Les Bafana Bafana sont entrés dans le stade en dansant et en chantant, transformant leur dernier match à la Coupe du monde de soccer en immense fête pour toute l'Afrique du Sud. Tout ce qu'il manquait, c'était un nombre suffisant de buts pour prolonger les festivités jusqu'au tour éliminatoire.

Pour la France, la défaite de 2-1 a complété un parcours misérable.

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Alors que les deux équipes avaient besoin d'une victoire claire pour espérer se qualifier au-delà de la phase de groupe dans la poule A, les joueurs ont été fidèles à eux-mêmes, d'un côté comme de l'autre. Les Sud-Africains ont joué avec désir et enthousiasme, et ç'a été l'implosion du côté des Français.

«Le désir de se battre était bien présent, a noté Katlego Mphela, qui a marqué l'un des deux filets de l'Afrique du Sud, mardi, face à la France. C'est un peu malheureux (d'être éliminés), mais nous avons battu la France à la Coupe du monde.»

Bongani Khumalo a marqué à la 20e minute de jeu quand il a été plus vif que le milieu français Abou Diaby pour se rendre au centre de Siphiwe Tshabalala, qu'il a poussé dans le filet avec son épaule. Mphela a doublé l'avance des siens 17 minutes plus tard, rivalisant de force avec le défenseur Gael Clichy pour atteindre un centre bas de Tsepo Masilela et propulser le ballon au-delà de la ligne de but.

Le substitut Florent Malouda a répliqué pour la France à la 70e minute.

La sélection française quitte le tournoi avec un seul point au classement, à la suite de sa nulle de 0-0 contre l'Uruguay, et un seul but marqué. Pire, elle est devenue la risée de son pays.

Les Bleus ont joué à 10 après que Yoann Gourcuff eut été expulsé pour avoir donné un coup de coude à Macbeth Sibaya à la 25e minute.

Déjà instable, l'équipe française se retrouve au centre d'un torrent de controverse depuis que le quotidien L'Équipe a révélé que l'attaquant Nicolas Anelka a proféré une série d'insultes à l'endroit du sélectionneur Raymond Domenech, jeudi dernier, durant la mi-temps du match contre le Mexique. La France a alors perdu 2-0.

La Fédération française a renvoyé Anelka chez lui, samedi, et les joueurs français ont réagi en refusant de s'entraîner dimanche.

Pas même un discours enflammé de la ministre des Sports Roselyne Bachelot, prononcé la veille du match, n'a réussi à allumer les joueurs. Bachelot a convoqué une réunion d'urgence, lundi, pour dire aux joueurs qu'ils avaient laissé tomber leur pays et avaient une dernière chance de se racheter.

«Ce sont vos enfants, nos enfants, pour qui vous ne serez peut-être plus des héros», a alors lancé Bachelot, qui a par ailleurs dit aux journalistes avoir laissé les joueurs en larmes. «Ces sont les rêves de vos partenaires, de vos amis, de vos partisans que vous avez peut-être brisé. Vous avez terni l'image de la France.»

Domenech a déclaré qu'il était «triste pour tous les partisans et tout le monde qui soutient l'équipe de France».

«C'est la dure réalité de notre situation, a-t-il ajouté. Alors je ressens un véritable sentiment de tristesse.»

De son côté, l'Afrique du Sud est devenue la première équipe-hôte d'un Mondial en 80 ans à ne pas se qualifier pour le tour éliminatoire. Ce qui n'a pas empêché l'entraîneur de l'équipe, Carlos Alberto Parreira, de se dire fier de ses joueurs.

«Je suis tellement fier des gars, de la façon dont ils ont joué dès le début, a dit Parreira. Ils ont rendu ce pays fier. Ils ont montré ont belle progression.»

Bien que certains partisans risquent d'être déçus, les Bafana Bafana ont amorcé le tournoi à titre d'équipe classée 31e parmi les 32 formations en lice et ils ont bien réagi dans les circonstances. Une nulle émotive contre le Mexique en début de tournoi a été suivie d'un revers dégonflant de 3-0 contre l'Uruguay, puis de cette victoire de mardi contre une équipe classée neuvième au monde.

C'est pourquoi Parreira a dit à ses joueurs que leur parcours était bien loin d'être une déception.

«Le sentiment que j'éprouve avant tout, c'est la fierté, a-t-il affirmé. Nous savions que ce groupe serait très difficile. Je ne peux pas dire que je suis triste, je suis heureux.»