Paulo.

De nombreux manifestants s'en sont pris directement à la FIFA en jetant des pierres sur deux de ses mini-bus à Salvador de Bahia (nord-est) et sur les vitres de l'hôtel où ses représentants étaient logés.

Des véhicules de la FIFA ont également été la cible de jets de pierres à Belo Horizonte (sud-est) samedi, d'après le quotidien O Globo.

Mais dans leur ensemble, 67 % des Brésiliens sont d'accord, totalement ou en partie, pour accueillir cette compétition qu'ils sont la seule nation à avoir remportée cinq fois, selon un sondage de l'institut Ibope.

«Pour le Mondial, les protestations ne prendront personne de court. L'appareil de sécurité sera énorme», a déclaré à l'AFP Marcos Guterman, auteur du livre «Le football explique le Brésil.»

Le ministre des Sports Aldo Rebelo a déclaré lundi en conférence de presse à Rio que «la spéculation selon laquelle les organisateurs (le Brésil) pourraient se voir retirer la Coupe du monde a généré l'apparition de candidatures» de pays comme les États-Unis, l'Angleterre, l'Allemagne et le Japon.

Mais le secrétaire général de la FIFA , Jerôme Valcke, a assuré juste après lors d'une conférence de presse à Rio qu'il n'avait «jamais reçu la moindre proposition officielle d'un autre pays pour organiser la Coupe du monde 2014».

«Je veux que ce soit bien clair: la finale de la Coupe des Confédérations se jouera au Maracana (dimanche) et la Coupe du monde se jouera au Brésil», a-t-il ajouté. «Il n'y a pas de plan B».

«Le défi est surmonté»

«Le pays a fait face et a surmonté le défi de proposer les infrastructures et la logistique pour que les matches puissent se disputer dans des stades répondant aux exigences» de la FIFA, a aussi affirmé le ministre, selon lequel le Brésil «proposera une Coupe du monde répondant aux attentes».

Globalement, les six stades ont bien fonctionné et l'ambiance était à la fête à l'intérieur même si de temps en temps des partisans ont bafoué les lois de la FIFA en brandissant des pancartes de soutien aux manifestants dehors.

Les journalistes ont apprécié les bonnes connexions internet et la sympathie des bénévoles.

Mais dans certains, stades les portables ne marchaient pas malgré le 4G promis dans les six villes.

Les transports à Recife, Salvador et Belo Horizonte ont été un cauchemar pour les équipes et les partisans.

Les rues de Recife sont pleines de nids-de-poule et il n'y a ni train ni métro pour arriver au stade à 30 km du centre-ville, ce qui peut prendre deux heures selon les journalistes de l'AFP.

Un autre problème a été les files d'attente interminables pour le retrait des billets et le prix élevé de l'alimentation et des boissons dans les stades.